À quoi servent nos cinq sens ?

À quoi servent nos cinq sens ? (extrait du Parchemin magnifique vol. 5 : les cinq sens)

Dans un premier temps, les cinq sens préparent et servent la sexualité du petit bassin. Le baiser sur la bouche dit le désir des petites lèvres et du pénis métaphorisé par la langue ; l’odeur de la peau confirme plus sûrement que n’importe quelle déclaration enflammée la compatibilité amoureuse ; le timbre de la voix est un puissant outil de séduction et se regarder les yeux dans les yeux ouvre la relation amoureuse vers l’indicible. Dans un deuxième temps, les cinq sens servent le ventre avec ses besoins de sécurité et de reconnaissance. Écouter, voir, parler, toucher et renifler préviennent des dangers. Chaque sens sert l’instinct de survie et les besoins de protection fondamentaux de tout être vivant : l’oreille se met aux aguets, la parole s’enroule comme une seconde peau qui protège le sujet d’un contact direct avec l’autre, parfois jusqu’à l’enfumer ; les yeux scrutent les changements et déjouent les mauvaises surprises ; le contact avec des mains amies rassure tout en maintenant une distance. C’est seulement dans la psychologie du ventre que s’applique pleinement la « logique du miroir » devenue si à la mode dans notre société de consommation : parler pour être vu, écouter pour être aimé, toucher pour se sentir exister, regarder pour se reconnaître dans l’œil de l’autre. Plus tard, lorsque la conscience-énergie se posera dans l’espace cardio-pulmonaire, ces facultés se retourneront vers l’intérieur. Elles se métamorphoseront en intuitions et en sentiment d’unité avec le non-moi. Car nos sens ont aussi des contreparties immatérielles, si peu développées dans l’humanité moderne ! Le sujet avec un cœur ouvert et un cerveau au repos « touche » la présence de son/sa bien-aimé(e) quelle que soit la distance qui les sépare ; de nombreux saints furent gratifiés du charisme d’osmogénésie : ils marquaient leurs présences par des parfums qui émanaient naturellement de leur corps. Padre Pio est un bon exemple de ce phénomène olfactif. Côté audition, Beethoven « entendait » les sons de ses futures symphonies avant de les offrir au papier et, pour la vue, Swedenborg « vit » à plusieurs centaines de kilomètres de distance le grand incendie de Stockholm du 17 juillet 1759, au moment précis où la ville s’embrasait[1]. Les sens de celui qui s’identifie progressivement au Soi ne sont plus limités par l’espace ordinaire. Car la poitrine, ce repaire du divin en l’homme, est le lieu corporel où la conscience s’émancipe du réel objectif pour pénétrer dans le mystère du sacré.

Pourtant, malgré les services qu’ils rendent à la reproduction, à la sécurité du sujet et à la réalisation du Soi, nos sens ne se situent ni sur nos membres inférieurs, ni sur notre ventre, ni même autour du thorax mais bien sur la tête. Seul le toucher se répartit sur l’ensemble du corps. Utile mise en garde symbolique envers la fascination pour des expériences sensuelles où les saints eux-mêmes pourraient se perdre.

Nous explorons le symbolisme des cinq sens en suivant le schéma de la remontée le long du visage : d’abord le toucher, avec une peau délocalisée sur l’ensemble du corps, puis le goûter par la bouche, le palais et la langue ; sentir ensuite par le nez ; entendre au moyen des oreilles et enfin voir grâce aux yeux. Cette séquence qui va du toucher au voir est aussi celle des Éléments qui débute par le dense pour s’élever jusqu’au plus subtil : la Terre du toucher que le visage réunit autour du menton, un terme qui se traduit par « montagne » ; l’Eau de la salive et du goût ; l’Air chargé des matières fines flairées par le nez ; l’Air pur du Souffle faisant vibrer les tympans qui n’en conservent que le mouvement déjà immatériel et, finalement, le Feu de la lumière reçu par les yeux. La fréquence vibratoire des perceptions s’élève à mesure que nous montons le long du visage. La Terre solide du toucher précède l’Eau fluide du goût, puis viennent l’Air mélangé de la respiration et l’Air pur des perceptions auditives, finalement le Feu intouchable est reçu par la pupille. Posés dans cet ordre naturel, chaque sens de l’homme « voit » plus loin que le précédent : le toucher a besoin d’un corps à corps, une dizaine de mètres suffit à l’odorat pour apprécier une odeur, l’ouïe perçoit des sons jusqu’à une centaine de mètres et la vue élargit l’horizon des perceptions jusqu’à quelques kilomètres, parfois beaucoup plus loin sous un ciel étoilé.

Au cours du développement embryonnaire l’ordre de mise en route des sens suit la même séquence. Le fœtus déploie des perceptions tactiles à la fin du second mois, puis il acquiert simultanément le goût et l’odorat au cours du quatrième et ses tympans sont définitivement formés à six mois. Finalement ses paupières s’ouvrent et son œil devient sensible à la lumière au cours du septième mois[2].

