La Lune Noire en astrologie

 La Lune noire en astrologie

Nous avons, jusqu’à présent, exploré le contenu de cette « Lune Noire » sur la base d’une analyse symbolique de sa définition astronomique et du matériel mythologique, pour l’essentiel grec et judéo-chrétien, conservé dans la mémoire collective.

Ces réflexions suggèrent plusieurs pistes pour comprendre le sens astrologique des points remarquables du système Terre-Lune. En voici un résumé :

-       La Lune Noire, dans un thème, doit être déployée en croix afin de tenir compte de la présence du petit axe de l’ellipse formée par la révolution de la Lune autour de la Terre.

-       La Lune Noire moyenne, la Licorne, est un lieu d’absolu où gît le mythe fondateur de l’être, son désir essentiel, le don divin qu’il porte en son cœur et en sa claire conscience  de détenir la Vérité.  Mais ce mythe si essentiel  il a tendance à le croire unique au risque d’une extrême intransigeance. Il veut l’imposer à tous en croyant « faire le bien ». Derrière cette attitude intransigeante se cache un refus d’incarnation, c’est là toute l’ambiguïté de la couleur blanche : refus de se salir les mains en les plongeant dans le pétrin, ou pure réflexion de la Lumière  Incréée ?  Enfin la Licorne possède une forte composante sexuelle, mais un sexe situé dans la tête, une vitalité créatrice qui ne peut lui faire aimer que ce qui est de l’ordre de la révélation.

-       La Lune Noire corrigée est un lieu où les énergies émotionnelles et vitales non assimilées par l’ego se sont condensées sous la forme de peurs, d’angoisses, de désirs de mort, de pertes de conscience et de confusions. Pour retourner à la Licorne il faut traverser Lilith, nettoyer ces mirages  émotionnels  qui encombrent l’accès au don de Grâce que chacun porte en lui. Si la Licorne maintient  les images du paradis originel, Lilith incarne celles de la chute en raison de l’orgueil fondamental de l’être qui, à un moment de son histoire, s’est pris pour Dieu.

-       La Lune Noire vraie indique la meilleure manière de revenir vers cet absolu sans sombrer dans l’océan des illusions généré par Lilith. Cultiver les qualités du signe, de la maison et du symbole sabian de cette Lune Noire nous protège de celles-ci.

-       Priape, le point opposé à Lilith, est un point de compensation où l’ego conscient, la personnalité « normale », bien vue par son entourage, chérie par les siens, va se construire. Pourquoi « compensation » ? parce que Priape est la « meilleure » attitude que l’être à trouvé pour échapper à Lilith, à ses peurs et ses angoissent les plus profondes. Dans ce contexte la personnalité se construit contre la peur, grâce à la peur.

-       Hécate, toujours exactement conjointe à la Licorne dans le thème de naissance, propose toujours un choix fondamental. « Fondamental » signifie ici plus que « de vie ou de mort » - c’est le domaine de Pluton qui, au contraire, impose et ne laisse guère choisir ! - mais se réfère à la dialectique existence / inexistence. En faisant ce choix, dont la nature est donné par la maison de la Licorne, l’être décide d’aller ou non vers la lumière de l’hyperconscience qui l’habite… en sachant que celle-ci peut le brûler ou le régénérer pour de longues années. Tous les 10 ans en moyenne – le temps d’un retour de la Licorne sur elle-même dans le thème de la naissance – ce type de décision essentielle se pose.

La sexualité de la Licorne est toute cérébrale, elle ne peut s’affirmer que dans l’admiration de la clarté d’esprit de ses compagnons. A travers l’expérience sexuelle elle cherche à contacter la pure lumière de la volonté divine, l’éclair qui illumine la nuit de son incarnation en lui promettant de revenir, ne serait-ce qu’un instant, à l’expérience intime de l’information  signifiante dénuée de toute lourdeur qui est à son origine, à l’étoile chère au poète qui brille dans la « claire lumière  des azurs limpides ».

La sexualité de Lilith est ivresse des sens ; profondeur, voire lourdeur, du ressenti, jusqu’à la perte de conscience et l’annihilation de soi dans un retour vers la chaude indifférenciation de la matrice primordiale.  Elle s’oppose bien entendu à la claire et fière conscience  de sa différence qu’affirme la Licorne.

