Information et désinformation : des enjeux pour les sept siècles à venir
Information et désinformation : des enjeux pour les sept siècles à venir
Depuis le début des années 1990 nous sommes entrés dans une nouvelle ère de civilisation, symbolisée astrologiquement par la triple conjonction Saturne/Uranus/Neptune. Celle-ci se reproduit tous les 684 ans, 64° plus loin sur le zodiaque. Pour percevoir son importance il suffit de se remémorer nos cours d’histoire. Une première triple conjonction prit place entre –60 et -54 dans le signe du Cancer. C’est en –60, au moment exact de la rencontre d’Uranus avec Neptune, que César, Pompée et Crassus s’associaient pour former le premier triumvira. La République Romaine touche à sa fin et sera bientôt remplacée par l’Empire Romain qui a façonné le monde pendant mille ans. Le rassemblement suivant des trois planètes se forma entre 622 et 626 dans le signe de la Vierge, en synchronicité exacte avec la naissance de l’Islam. En un peu plus de trente années, les conquêtes musulmanes furent fulgurantes, elles conditionnent encore aujourd’hui la géopolitique du monde. Il faut ensuite citer la triple conjonction de 1306 dans le signe du scorpion qui accompagna la formation de l’Empire Ottoman (1299) et vit l’épanouissement de la culture islamique.
Peut-on comparer les événements qui prirent place dans des années 1988-1993 aux grandes transformations géopolitiques qui s’enracinèrent, timidement mais puissamment, en –60 (César), puis en 622 (l’Hégire) et, dans une moindre mesure, en 1306 (l’Empire Ottoman) ? Il est certes trop tôt pour l’affirmer, mais il serait prudent d’envisager la période 1988-1993 comme ayant posé les semences d’un monde totalement nouveau dans lequel vivront de nombreuses générations d’êtres humains pendant les sept prochains siècles[1]. Dans les années 88-93 une nouvelle technologie permit le développement fulgurant d’Internet et de ce qu’il est convenu d’appeler « la société de création et de communication ». Nous aurions tort de sous-estimer l’importance de cela. Pour citer la célèbre formule de Marshall McLuhan rappelons que « le message, c’est le médium ». La pensée ne suit pas les mêmes chemins et n’aboutit pas aux mêmes regards sur le monde si elle se transmet par la vivance de l’oral des griots, la linéarité cartésienne du journal imprimé et du livre ou le foisonnement multidirectionnel que permet l’hyperlien Internet. Les cerveaux des nouvelles générations sont et seront formatés en réseaux. La pagination internet est relativement plus proche du papyrus égyptien qui se déroule à l’infini que de la forme séquencée et découpée (analytique par conséquent) des pages d’un livre moderneSi, au premier siècle, il était dangereux de trahir et de contester l’idée impériale ; si au septième siècle, il était dangereux de trahir et de contester la Charia, comme du reste plus tard lors du développement de l’Empire Ottoman ; il est dangereux aujourd’hui de trahir et de contester « l’information » qui est devenu un enjeu politique, social et de civilisation pour les siècles à venir. En acceptant le mensonge nous entrerions dans un monde faustien où l’information devient du pouvoir[2]. Il s’agirait alors d’une dramatique inversion de l’esprit des Lumières qui considérait que le savoir devait libérer l’homme du travail et de la servitude.
Aujourd’hui l’information, ou plutôt la désinformation, tend à manipuler les opinions publiques occidentales car, dans le jeu démocratique, celles-ci continuent à peser lourd pour prendre des décisions qui ne relèvent pas de l’humanisme des Lumières mais d’une volonté toute faustienne de pillage. Les « preuves irréfutables » d’armes de destruction massives détenues par le régime de Saddham Hussein en sont le dernier exemple d’une longue liste[3].