En dernière analyse, il n’existe qu’un seul sens : le toucher. Les autres organes – œil, oreille, nez et bouche – sont des spécialisations de la peau destinées à toucher plus loin ou encore de manière plus fine et plus subtile. Tous conduisent à des sensations de plus en plus raffinées qui demandent, pour être appréciées, une sensibilité croissante. Nous appelons cela beauté ou laideur (vue), harmonie ou disharmonie (ouïe), agréable ou désagréable (nez), bon ou mauvais (goût) selon l’organe qui les génère. Ces informations ne deviennent des sensations qu’après être entrées dans le temple du corps et reconstruites pas le cerveau[3].

Se pose alors l’ultime et grande question à fleur de peau de tout être humain : celle de la transparence, de son identité consciente en relation avec le Tout. Pourquoi la transparence est-elle le pas ultime de l’évolution ? Parce qu’elle boucle l’aventure du vivant. Il y a longtemps, très longtemps, une première petite cellule se referma sur elle-même et se sépara pour toujours de son milieu. Comme tout ce qui vit sur la Terre, nous sommes ses descendants. Avec la transparence la séparation originelle prendra fin. Le sentiment d’unité d’abord perçu dans l’espace de la poitrine deviendra, dans la tête, une conscience de l’identité. En chemin, l’univers s’est construit une kyrielle de consciences séparées afin de se sentir sous tous ses angles possibles et s’éveiller à sa propre nature. Par exemple, côté vue, des milliards d’yeux humains et non-humains, comme les poissons dans les abysses, les mouches dotées d’une vue panoramique, les rats dans les champs et les astronomes derrières leurs télescopes, observent en permanence les plus fins recoins du réel. Et autant de nez le reniflent sans cesse, autant de bouches le dévorent sans modération afin qu’il connaisse son propre goût.  Pour accomplir cette grande boucle, pour que l’univers prenne conscience de lui-même, il lui a fallut élaborer des corps biologiques, puis des structures psychiques appelées « moi » et enfin un « Soi » capables de transformer l’immense richesse de sa nature en états de conscience.

Le corps ressemble à une pierre posée dans l’eau vive, traversé par le flux ininterrompu du temps ; le moi est le tourbillon de son courant et le temps s’organise déjà en rituels, habitudes et calendrier. Le Soi ressemble au fleuve, conscient de sa source et déjà avide de sa fin : le retour vers la grande mer qui unifie tout.

Selon les cultures et les époques, les sens firent l’objet d’une ascèse, d’un interdit ou d’une exacerbation hédoniste comme aujourd’hui en Occident. Pourtant, ils ne sont destinés ni au refoulement ni à la prééminence. Ce sont des médiateurs entre le moi et le non-moi, des outils qui aspirent à accomplir l’idéal de la peau : devenir transparente au monde, sans s’y perdre.

Chaque sens déploie un langage aux mille nuances. L’Homo Sapiens en a surtout développé deux : celui qui sort de sa bouche et celui qui entre par ses oreilles. Même si la parole et la musique furent de tous temps des moyens d’expression privilégiés de l’homme, ce ne sont pas les seuls possibles. Il y a encore le langage muet des formes et des couleurs, que nous appelons « le symbolisme » capté par les yeux, et le parler spécial des odeurs, si familier aux autres mammifères. Quant au goût, chaque repas pris en commun dit « je t’aime ».

L’homme communique par la parole, la musique, les odeurs, l’amour partagé et le signe. En terre chrétienne son odorat fut longtemps considéré comme un sens mineur supposé le ramener vers l’animalité. Quant au goût, il est resté l’apanage de l’intime. C’est tellement vrai que les déficients auditifs ou visuels souffrent d’un handicap reconnu par la société et pris en charge médicalement, il n’en est pas de même des altérations de l’odorat et du goût. Ceci se traduit dans le vocabulaire. Tout le monde sait ce que sont l’aphasie, la surdité et la cécité mais peu sauront dire ce que signifient « anosmie » et « agueusie » qui désignent respectivement la perte de l’odorat et du goût, signant ainsi la moindre valorisation culturelle accordée à ces deux autres sens.

Or le goût et l’odorat sont stimulés par les molécules de l’environnement extérieur alors que la vue et l’ouïe reçoivent des vibrations. Ces deux derniers sont sensibles à la géométrie des ondes bien plus qu’à la forme matérielle des molécules. Est-ce la raison pour laquelle nous les considérons comme des sens plus « nobles » car moins matériels ? Quant au toucher il reçoit à la fois la forme dense et la vibration subtile. Il reçoit le proche et le lointain, la matière des choses immédiates aussi bien que l’immatériel lorsque surgissent des pressentiments et des frissons révélateurs sans cause objective.

Les sens du lointain comme la vue et l’ouïe se laissent plus facilement analyser symboliquement que ceux de la proximité comme le goût et l’odorat. En effet, la lumière et le son, en tant que phénomènes vibratoires, sont décrits par seulement trois grandeurs physiques : la fréquence, l’intensité et la polarisation de l’onde. Il n’en est pas de même pour une odeur qui peut intégrer un grand nombre de substances chimiques. Même en se limitant à quelques composés purs une molécule ne se laisse pas caractériser par trois paramètres. C’est pourquoi les sens du lointain sont régis par des « lois » générales alors que les sens de la proximité s’attachent aux cas particuliers. D’où le fait que les visuels et les auditifs conceptualisent des grands systèmes alors que les nez et les gourmets jouissent des particularités du vivant.