La sexualité de Priape est parodie de création, elle multiplie les formes biologiques, culturelles et intellectuelles sans même concevoir une seule seconde qu’en leur sein un Sens cherche son chemin. Ce Sens qui fascine  la Licorne  et que Lilithn a détourné, trahi, pour son plus grand drame. Et par nécessité évolutive.

Seules les Lunes Noires sont des vortex d’inergies actifs. Les autres points - Priape, Affirmation et Soumission, puis, nous en reparlerons ultérieurement, Phœbus, Purification et Elévation - sont là pour endiguer, transformer et finalement  rendre visible à la conscience le mystère sacré qui gît au cœur du couple Licorne-Lilith. La croix n’a d’autre but que de dévoiler les stratégies adoptées par l’être essentiel  pour échapper puis revenir pas à pas vers le sens de son existence, vers son seul désir : l’étoile qui brille au centre de son âme, la mission  à lui imposée par la « volonté de Dieu ». D’abord imbu de la présence Divine (Licorne), puis athée et n’ayant d’autre dieu que sa réussite matérielle et sociale (Priape) il va revenir, plus modestement, certes, vers l’affirmation et l’accomplissement du sens de sa destinée (la Licorne, à nouveau).

La Lune Noire corrigée (Lilith) est une construction énergétique consécutive au refus de la Licorne de s’incarner et de renoncer à son orgueil ontologique. C’est un pur mirage composé des souvenirs non encore digérés de la chute. A l'origine du processus évolutif il n'y a que l'être essentiel : la Licorne. C’est par intransigeance et orgueil spirituel qu’elle construit Lilith. Bien malgré elle il est vrai ! Ici, le proverbe qui affirme que « celui qui veut faire l’ange fait la bête » est à prendre littéralement ! L’ambiguïté de la Licorne mythologique, à la fois douce et terrible, n’est pas une vaine image.

La différence entre Lilith et la Licorne c'est que, avec la Licorne, il n'y a rien de fusionnel. Du point de vue de la Licorne le paradis est d'ordre mental, elle aspire à la fusion avec toute l'information de l'univers, au paradis de la connaissance et du savoir pur. Mais le mental est séparatif, intransigeant, et n'accepte pas l'erreur. Les yeux renvoient à la vision : voir c'est comprendre. La lumière, c’est aussi la Connaissance.

Dans un thème il est essentiel de distinguer Lilith de la Licorne, surtout quand ces deux points ne se trouvent pas dans le même signe. Le signe de la Licorne indique quel est le mythe fondateur de la personne. Le signe de Lilith représente la nature de ses angoisses et de ses peurs les plus profondes, les plus inconscientes aussi. La psychanalyse dira de Lilith qu’il s’agit du noyau psychotique de l’être, là où, s’il y accède trop tôt, il risque d’être « démembré », déstructuré, de perdre toute confiance en lui et en ses capacités.

L’utilisation des sous-phases et des symboles sabians différencie la note de l’absolu de celle du lieu de souffrance, notamment lorsque les Lunes Noires sont dans le même signe, ce qui est assez fréquent. Mais il est sommes toute logique que le lieu de chute soit en résonance avec la nature des excès, des refus et des intransigeances.

Si les deux Lunes Noires sont sur le même degré l’accès aux zones de souffrance est plus difficile, ce qui est à la fois un avantage et un inconvénient ! Si elles se trouvent dans deux signes différents, ou proches de leur maximum de distance (12° d’orbe) alors il est plus facile de rencontrer l’ombre et la peur de l’inexistence… ce qui est aussi à la fois un avantage et un inconvénient !

De même, lors d’un transit par une planète, il est important d’observer précisément  laquelle des Lunes Noires est touchée puisqu’elles prennent des sens totalement différents. Joëlle de Gravelaine avait bien senti cette distinction sans cependant les attribuer aux différentes positions astronomiques. Tantôt, dans son ouvrage Le Retour de Lilith,  elle détaille les valeurs d’intransigeance et d’exigence de la Licorne, tantôt ce sont ses valeurs de confusion émotionnelle, de dépression, de vortex d’énergies négatives, de perte de conscience conjugué avec une d’exacerbation des instincts et du désir, de ce quelque chose d’orgiaque qui appartient à Lilith. Or, dans la pratique, elles sont conjointes mais distinctes.

