Sur les symboles et le symbolisme

La racine grecque du mot symbole, sumbolon, dérive du verbe sumballein qui signifie "mettre ensemble", "rassembler (ce qui est brisé)". Il fait référence à la coutume de briser une tablette d'argile pour marquer la conclusion d'un contrat. Les morceaux brisés étaient répartis entre les parties contractantes. Ainsi, les parties (leurs héritiers ou leurs représentants) n'avaient plus qu'à les assembler à nouveau pour procéder à la liquidation du contrat. Les morceaux n'avaient pas de sens en dehors de leur assemblage qui constituait un tout, les unifiant tous. La relation entre les parties et le Tout donne tout son sens au symbole. Il s'ensuit que le symbole trouve son origine dans le Tout et peut recouvrir différentes significations, depuis la plus élevée jusqu'à la plus commune.

L'être appréhende les symboles à une multitude de niveaux allant du sensible au supra-sensible, du visible à l'invisible, du manifesté au non manifesté, de l'humain au supra-humain… Les symboles trouvent en effet leur origine au-delà du monde humain, dans le monde proprement supra-humain, métaphysique, dans le Principe, l'Unité à la source de tous les êtres et de toutes choses.

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Science et astrologie (le RAMS)

Le RAMS veut œuvrer pour que l’astrologie trouve un statut scientifique et universitaire sérieux reconnu, devenant alors utile à la société dans un esprit humaniste concret. Créé en 1992 par F. Santoni, S. Fuzeau-Braech, F. Schneider-Gauquelin et Y. Lenoble, le RAMS a produit 12 cahiers annuels de résultats de recherches nouvelles et d’études variées. Des équipes travaillent dans différents domaines scientifiques (biologie, médecine, psychologie, astronomie..).

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Bibliothèque Numérique Alchimique du Merveilleux

Bibliothèque Numérique Alchimique du Merveilleux (BNAM)

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Propulsé par La Librairie du Merveilleux.

Les symboles des planètes (I)

Le sens des planètes est codé dans la manière de les représenter. Ces glyphes obéissent à une règle de composition précise avec l’intervention de cinq signes élémentaires :

Le cercle : O

L’hyperbole : )

La ligne verticale et la ligne horizontale qui se combinent pour former une croix : +

Le point : .

Qui représentent :

Le cercle solaire : O

Le croissant lunaire : )

La croix terrestre qui marque l’espace-temps, le topos : +

Le potentiel non manifesté : .

On voit alors immédiatement que :

Le Soleil est formé du cercle et du point en son centre.

La Lune est représentée par un demi-cercle et une hyperbole.

Mars et Vénus sont inversés, si l’on accepte que la flèche de Mars est une croix en oblique. La croix est d’ailleurs dessinée telle quelle dans le symbolisme alchimique et par l’astrologie allemande.

Jupiter et Saturne forment un autre couple d’inversions, puisque la Lune se place respectivement sur la ligne horizontale et sur la ligne verticale.

Enfin Mercure est le seule planète du septénaire qui réunit les trois symboles du Soleil, de la Lune et de la Terre.

Voyons cela en détail.

Le point
Le point se situe aux confins du paradoxe, charnière entre le non-manifesté et le manifesté. Entité mathématique abstraite, il occupe par définition un espace nul. En lui résident pourtant à l’état de germe des potentialités infinies. La meilleur image est peut-être la singularité initiale, le fameux « Big Bang », qui contenait en germe l’ensemble de l’univers que nous connaissons dans un espace et un temps rigoureusement nuls. Leibniz, dans ses études des mathématiques binaires, disait déjà « un suffit à tirer tout de rien ». Le langage usuel est à l’avenant. N’avons-nous pas ces expressions contraires à propos du « point » : « un point c’est tout » et « il n’y en a point » ? En sa double facette, le point représente toujours l’unité absolue, qu’elle soit potentielle dans chaos indifférencié d’avant la Genèse ou Nirvana accompli empli de soi-conscience. En ce lieu originel et final tout à la fois la séparation pas ou plus.