Notons enfin que les doigts de la main, si importants dans le processus d’hominisation[4], connaissent le langage de tous nos sens puisque l’on peut « se fourrer le doigt dans l’œil » (se tromper) ; parler vivement au risque de « s’en mordre les doigts » (regretter) ; atteindre ses objectifs « les doigts dans le nez » (facilement) ; mettre « le doigt sur une plaie » ou « toucher un point sensible ». Il sera enfin souhaitable d’« écouter son petit doigt » (suivre son intuition) pour éviter tous ces désagréments.

Chacun de nos sens porte donc une spécialité. La bouche raconte l’intime ; le nez parle de la vie et de la mort ainsi que des processus de métamorphose ; l’oreille bannit la peur avec sa sensibilité aux accords et aux harmonies ; la vue informe sur ce qui transparaît derrière ce qui paraît et le toucher ose la transparence. Chacun de nos sens développe un langage qui, mis ensembles, permettent de conter la totalité du réel.

Et, surtout, chaque sens représente une porte d’entrée vers le temple crânien en métaphorisant une voie de réalisation spirituelle. La bouche choisit la jouissance de l’expérience mystique ; le nez médite immobile, il observe le va-et-vient du Souffle, les mouvements de l’âme du monde ; l’oreille écoute les sons inaudibles et inouïs des mondes subtils ;  l’œil plonge dans le vide, dont l’anagramme forme les lettres du mot « Dieu[5] » et enfin la peau se colore du dieu tutélaire du sujet et confirme ainsi la jonction Esprit-Matière.

Notes et références

[1] Emmanuel Swedenborg est un chercheur d’origine suédoise. Dans la première partie de sa vie, il fut un scientifique et un inventeur remarquable, ce qui lui valut le surnom de « Léonard de Vinci du Nord » et d’« Aristote de Suède ». À cinquante-six ans il réussit sa « troisième naissance » et commença à discuter avec les anges et les esprits, parfois avec Dieu Lui-même. Ses visions, dont celle que nous rapportons ici, ont beaucoup contrarié Kant qui, au nom de la raison, ne pouvait concevoir la possibilité d’une connaissance suprasensible, ce qui aurait ruiné sa philosophie. Or la philosophie kantienne fonde notre monde moderne, d’où la difficulté de reconnaître que les approches non rationnelles sont aussi des voies de connaissance.

[2] La position des organes des sens sur le visage se justifie par des arguments de type adaptatif ainsi que par la phylogénèse. Mais il ne faut pas surestimer cette lecture. Les papillons et les mouches à viande ont leur organe gustatif sur leurs pattes Il leur suffit de se poser sur un aliment pour en détecter le goût.

[3] Le Parchemin Magnifique Vol. 6, à paraître.

[4]Luc Bigé, Le Parchemin Magnifique Vol. 3, éditions Réenchanter le monde

[5] En ancien français le U et le V étaient confondus.

Le symbolisme, un outil de liberté

Géopolitique du futur

Dans cette seconde partir de la conférence de Luc Bigé sur le thème Astrologie et Histoire sont abordés le sens des grandes évolutions sur le très long terme, notamment le processus de désenchantement du monde mis en place depuis la formation des sociétés fondées sur l'agriculture et l'élevage. Le sens de cette coupure progressive du sacré jusqu'à son aboutissement contemporain est évoqué. Nous développons également un cycle de 4000 ans commencé lors du miracle grec du VIème siècle av. J.-C, ce moment historique que Jasper appela la période axiale de l'histoire. Nous évoquons enfin ce que pourraient être les 1500 années à venir, jusqu'au moment de la nouvelle période axiale dans les années 3370.
 
 
La première partie de cette conférence était consacrée à l'analyse des événements contemporains : pandémie de Covid-19 et guerre en Ukraine : https://youtu.be/NVJFu6KWLxs

Pour aller plus loin, voir notre ouvrage intitulé Archétypes et Histoire, volume 1 : l'Esprit du temps. https://reenchanterlemonde.com/produi...

Astrologie et Histoire, les enjeux actuels

Dans cette première partie d'une conférence donnée le 29/03/2022 à l'Agora (Paris) Luc Bigé évoque la situation actuelle au regard de deux cycles astrologiques importants, Saturne-Neptune et Saturne-Pluton. Cela permet de recontextualiser dans l'histoire sur le moyen terme deux événements géopolitiques qui modifient aujourd'hui le visage de l'Europe : la guerre en Ukraine et la pandémie de Covid. Dans la seconde partie intitulée "géopolitique du futur" nous abordons la question du sens de l'Histoire sur le long terme en Occident.

Pour aller plus loin https://reenchanterlemonde.com/astrologie/#astrologie-et-histoire

Les 33 années à venir

Le ciel, en 2020-2021, présente une triple conjonction entre Jupiter, Saturne et Pluton dans le signe du Capricorne.