En termes métaphysiques, la Licorne garde le souvenir du paradis originel. Psychologiquement, c'est l'absolu, la connaissance infuse.

En termes métaphysiques, Lilith est le lieu de la chute hors du paradis originel. Psychologiquement, ce sont les peurs et les angoisses.

Sentez bien cette zone d'intransigeance, de lumière froide et de silence aristocratique, une zone où se côtoient en même temps à la peur de l'inexistence et à un désir d'absolue existence.

L’ennui, c’est que la Licorne veut tout, et tout de suite ! Elle est tellement fascinée par son absolu qu’elle voudrait déjà l’avoir atteint. Selon elle son état normal est juste la perfection. Une impatience qui se conjugue avec un refus de passer par des étapes, de dégrossir le diamant de sa gangue. Elle dira « je veux tout, tout de suite, parce que c’est une évidence, j’en ai la connaissance infuse, la certitude intérieure » tout en se sentant « lie-corps-ne », en refusant les imperfections de l’expérience. Un autre adage du moyen Age affirmait que la Licorne se laissait  mourir de soif au bord de la fontaine car l’eau n’était jamais assez pure. Tout se passe comme si elle vivait en dehors de l’espace et du temps. Elle sait pertinemment ce qui est juste mais ne va surtout pas se donner la peine de le matérialiser, ce serait risquer de dénaturer la pureté de son rêve d’absolu. Le désir de la Licorne est claire conscience. Son refus d’expérimenter est refus de la banalité, de l’imperfection et de la souillure. Elle est soif d'absolu et de pureté. Ici un compromis est une compromission. Jamais l’eau de la fontaine ne sera assez pure. Par fidélité à son idéal elle préférera se laisser mourir de soif plutôt que de prendre le risque d’une eau souillée, même un peu. La Licorne ne supporte pas les à-peu-près, les adaptations, les limitations d’elle-même et de ses compagnons. L’exigence domine ! Jamais elle ne pardonne ni ne remercie car il est normal d’être parfait. Et toute la difficulté sur le chemin de l'évolution sera de transformer cet absolu froid et distant en conscience mystique ouverte au monde et à l'univers. C'est l'incarnation (le Coagula) qui permettra de développer la conscience objective (l’initiation du Nadir) puis la conscience mystique.

La Licorne symbolise le commencement de la grande aventure de l'âme qui a choisi l'incarnation. Si elle devient négatifve elle confronte à la déstructuration de l'image corporelle. La Lune construit l’image du corps de chair et la Licorne le refuse.

La maison de la Licorne sera dans un premier temps une maison refusée ou, plus exactement, inaccessible en raison même de l’exigence qui l’habite. Dans ce champ d’expérience il est « normal » d’être parfait. Une telle exigence vis-à-vis de soi-même et/ou des autres se révèle tellement invivable que, bien souvent, la personnalité va se « réfugier » sur Priape, c’est-à-dire dans le signe et la maison opposés à ceux de la Licorne. Là, elle sera reconnue, valorisée, efficace, construira son ego, acquérra confiance en elle… mais conservera toujours dans le secret de son cœur la nostalgie de ce « seul désir » dont Dame Licorne détient le secret.

On ne peut pas discuter avec une Licorne encore au début du processus évolutif parce qu'elle sait quelle est la vérité. Et elle a raison, sauf qu’elle considère que sa vérité est La Vérité. Elle ne réalise pas qu'il y a 360 degrés zodiacaux, pense qu'il n'y a que le sien, est imperméable à toute conscience objective, c'est-à-dire à toute irruption du monde extérieur, à tout ce qui est autre que sa mythologie personnelle dans la compréhension de sa propre vie. C'est l'orgueil essentiel, celui généré par la conscience d’être une essence.