Évidemment, cela ne serait que péripétie dans le grand chaos de l’Histoire si nous n’étions pas au cœur d’une période historique majeure qui revient tous les sept siècles. De notre manière collective de l’initier dépendra l’orientation des centaines d’années futures. Chacune de ces périodes extraordinairement importante propose un nouveau paradigme de civilisation qui se déploie à une vitesse fulgurante : Rome, le premier Empire que le monde ait connu, au premier siècle, réussit à unifier autour de la Méditerranée des peuples et des croyances d’une grande diversité ; puis vint l’Islam qui unifia tout le Moyen-Orient sous l’égide d’une foi partagée alors que les Romains et les Perses s’étaient épuisés en des guerres interminables. Aujourd’hui un nouveau paradigme demande à être intégré dans la conscience humaine : il n’est plus géographique (Rome) ni religieux (Islam) mais de l’ordre du savoir. L’Histoire décrit curieusement un processus d’intégration progressif des plans physiques (Rome), émotionnels (Islam) et mental (Internet) dans une humanité qui devient de plus en plus consciente d’elle-même en tant qu’unité de fonctionnement.
Chacun de ces moments-semence s’est développé dans la tourmente de ses échecs et l’euphorie de ses réussites. L’échec, quel qu’en soit la forme, est toujours en rapport avec l’usage immodéré du pouvoir : militarisation de la société sous Dioclétien qui précéda la chute de l’Empire Romain d’Occident ; radicalisation de l’islam, à l’origine égalitariste, qui devint intolérante sous les Abassides. En d’autres termes, pour utiliser un langage astrologique, la nouvelle vague de civilisation relative aux conjonctions Saturne/Uranus/Neptune est « récupérée » par la troisième planète transsaturnienne qui s’exprime sous son aspect ombre : Pluton[4].
C’est pourquoi nos générations ont aujourd’hui une responsabilité unique pour la mise en route de ce nouveau paradigme qui tente de créer dans la communauté humaine un esprit et des moyens de communication libres, lumineux, riches, contradictoires, légers et profonds tout à la fois. La communauté scientifique à remarquablement réussit cela, elle pourrait à ce titre servir de modèle.
C’est aussi pourquoi les années 2012/2016 sont essentielles car « Pluton », qui forme un carré croissant avec « Uranus », cherche à imposer sa mentalité faustienne – manipulatrice – à l’esprit de liberté[5]. En réalité ce phénomène est en route depuis 2001 et la chute du W.T.C. (opposition Saturne/Pluton).
Que s’est-il passé ? Au nom d’une secrète volonté de pillage (cycle Uranus/Pluton) menée par l’Occident contre le Moyen-Orient nous avons éliminé trois dictateurs (certes !) laiques (S. Hussein, Khadafi et peut-être Bachar Al-Assad) qui n’imposaient pas la Charia dans la constitution de leur pays, respectaient relativement le droit des femmes et les autres religions, pour les remplacer par des extrémismes intolérants soutenus par les deux monarchies du Golfe Persique les plus rétrogrades politiquement et socialement : l’Arabie Saoudite et le très ambivalent Quatar. Tout se passe comme si les Etats-Unis souhaitent un Moyen-Orient empli de Califats à dominante tribale, à mille lieux de l’esprit des Lumières, plus faciles à manipuler que des États dignes de ce nom, fussent-ils non démocratiques.
Or le secret de cette « réussite » n’est pas la violence du pouvoir, mais la manipulation et le contrôle de l’information. Grâce à ce tour de force l’Occident, défenseur et instaurateur de la démocratie, né des Lumières, sensible à l’égalité des droits entre hommes et femmes, à réussit à faire croire à ses opinions publiques qu’il était légitime de se ranger du côté de monarchies intolérantes, socialement rétrogrades, inégalitaires et autoritaires !
Pour mémoire et à titre de comparaison historique le premier carré Uranus/Pluton qui suivit la triple conjonction des années -60 se forma en -42/-43 au moment de l’assassinat de César (-44) ; celui qui suivit l’Hégire, en 631, vit le grand schisme de l’Islam, conséquence de l’assassinat d’Ali. Le conflit entre les confessions Chîîtes et Sunnites dont on observe aujourd’hui – lors d’un nouveau carré Uranus/Pluton – une nouvelle explosion de haine n’est qu’une répétition de cet assassinat fondateur. Chaque carré Uranus/Pluton qui a suivit la triple conjonction Saturne/Uranus/Neptune fut l’occasion « d’assassiner » la genèse d’un nouveau paradigme de civilisation promettant l’unité et d’engendrer des divisions.