Chaque planète symbolise un archétype, c’est-à-dire une force signifiante qui baratte l’inconscient collectif des peuples. Saturne, le Cronos grec, pose des limites, ferme des frontières et contraint à une plus grande intériorisation. Pluton, le maître du royaume des morts, détruit les formes obsolètes qui freinent l’évolution. Lorsque ces deux planètes se rencontrent tout se passe comme si l’ombre du collectif refaisait surface, suscitant en réaction un effort de contrôle. Les dernières conjonctions Saturne-Pluton du XXe siècle sont synchrones à des climats de paranoïa collective générant des mesures liberticides ou des conflits : 1914/1915 avec la première guerre mondiale, 1947/1948 et la guerre froide, 1982 et la pandémie du S.I.D.A. puis 2020 et la Covid-19.

Du point de vue psychologique, les conjonctions Saturne-Pluton entrent en résonnance avec les personnes et les groupes qui ont une prédilection pour l’élitisme comme la ploutocratie, l’intégrisme religieux, les « élites » d’une nation. C’est la peur de la mort qui motive l’ascèse et les efforts insensés de ces groupes sociaux. Elle les contraint à rester sérieux et raisonnables, bien loin de ces choses si contraires à l’éthique puritaine que sont la danse, la fréquentation des tavernes et les jeux de carte. L’ordre moral efface la joie de vivre au nom d’une rédemption espérée.

La dernière fois que Saturne et Pluton se sont rencontrés en Capricorne, c’était il y a exactement cinq siècles. C’était en 1517 lorsque Luther affichait ses 95 thèses et fonda le protestantisme en réaction aux trafic des indulgences. Puis la paix de Passau (conjonction SP de 1552) suivie des accords d’Augsbourg (1555) donnèrent une existence légale aux villes et aux États luthériens situés dans le très catholique Empire des Habsbourg. La conjonction qui suivit survint en synchronicité avec le traité de Nemours (1585). Puis ce sera le déclanchement de la guerre de Trente-Ans (1617-1648) entre catholiques et protestants. Ce conflit européen d’une rare violence commença et se termina également avec une conjonction Saturne-Pluton. Ces longs désaccords entre deux systèmes de valeurs aboutiront au traité de Westphalie (1648-1650) qui changea radicalement le visage de l’Europe en donnant naissance aux États-Nations tels que nous les connaissons aujourd’hui.

Max Weber a montré que les différentes sectes protestantes ont donné naissance au capitalisme moderne qu’il décrit comme une « mécanique implacable dont les contraintes écrasantes déterminent aujourd’hui le style de vie de tous les individus nés dans ses rouages[1] ». L’éthique du travail « absurde et pauvre en joies » est en réalité une sortie de l’ascèse hors des monastères. Les capitalistes protestants puis laïcs fonctionnent comme des moines, ils visent la croissance financière au détriment des plaisirs. L’argent est devenu le substitut de la grâce.

C’est donc en 1517 que naquit le protestantisme qui changea le visage du monde occidental. En 2020 la nouvelle conjonction SP du Capricorne réactive l’ordre moral et le contrôle de la pensée. Néanmoins la période actuelle, en plus de mettre fin au gaspillage et de mondialiser l’éthique du capitalisme, a une plus grande portée encore.

Pour des raisons astrologiques impossibles à détailler ici, quatre cycles Saturne-Pluton ont une importance majeure en termes de métamorphose de la civilisation :

379-411 : une période de 33 années qui débuta en Bélier

1083-1115, un cycle qui commença en Poissons

1786-1820, le cycle du Verseau

2020-2053, le cycle du Capricorne

Gibbon situe la ruine du paganisme entre 378 et la mort de Théodose en 395[2]. C’est-à-dire entre la conjonction SP du Bélier et l’opposition de ces deux archès en 394-395. C’est donc dix-sept années de violence au nom d’une intuition transcendantale, typique d’un mode de fonctionnement Bélier, qui précipita la fin de Rome. Entre 1083 et 1115 le vent de la métamorphose soufflait sur un mode Poissons. Les hommes d’alors étaient habités par le mythe du sauveur, dont le Sauveur fut le parfait archétype. Le « monde d’avant » fondé sur le désir de réaliser Dieu par la prière et le jeune s’effaça au profit d’un désir irrépressible d’élargir le nombre d’âmes converties et de territoires conquis. La prise de Jérusalem par les croisés le 15 juillet 1099 se produisit de manière synchrone avec l’opposition Saturne-Pluton qui suivit la conjonction de 1083. Puis, entre les prémisses de la Révolution française (1786) et le début du monde industriel (1820), les valeurs changèrent à nouveau considérablement. Les régimes de droit divin sont remplacés par des régimes parlementaires et le libéralisme économique s’impose dans le monde. Ces notions de liberté politique et entrepreneuriale caractérisent le signe du Verseau. Les années 1786-1820 sont à la source du monde actuel finissant : un « monde libre ». Car voici venu le temps d’un autre archétype lié aux valeurs du Capricorne et de Cronos (2020-2053). Le Titan est le seul dieu mâle à être enceint de ses œuvres. À peine nés, il mangeait ses enfant. Avidité sans frein d’un côté, intériorisation du monde extérieur et art de laisser fructifier la vie de l’autre.

Si nous suivons cette logique des métamorphoses de l’histoire, 2020 est donc une année charnière qui clôt les passions de l’ancien monde fondées sur les libertés individuelles, les démocraties et les luttes sociales. Les valeurs du Verseau s’effacent au profit de celles du Capricorne. Déjà, des sociétés privées comme les G.A.F.A.M., au capital sans limite, s’arrogent des droits régaliens réservés aux États démocratiques comme la censure de l’information et la création de monnaie.