Prenons un exemple : Licorne en Maison V. C’est la maison de la créativité, de l’éducation des enfants, de l’expression affective, des plaisirs de la vie, ce sont les expériences par lesquelles le personne « prend son pied ». Avec la Licorne en maison V, l’être aura la connaissance infuse de ce qu’il faut faire pour élever les enfants, créer une œuvre, danser, dessiner, vivre une relation amoureuse avec un grand « A »… mais en reste souvent là car produire quelque chose d’imparfait serait à ses yeux une trahison. C’est pour cela que la croix existe : pour l’aider à façonner l’abat-jour filtrant la lumière de son étoile. Mais pour la Licorne c’est là  un difficile chemin de Croix. Evidemment, sur le plan événementiel,  de nombreuses personnes avec une licorne en V ont des enfants : l’interdit n’est pas toujours situé à ce niveau  là ! Mais toutes ont cette même exigence dans l’éducation, toutes acceptent difficilement les conseils des autres car elles « savent » exactement ce qu’il faut  faire, aucune ne supporte les à-peu-près et toutes en souffrent. Leur créativité  est tellement emprunte d’exigence  qu’elles préfèrent ne rien faire plutôt que de créer une œuvre imparfaite. Ce sera tout ou rien… et, le plus souvent, rien.

La maison de la Licorne est le champ d’expérience où nous avons une connaissance infuse,  nous savons ce qu’il faut faire, ce qui est juste. Et en plus nous avons raison : c’est bien là le problème ! La grosse difficulté est que, bien que sachant ce qui est juste, la vie va nous interdire de le mettre en application, et nous allons devoir poser un véritable acte d’humilité :  reconnaître qu’il est impossible de faire comme ça même si nous savons que c’est cela qui est juste. L’impossibilité de vivre dans la pure conscience de la vérité perçue n’est pas due à une illusion d’optique, mais à l’orgueil. Un orgueil ontologique qui ne tient pas compte des limitations et des faiblesses, les siennes et celles des autres. Un orgueil qui voit d’emblée à travers l’autre ce qu’il pourrait être s’il était parfait en passant allègrement par dessus sa nature « humaine », trop humaine. La  Licorne à voulu imposer un absolu, juste en soi, mais non adapté à la réalité. Dans un premier temps, otage de son idéal, elle ne réalise jamais que l’autre existe, elle n’a pas le sens de l’altérité .Son exigence est faite de lumière, non d’amour.

Elle a besoin de découvrir l’amour, le sens de l’Autre dans toute sa différence et sa spécificité à jamais inaccessible. Elle devrait reconnaître qu’elle ne peut pas tout connaître, que la corne du pourvoir ne peut à elle seule percer tous les secrets de ce monde.

Une Licorne en VII sauratrès bien quel mode de relation absolue elle veut établir avec l’autre mais, en général, elle n’en établit pas parce quelle exige que ce soit tellement parfait  - tellement sacré en réalité - qu’elle n’en a pas ou, si elle en a une, elle risque de projeter sur son compagnon cette exigence de pureté, de considérer comme normal qu’il soit parfait, de demander qu’il la comprenne silencieusement en une même communion au sein « des azurs limpides ». La Licorne en VII sait ce que devrait être une relation, mais elle ne réalise pas vraiment qui est l’autre. Elle porte en son cœur le sens d’une relation spirituelle et sacrée –  dans le couple, mais aussi dans toute relation de personne à personne. Cependant, cette mission l’habite tellement qu’elle éprouve de la difficulté à accepter chez autrui tout ce qui brouille sa vision, ne serait-ce qu’un peu. Alors, fidèle à son exigence, elle risque de se retrouver seule. Lilith en VII, par contre, révèlera une peur viscérale du rejet, des mémoires obscures d’avoir été «chosifié » dans le relation et la peur de se laisser manipuler, d’être trahi et trompé. Lilith en XII rappelle des mémoires d’enfermement physique ou psychique (selon son signe), le peur de ne pas avoir d’espace, mais aussi celle profonde, viscérale, inconsciente de se laisser manipuler par des groupes à orientation ésotérique qui utilisent des rituel ou des cérémonies « magiques ».

La maison de Licorne sera dans un premier temps vécue en termes de refus, d'absolu et d'intransigeance. La demi-mesure sera considérée comme une trahison. En maison V, la personne pourra faire le sacrifice de son potentiel créateur en se voyant incapable de produire un « Picasso » dès le premier coup de pinceau. Au début du chemin évolutif la maison de la Licorne est refusée pour deux raisons :

-       Le désir de perfection inhibe l’action, l’idéal reste au ciel.

-       Le plus souvent Lilith côtoie le Licorne dans le thème de naissance. L’absolu est entouré de mauvaises fées qui susurrent  « si tu fais cela, tu vas mourir, tu risques de retomber dans l’insupportable expérience de l’inexistence ».