Aujourd’hui il ne s’agit plus de défendre une unité humaine fondée sur le territoire (Rome) ou sur la foi (Islam) mais la confiance dans une humanité capable de penser ensemble, dans la reconnaissance et l’intégration paradoxale de ses différences culturelles, religieuses et psychologiques. Et d’éviter à tout prix une nouvelle division entre Occident et Moyen-Orient. Les cycles Uranus/Pluton sont tellement riches de ce jeu de pillage au nom de « valeurs supérieures » ! Citons simplement quelques dates. La première Croisade fut lancée en 1095 lors d’une conjonction entre ces deux planète ; les armées occidentales prennent Jérusalem lors de la conjonction de 1202/1204 puis finalement, pour rester dans le symbolisme, Constantinople, la « Nouvelle Rome », fondée en 334-330 au moment d’une conjonction entre Uranus et Pluton, est conquise par les forces ottomanes en 1453 avec, encore une fois, une conjonction entre ces deux planètes.
Pour faire bref, les relations Uranus/Pluton signent, entre autres choses, les moments d’ingérence militaire de l’Occident en Orient, avec souvent des conséquences dramatiques.
En ce qui concerne le cycle actuel il naquit avec la conjonction Uranus/Pluton de 1965. On sait à quel point les années 62/68 furent riches en bouleversements dans le monde. C’est aussi, en 1966, que le parti Baas prit le pouvoir en Syrie et en Irak, à quelques mois d’intervalle.
Accepterons-nous de voir les promesses du nouveau monde en gestation broyées par les réflexes faustiens et barbares du pillage - qui, comme on le voit, ne date pas d’hier - fussent-ils bardés de hautes technologies ou munis de simple coutelas - ou défendrons-nous l’intégrité du nouveau paradigme de civilisation proposé par l’Histoire et matérialisé aujourd’hui par les technologies de l’information comme Internet et les réseaux sociaux ? Accepterons-nous que l’intelligence (Uranus) allié au pouvoir (Pluton) manipulent et polluent l’émergence du modèle de civilisation qui commença dans les années 1990 ?
Saurons-nous élaborer et conserver un espace de libre-pensée et d’échanges, une sorte de cerveau planétaire formé des myriades de pensées individuelles en « compétition collaborante », sur le modèle de la communauté scientifique dont le succès est indéniable ?
Rome à su réunir les communautés humaines par l’idée d’un territoire partagé, l’Islam des origines par une générosité partagée, aujourd’hui l’heure est venue d’une intelligence partagée.
Dans ce processus, la responsabilité des médias et plus généralement la vigilance de chacun à questionner la pertinence des informations est immense. La « pensée planétaire » qui va se forger au cours des sept prochains siècles ne devrait pas se laisser envahir par l’esprit faustien de la manipulation, du secret et du désir de toute puissance[6]. Rome et Dioclétien n’ont pas échappé à ce piège, les Abassides non plus. Saurons-nous aborder l’avenir avec plus de clarté ?
[1] Ces idées sont développées dans notre ouvrage intitulé Vers un modèle astrologique de l’histoire (Janus).
[2] Nous nous sommes fait écho de cela dans un précédent article Snowden, un symbole révélateur
[3] L’article suivant répertorie de manière précise les manipulations médiatiques qui ont fait verser des larmes aux opinions publiques occidentales et ainsi aidé à déverrouiller le dernier rempart à la violence barbare d’une technologie militaire sophistiquée : http://www.voltairenet.org/article180153.html
[4] Les valeurs « lumière » et « ombre » de Pluton, ainsi que son expression dans certains événements historiques sont explorées dans « Les sept jours de la création d’Israel » (Janus).
[5] Nous n’avons pas l’espace de le développer ici, mais les cycles Uranus/Pluton retracent très exactement les pillages et les atrocités perpétrés par les Mongols de Gengis Khan, les hordes de Tamerlan et d’Attila. Et également l’histoire des Croisades, ce qui n’est pas sans intérêt par rapport aux conflits qui opposent aujourd’hui Occident et Moyen-Orient.
[6] La face lumineuse de Pluton consisterait à envisager une mutation ontologique de l’homme, consciemment et volontairement choisie. Voir Les sept jours de la création d’Israel et Crise actuelle et mutation ontologique.
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