Le Capricorne est un signe solsticial. A partir du 21 décembre la longueur du jour croît. Un nouveau soleil se lève. C’est pourquoi cette date du calendrier fut choisie pour fêter la venue du Messie il y a deux mille ans. L’Appel du Soi murmure dans certains cœurs emplis de silence et de gratitude, bien loin de l’avidité sans frein d’une ploutocratie qui cherche le contrôle du monde. Il y aura à l’avenir des « César » pétris d’ambition et de dureté qui tenteront d’instaurer un gouvernement mondial, il y aura aussi des « Christ » qui reviendront vers la vie intérieure. De plus en plus de personnes profitent du confinement pour s’interroger sur les besoins de leur âme et revenir vers leur essence. Deux univers se préparent à diffuser leurs croyances et sans doute à lutter, rejouant ainsi sur un autre niveau de conscience les conflits entre catholiques et protestants des XVIe et XVIIe siècle. Luther professait la sola scriptura, la lecture directe de la Bible. Les « nouveaux Luther » aspirent à une lecture directe de leur âme, bien loin des excès générés par le capitalisme moderne né de l’éthique protestante. Et qui sait quels en seront les conséquences sur l’organisation de la civilisation ?

Les 33 années qui viennent seront donc cruciales pour l’avenir du monde occidental. Le carré de 2029, l’oppositions de 2036 et le second carré de 2044 verront des tensions intenses entre les nouveaux « convertis » à la présence de l’âme du monde et les adeptes de la prédation qui veulent toujours plus de biens matériels et de pouvoir personnel au détriment de ce que les peuples premiers préservent encore : la biosphère perçue comme l’épiphanie de la grande déesse.

Luc Bigé

[1] M. Weber, L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme, Champs classique.

[2] E. Gibbon, Histoire du déclin et de la chute de l’empire romain. Laffont, collection Bouquins.

Élargir notre perception du réel

Dans la première partie de cette vidéo, nous évoquons les quatre voies de la Connaissance : la voie scientifique, la voie systémique, la voie symbolique et la voie transcendantale celle de  la connaissance directe. Si nous décidions de penser globalement, alors toute question, toute thématique, devrait être explorée par ces quatre approches. Dans la deuxième partie, nous évoquons la question du « temps » en résonance avec ces quatre voies de la Connaissance. On peut distinguer les temps mythique, messianique, scientifique et enfin du celui du contact avec l’éternel présent. Si ces quatre temps se mélangent aujourd’hui, certains  ont prédominé selon les moments de l’Histoire pour produire de grandes civilisations. Le Passage est certainement aujourd’hui celui de l’accès au quatrième temps, l’éternel présent, le temps de l’instant, tout en conservant la conscience des cycles qui organisent nos manières de nous renouveler.

Transhumanisme et posthumanisme

Transhumanisme et post-humanisme

Nous sommes aujourd’hui à la croisée des chemins. Le transhumanisme façonne une nouvelle espèce humaine avec la technologie, l’intelligence artificielle et la manipulation génétique des corps. Le post-humanisme propose un élargissement de la conscience humaine en l’extirpant de son bocal narcissique. Dans tous les cas l’homme après l’homme est en marche.

L’humanisme naquit discrètement au Quattrocento à partir de 1399. Il prit un visage scientifique avec Francis Bacon (1561-1626) puis rayonna dans les découvertes de Newton (1642-1727) et la philosophie de Descartes (1596-1650). Il devint finalement un idéal philosophique aux nuances multiples avec les Lumières du XVIIIe siècle.

A l’aube du XXe siècle ces idéaux qui plaçaient l’homme et sa liberté au-dessus de tout, au-dessus de la Nature et du sacré, volèrent en éclat dans deux guerres mondiales et de multiples inégalités sociales. Ce fut leur arrêt de mort car nous prîmes conscience que la liberté humaine et la libre pensée mènent aussi à la violence la plus extrême. Néanmoins sa force et son empreinte continuent toujours d’imprégner nos consciences.

L’une de ces empreintes futuristes est le transhumanisme qui cherche à matérialiser la métaphore de l’homme-machine proposée par Descartes. Placer l’homme au centre de l’univers et au-dessus de tout a pour conséquence de produire un type d’humain hyper-narcissique avec des sociétés à l’avenant, en perte de lien avec la biosphère et avec l’Esprit. Au Moyen Âge, la nature était chantée, louée, magnifiée, comme un monde mystérieux où pouvait s’épanouir les plus profondes qualités humaines : l’amour courtois et l’initiation au mystère métaphorisée par la quête du Graal. Quant aux peuples premiers, ils considéraient la Nature végétale comme l’épiphanie de la grande déesse. Aujourd’hui, le narcissisme humaniste développe la vision d’hommes aux pouvoirs augmentés par la technologie. Comme l’adolescent présenté par Ovide[i], ces hommes recherchent la perfection du corps, l’éternelle jeunesse et l’immortalité. Ils sont également insensibles à la souffrance causée par leurs désirs de toute-puissance à l’ensemble du vivant. Sans aller jusqu’au transhumanisme, qui n’en est que la conséquence logique et presque caricaturale, la vieillesse est cachés dans des maisons spécialisées et la mort derrière les murs des cimetières. Notre société valorise l’adolescence, les corps en mouvement, les fêtes et les distractions alors que nos vieux ne sont que adolescents fatigués. En d’autres temps, dans d’autres lieux, c’étaient des « anciens » à qui on allait demander conseil, des conseils nés d’une longue vie maturante où la souffrance conduisait encore à une forme de sagesse.