Le but du jeu consiste prendre conscience de ces peurs puis de mettre la croix en mouvement afin de ne pas rester coincé dans la maison et le signe des Lunes Noire. De se souvenir aussi sans cesse que la Licorne est une grâce.  Souvenons-nous de la relation Licorne/MC, étoile intérieure/étoile extérieure. L’idée générale étant de parvenir à exprimer la vérité que porte cette Licorne avec l’orgueil  en moins et l’Amour en plus. Une des clés pour travailler la Licorne est l’ouverture du cœur à l’aide des valeurs représentées par Neptune dans le thème.

Une fois encore, il faut traverser Lilith pour retourner à la Licorne. « Traverser Lilith », c’est réaliser intérieurement qu’il s’agit d’une construction émotionnelle qui, si elle n’est pas doucement conscientisée, nous conduit régulièrement à nous mettre dans des situations répétitives de fuite, des conduites d’échec, qui nous spolient de ce qui, pour nous, est essentiel : le « seul désir » de la Licorne. « Traverser » ne veut pas dire passer son temps à faire de la psychothérapie[2], cela signifie voir que ce sont ces peurs, les voir afin de ne plus se laisser manipuler par elles. Mais il ne s’agit pas de passer son temps à travailler dessus, il vaut mieux développer les qualités d’Uranus dans le thème natal. Uranus est la clé qui permet de « voir » Lilith et Lilith est la clé qui ouvre la porte de la Licorne. Lilith, c’est le « gardien du seuil », le dragon mythologique qui garde l’accès au potentiel de lumière.

Le signe de la Licorne révèle la nature du mythe personnel, le type d'absolu qui alimente la vie intérieure. Le signe de Lilith dévoile la nature des peurs et des angoisses qui submergent l'être, tout ce qui le confronte à un sentiment d'inexistence.

 


[1] Les autres éphémérides donnent en général les positions moyuennes (Licorne) et corrigées (Lilith), alors que les logiciels calculent la position de Lilith, mais il est prudent de vérifier.

[2] De nombreuses psychothérapies contemporaines (pas toutes, heureusement !) traitent du plan de la personnalité et cherchent à adapter celle-ci aux comportements sociaux en vigueur. Or le « travail » sur la Lune Noire touche la plan essentiel, métaphysique, de l’être. Une dimension que la psychologie contemporaine ignore, voire considère comme pathologique.

Pour aller plus loinLa Lune noire, un vertige d’absolu

 

 

 

Science et astrologie : pourquoi l’astrologie n’est pas une science

Science et astrologie : deux approches complémentaires du réel  ? 

De nombreuses personnes sont parfois surprises voire même intellectuellement choquées, par l'emploi de concepts astrologiques pour décoder la psychologie individuelle, voire des processus historiques. Ces concepts semblent hérités d'un temps où la science n'avait pas encore balayé les errances de la pensée magique. Mais, d’un autre côté, fallait-il balayer l'étude de la médecine parce que les savants du Moyen-Age s'accrochaient becs et ongles aux antiques saignées ?

Débarrassée de ses oripeaux "magiques", que reste-t-il aujourd'hui de ce système de pensée ? Il reste une "astro-logique", c'est-à-dire un langage symbolique avec ses mots et sa grammaire, l'ensemble présentant une étonnante cohérence interne. Ces mots et cette grammaire ne désignent pas des objets, comme le feraient la physique ou les mathématiques, mais ils expriment du sens. On pourrait définir l'astrologie comme une science des concepts, comme un algorithme abstrait qui guide la compréhension et la réflexion du penseur s'appliquant à décoder des significations. Loin de représenter une science du passé nous pensons, pour l'avoir expérimenté, que l'astrologie pourrait devenir dans les années futures un outil d'une importance majeure pour décrire et comprendre les facteurs subjectifs à l'œuvre dans l'édification des formes objectives. Le langage physico-mathématique décrit les lois qui président à la formation des corps physiques, le langage astro-logique rend compte des processus signifiants qui animent ces formes. Pourtant science et astrologie ne seraient-elles pas complémentaires ?