Narcisse, un mythe de connaissance de soi

À la naissance de Narcisse, sa mère, la nymphe Liriopé, alla voir Tirésias et lui posa cette question : « Mon fils atteindra-t-il un âge avancé ? » Le devin lui répondit : « Il vivra longtemps s’il ne se connait pas ». Narcisse est donc, fondamentalement, un mythe de connaissance de soi[ii]. Mais il précise aussi que le désir immature de vivre une éternelle jeunesse doit être sacrifié pour aller vers la découverte puis l’expérience du Soi en traversant la mort. De ce point de vue, le transhumanisme est un « déshumanisme » car il souhaite maintenir le sujet dans un état de conscience immature, de toute puissance, libéré de la souffrance. Ceux qui s’inscrivent dans ce courant de pensée sont des Narcisses qui cherchent l’immortalité[iii] (l’éternelle jeunesse) et n’ont pas le courage de mourir à eux-mêmes par peur de la dissolution de moi, par peur de s’ouvrir à leur sensibilité si fragile, par crainte de la souffrance. Néanmoins, lorsque Narcisse se regarde vraiment dans le miroir, dans la source, il réussit à abandonner à ses images chéries pour naitre à lui-même. Agonisant, il descend dans le monde sous-terrain et se métamorphose enfin dans la fleur qui porte son nom : le narcisse. Il découvre enfin sa véritable identité et se connaît lui-même, accomplissant ainsi la prophétie de Tirésias.

Le transhumanisme est l’aboutissement logique de notre société hyper-narcissisée qui a oublié le premier commandement inscrit au fronton du temple de Delphes : « Connais-toi toi-même ». Grâce à certaines technologies prométhéennes comme les nanotechnologies et le génie génétique les transhumanistes cherchent à amener le sujet à réaliser tout son potentiel, dans ce qu’il a de plus beau et de plus accompli, mais seulement en termes de valorisation égotique. Ils ignorent les autres règnes de la nature car ils ne sont pas dans la conscience du cœur. Tant que la personnalité n’a pas touché cet espace cardiaque, elle ne peut pas vraiment comprendre qu’il y a autre chose qu’elle-même dans l’univers[iv].

Sans même aller jusqu’au transhumanisme, la logique rationnelle qui imprègne encore tant notre civilisation occidentale nous conduit à penser nos vies comme des enchainements de situations à maitriser, à planifier nos existences, à envisager des plans de carrière, à nous inscrire à des programmes d’amélioration de soi et de son corps, à des séances de fitness, à faire du jogging et à penser des investissements pour une future retraite. Ces choses mystérieuses et irrationnelles que l’on nomme la confiance, la grâce, le destin, la fatalité, l’honneur, la gratitude, l’amour, la joie, l’imaginaire, l’intuition et la poésie disparaissent lorsque l’être humain entre en compétition avec les machines pour, comme elles, atteindre la perfection du zéro défaut.

Pourtant, si nous les lisons symboliquement les événements exceptionnels apparus dans les années 1900, nous observons que nous somme entrés dans une nouvelle époque de la civilisation, une époque posthumaniste. Celle-ci propose en effet la dissolution des repères narcissiques sécurisants pour ouvrir la conscience humaine à l’Immense.

Le nouveau monde est déjà là

Cela commença au crépuscule du XIXe à l’aube du XXe siècle avec Freud, Einstein, Max Planck, Niels Bohr, Husserl, Cantor et Kandinsky. Qu’ont en commun la psychanalyse (1900), la Relativité (1905), l’intrication quantique (1900), la phénoménologie transcendantale (1913), l’affirmation de la réalité ontologique des ensembles infinis (1874) et l’art abstrait (1903, Le cavalier bleu) ? Absolument rien dans la forme, mais ils ont tous en commun une même Idée : ce que nous avons jusqu’à présent appelé « réalité » est sous-tendu par une surréalité qui dépasse nos capacités de représentation intellectuelles. Comment, en effet, réaliser que le « moi » est une simple partie émergée d’un inconscient dont nous ignorons presque tout  (Freud) ? Comment réaliser que nous vivons dans un univers à quatre dimensions où le temps n’est pas séparable de l’espace (Einstein) ? Comment réaliser que les électrons qui gravitent autour des noyaux de nos atomes constituant notre corps ont une probabilité non nulle d’être aussi à l’autre extrémité de l’univers (Bohr) ? Comment réaliser les essences qui fondent notre réalité objective (Husserl) ? Comment réaliser que certains infinis sont objectivement plus grands que d’autres (Cantor) ? Et enfin comment réaliser et peindre les forces formatrices qui sous-tendent les formes objectives (Kandinsky) ? Les ouvrages d’Alice Bailey datent aussi de cette époque.

Ces questions se résument à un seul constat : l’intelligence humaine est devenue capable d’interroger une surréalité que notre conscience actuelle est incapable de saisir. C’est le défi des cinq siècles en cours que d’élargir notre vision du monde à cette surréalité, jusqu’à considérer un jour qu’il s’agit de quelque chose de normal. Pour comprendre cette difficulté, il suffit de penser à la Renaissance italienne qui offrit au monde la perspective, la presse à imprimer et l’humanisme. Combien était-il alors difficile pour un contemporain de se détacher d’une représentation du monde fondée sur la foi chrétienne, les images saintes, le système féodal et l’obéissance aveugle à l’argument d’autorité ! Aujourd’hui nous avons le même problème, mais il s’agit de nous libérer de la rationalité cartésienne, du narcissisme confondu avec l’individuation, d’une certaine idée du libre arbitre, de la croyance que le monde est constitué de choses séparées et que l’homme et sa société sont au centre de toutes choses. Penser le post-humanisme ressemble un scandale intellectuel… exactement comme le fut en son temps l’humanisme par rapport au christianisme alors que  Brunelleschi introduisait la perspective dans l’art.

Que serait un monde post-humaniste fondé sur la conscience du surréel ?

Le mythe dominant se sera plus l’extase dionysiaque collective du Moyen Age, métaphorisée dans la culture chrétienne par le sacrement de la transsubstantiation, le partage du pain et du vin, un rituel emprunté à la fois au dieu grec et au romain Mithra. Ce ne sera pas non plus Prométhée réveillé de son long sommeil par les philosophes des Lumières, l’inventeur disruptif qui imagine qu’une nouvelle théorie et son partage avec des sujets prometteurs améliorera la société en lui apportant plus de raison, de conscience et de lumière. La surréalité est de nature protéenne. Elle ressemble aux vieux Protée, le gardien du troupeau de phoques d’Apollon. Comme l’eau sans limite de l’Océan, la surréalité est sans forme mais peut les prendre toutes. Comme l’eau, elle ignore les barrières et les catégories. Comme l’eau, elle se glisse dans les interstices du monde phénoménal pour l’irriguer du sens de l’Immense. Comme l’eau, elle est insaisissable par la main qui cherche à la retenir. Lorsque la conscience humaine entre dans le flux de la surréalité, elle se libère de son identification à ce petit caillou qu’elle appelle son « moi ». Elle sent alors d’une manière très tangible, mais non physique, ce que veut dire « intrication quantique » ; elle perçoit dans une communication de sujet à sujet la vie des plantes, des animaux et des minéraux terrestres ; elle devine la trame du tapis cosmique qui dessine les lignes directrices d’une métahistoire ; immobile, elle pénètre dans la nature du temps et se libère de la tyrannie de l’espace ; elle « touche » la présence des archétypes, ces vagues surgies de l’inconscient collectif qui se forment et se déforment sans cesse. L’organisation du cerveau humain, dans son extraordinaire plasticité, se modifie pour devenir comme une eau sensible à la lumière des étoiles, réalisant ainsi l’autre sens du mot « réfléchir ».

Aujourd’hui, l’exploration du surréel découvert par la psychanalyse, la mécanique quantique et l’art moderne se fonde toujours sur l’ancien paradigme de la rationalité, issu des cinq derniers siècles, avec tous les paradoxes que cela entraine. Il est possible que le carré Neptune-Pluton de 2064-2066 puis l’opposition de 2135 accompagnent le développement de nouveaux moyens d’investigation de la surréalité et développent des modèles expérimentaux fondés sur des facteurs immatériels comme la conscience, la « magie » et l’action à distance non causale. L’accent sera mis sur l’interdépendance vécue intérieurement pour dépasser le rapport sujet-objet que nous avons aujourd’hui avec le monde. Il sera alors possible d’explorer objectivement notre univers, proche et lointain, comme un ensemble de relations de sujet à sujet[v]. Bien plus que de nouvelles découvertes, les cycles Neptune-Pluton nous parlent de la mentalité collective et de notre représentation du monde en tant que civilisation[vi].

Hegel (1770-1831) porta haut la lumière de l’ancien monde de la Raison, mis en place par l’humanisme du Quattrocento. Nietzche (1844-1900), qui balaya si lucidement les errances du christianisme et du rationalisme, est peut-être le prophète du nouveau monde. C’est en 1889, qu’il sombra dans la folie. En sortant de son hôtel, il vit un cocher maltraiter son cheval. Incapable de supporter cette vision il s’approcha de l’équidé, l’enlaça et pleura sur sa joue. Pris d’un « délire » né d’un contact avec le surréel, il chanta et hurla sans cesse, prétendant être le successeur de Napoléon venu pour refonder l'Europe et créer une « grande politique ». Sa conscience s’identifia alors à deux grandes figures mythiques et mystiques : Dionysos et Christ. Ces divinités ont en commun de déployer en l’homme l’espace de son cœur, d’ouvrir les portes qui gardent l’entrée dans le palais du Soi, là où l’amour métamorphose les souffrances collectives pour guérir les communautés humaines. Les dernières paroles du philosophe furent « je suis Dionysos ! ». En 1892, au moment exact de la conjonction Neptune-Pluton, Nietzsche tomba dans un état végétatif. Le contact avec le surréel, c’est-à-dire avec la nature protéiforme de l’âme du monde, qui a absorbé tant d’amertumes au cours de l’histoire, ouvrit le philosophe à une immense compassion qui lui rendit soudain la conscience de la souffrance collective, déclenchée par l’expérience malheureuse du cheval, littéralement insupportable.