A la lecture de ces lignes l'homme de science ne pourra s'empêcher de remarquer que l'astrologie est une discipline irrationnelle qui n'a, de surcroît, jamais fait la preuve de son efficacité. Sur le premier point nous ne pouvons qu'être d'accord : l'astrologie n'est pas une science rationnelle. Empressons-nous d'ajouter que la science n'a pas le monopole du savoir, et qu'irrationnel ne signifie pas "non-rationnel"[1] mais simplement "en dehors de la rationalité". Nous pensons qu'il existe une autre logique, une logique symbolique et analogique, qui reste d'ailleurs à construire de manière rigoureuse.

Qu'est-ce qui différencie, en un mot, ces deux modes de pensée ?

La logique cartésienne traite des mécanismes et elle évacue le sens, le facteur subjectif, comme un artefact indésirable; la logique des symboles s'occupe, justement, de ce "sous-produit" laissé pour compte par les scientifiques. La première est une science des formes, la seconde est une science du sens. Qu'il s'agisse de notre histoire ou de l'Histoire, l'une étant d'ailleurs profondément tissée avec l'autre, ces deux facteurs respectivement quantitatif et qualitatif s'avèrent indissociables.

La question de la preuve de l'efficacité du mode de pensée astrologique est en réalité extrêmement controversée. Peut-être est-ce dû en partie aux conflits idéologiques plus ou moins conscients, mais toujours virulents,  qui sous-tendent les débats sur cette question, et pour une autre part au fait que l'astrologie soit à la fois un modèle théorique, un langage, et une technique d'investigation du monde du sens. A ce jour les travaux les plus sérieux qui apportent des éléments de réponses en faveur de l'astrologie sont dus au statisticien Michel Gauquelin (1) et à Suzel Fuseau-Braesch, directeur de recherche au CNRS (2).

L’astrologie n’est pas et ne peut pas être une science. Non pas parce qu’elle serait une vieille superstition héritée de l’obscurantisme du Moyen-Age (défendu à l’époque par les docteurs de la Sorbonne !), mais parce que son champ d’investigation échappe à la méthode scientifiques.

Est scientifique ce qui est mesurable, quantifiable et répétable. Or l’univers de la signification, de la psychologie au sens large par conséquent, n’est pas pondéral. Quel est le poids d’un désir ou d’une émotion ? Le monde du sens est également difficilement mesurable sans réductionnisme outrancier (que penser du fait de réduire un sentiment d’amour à une augmentation de sécrétion hormonale ? Du reste, qui cause quoi ? ). Enfin chaque situation astrologique est unique (les combinaisons des positions planétaires tendent vers l’infini) exactement comme chaque personne est unique. Or que la science ne sait traiter qu’avec des grands nombres (reproductibilité), les évènements rares, et a fortiori uniques, échappent à sa méthode d’investigation.

Si l’astrologie n’est pas une science elle n’en est pas moins un outil de connaissance. Nous ne pouvons évidemment, pour les raisons précitées, le démontrer scientifiquement, même si une approche statistique reste possible. A ce jour le seul élément qui me permette une telle affirmation est le fait de m’être penché sans a priori sur le système astrologique. Je sais aussi que d’autres chercheurs, scientifiques ou non, l’on fait avec la même curiosité impartiale, mais la pression de la pensée dominante est tellement prégnante que beaucoup préfèrent continuer à travailler dans la solitude. Ajoutons que la situation est complexe :  un certain nombre d’astrologues cherchent le bâton pour se faire battre en affirmant un déterminisme astrologique qui est insoutenable ou encore en acceptant de rédiger des « horoscopes » pour les médias. Rappelons que « horoscopes » signifie « regarder l’heure ». Toute « prévision » pour la semaine ou le mois est une triple hérésie : étymologique, philosophique et astrologique.

Signalons enfin que, si on accepte l'hypothèse de la cohérence et de la pertinence de l'astrologie, personne ne sait à ce jour comment ça marche. N'eut-il pas été stupide de se priver des propriétés antalgiques de l'aspirine simplement parce que, même aujourd'hui, personne ne connaît vraiment son mode d'action ?…

Vidéo de présentation de l'astrologie


[1] Il serait trop long, dans un simple article, de développer pleinement ces idées. Nous renvoyons le lecteur intéressé à un précédent ouvrage l'Homme-Réunifié (éditions de Janus).