Le Narcisse humain, peu habitué à s’ouvrir à autre chose qu’à lui-même, réalise alors à quel point il maltraite les autres êtres vivant. Sommes-nous prêts pour l’intégration un tel choc ? Sommes-nous prêts à vivre en conscience l’interdépendance pour élaborer un modèle de civilisation en cohérence avec celle-ci ? Nous avons encore quatre siècles devant nous pour intégrer dans notre conscience collective les mémoires de souffrance et les promesses de l’âme du monde afin de trouver notre place dans l’ensemble du vivant.

Bien sûr, ce nouveau monde portera aussi ses parts d’ombre comme le risque de la folie ; l’addiction à une surréalité artificielle façonnée par la technologie ; la confusion psychique en raison de la dissolution des repères du « bien et du mal » ; la perte des identités individuelles, nationales et transnationales qui pourra soulever des peurs viscérales capables d’alimenter de nouvelles formes de fascisme ; la manipulation des foules qui se mouleront sur des discours surréaliste. Une société fondée sur la compassion ne sera possible que lorsqu’une majorité de ses membres aura transféré leur conscience de leur nombril narcissique, avec ses besoins illimités de reconnaissance, vers l’immense simplicité du cœur. Dans le cas contraire, les réactions du « moi », inquiet de la perte de ses prérogatives et, finalement, confronté à sa propre sa mort, produiront une humanité soumise, manipulable et oublieuse des grands acquis de cinq siècles de science, à savoir le doute et le questionnement du réel.

Le transhumanisme représente le summum narcissique du processus d’involution. L’homme se prend alors « légitimement » pour dieu et cherche à réaliser les qualités naguère attribuées à la divinité : l’immortalité, l’omniscience et la toute-puissance. Le post-humanisme représente, au contraire, une époque de conversion : le moment où la conscience humaine collective se tourne vers l’Immense, le moment où elle pénètre « corps et âme » dans le mystère du surréel. Alors la création ne viendra plus du sujet narcissique. Elle sera le fruit inattendu de la spontanéité de la première pensée et du geste surgissant.

Luc Bigé

Références

[i] Ovide, Les Métamorphoses, Les belles lettres

[ii] Luc Bigé, l’Éveil de Narcisse, Janus

[iii] Bill Gates et Bernard Alexandre, deux thuréfères du transhumanisme, portent dans leurs thèmes astrologiques un mythe de Narcisse.

[iv] Luc Bigé, Le Parchemin Magnifique, vol. 3. Réenchanter le monde.

[v] Wolfgang Pauli, Physique moderne et philosophie, Albin Michel ;  Werner Heisenberg, La partie et le tout, Champs sciences.

[vi] L’humanisme est né avec la conjonction Neptune-Pluton de 1399 en Gémeaux, la suivante se forma en 1892 au crépuscule du XIXe siècle.

Formation Luc Bigé

Depuis quelques mois des personnes à l'éthique douteuse utilisent mon nom pour vendre des cours d'astrologie. Si vous tapez en effet sur un moteur de recherche "formation luc bigé" ou "cours d'astrologie luc bigé" vous tombez sur un site dont j'ignorais jusqu'à présent l'existence et qui dit vendre des cours.

Plusieurs adresses URL conduisent au même site, il est possible que celui-ci se contente de capter vos données personnelles.

Je ne connais pas ces personnes et n'ai aucun rapport avec eux. Je n'ai pas eu accès au contenu du site pour savoir s'il y a ou non un plagia, ni même si ces cours existent vraiment.

La seule formation en astrologie que je propose est sur Réenchanter le monde.

Il existe également certains films en communs avec Baglis TV qui a filmé et monté certains de mes séminaires, ceux-ci sont diffusés à la fois sur Baglis et sur Réenchanter le monde.

Voilà, ce court message pour éviter des confusions !

Luc Bigé

L’histoire a-t-elle un sens ?

Il s’agit d’un extrait  d'une conférence donnée à suneva et présentée ici :

Le passé, le présent et le futur des civilisations humaines semblent chaotiques, imprévisibles et soumis aux caprices du hasard. Cela est vrai seulement si l’on regarde les événements d’une manière descriptive, mais perd de sa pertinence lorsque l’on cherche à comprendre les forces secrètes qui animent la vie des empires, des civilisations et des peuples. Ceux-ci, comme les individus, sont soumis à des cycles de naissance, de croissance, de mort et de renaissance. Nous montrerons comment l’âme du monde, l’anima mundi, s’incarne cycliquement et progressivement dans l’humanité prise comme un tout et produit l’histoire. Ces forces archétypales cherchent, à chaque instant, à se frayer un chemin pour insuffler plus de sens, d’amour et de clarté au cœur des consciences humaines. Ce processus d’incarnation du sens dans l’histoire est décodé par l’interprétation des grands cycles astrologiques entre Uranus, Neptune et Pluton. Chaque planète lente représentant l’une des trois grandes conscience-énergie qui façonnent la matière humaine.