La manifestation du potentiel du point dans toutes les directions de l’espace va produire la sphère, que nous réduisons au cercle sur la feuille de papier.

Le cercle

L’observation de l’environnement met en évidence deux catégories d’objets. Dans la première nous pouvons classer les pierres, le montagnes, les cristaux, les constructions humaines… alors que la seconde contient les arbres, les fleurs, les bactéries et les animaux. Ce qui les différencie ? La manifestation de la vie. Tout ce qui est vivant, en effet, possède des formes fondées sur la courbe. Alors que le règne minéral utilise des lignes droites et des angles. La cellule biologique et le cristal sont les représentants les plus simples de ces deux catégories. Le cercle et l’hyperbole appartiennent à l’univers du vivant, la croix au monde de l’objet, à la réalité matérielle. Pour être complet, il faudrait citer une troisième catégorie d’objets comme la fumée et le brouillard, composés de myriades de points en désordre. Ils relèvent de la symbolique des quatre éléments, le Feu, l’Air, l’Eau et la Terre dont nous ne pouvons discuter ici.

Le cercle est toujours centré, il est défini par une équidistance de ses points au centre. Il suggère un double mouvement d’involution-manifestation et d’évolution-retour-au-centre. Il pulse comme un expire et un inspire. Il représente donc le principe vital, que l’œuf et le soleil symbolisent si merveilleusement. Comme le point, et comme tout symbole, il est détenteur d’un paradoxe. En lui se côtoient l’énergie vitale (le soleil astrologique comme hyleg) et l’Esprit puisqu’il est aussi traditionnellement associé à l’or et à son sujet : Dieu. L’Esprit est pure volonté de vie qui pulse aux rythmes mystérieux du fatum, ce que Nietzsche avait déjà pressenti dans sa chair.

La croix
Elle se compose d’une ligne verticale et d’une ligne horizontale réunies par un point central. Son horizontale conquiert l’espace. Sa verticale creuse et s’élève dans une tension ascétique vers les extrême, la terre et le ciel. Cette ligne propose profondeur et hauteur. Elle appartient à la sphère du temps. La ligne horizontale sépare le ciel de la terre, le haut du bas, elle affirme la première dualité. La verticale réunit ce que l’autre à séparé. De la dualité produite par l’horizontale naît la conscience. Comment apprécier la musique, en effet, s’il n’y avait pas de silences entre les notes ? Comment savoir le jour en l’absence de la nuit ? Et que dire de l’appréciation d’un bonheur qui sort d’une période d’épreuves ! L’expérience de la dualité fortifie la conscience. Puis, la tension verticale permettra l’intégration de cette conscience dans un sujet concentré qui porte avec égalité ses racines dans l’ombre de l’humus et la clarté de l’azur. La croix est donc un principe d’évolution et d’incarnation. C’est pourquoi elle est associée au symbole de la Terre, une croix dans un cercle. Elle demande au sujet de découvrir un équilibre entre ses valeurs d’être (verticale) et d’avoir (horizontale), entre l’effort (verticale) et la joie (horizontale) car le sentiment de joie est la conséquence naturelle d’une expansion de la conscience qui reçoit plus d’amour, plus de reconnaissance, plus d’argent ou plus de contact spirituel. Plus simplement, une expérience humaine se place toujours au centre de la croix, dans un espace horizontal et un temps vertical réunis, dans ce que nous appelons communément « l’ici et maintenant ».

La conscience humaine naît de l’expérience de la croix. Ce qui en nous dit « je » est la résultante de nos précédentes croissances en possessions (partie gauche la ligne horizontale de la croix), de nos espoirs et ambitions à venir (partie droite de la ligne horizontale de la croix) et d’une énergie qui nous traverse. Cette dernière pourra venir d’en haut et s’appellera alors « inspiration », « volonté de vie », « dynamisme ». Et d’en bas, elle se nommera alors « racines », « ancrage », et « histoire ». La croix matérialise les ingrédients pour la naissance et l’évolution de la conscience dans un lieu particulier. Elle nourrit l’expansion du point central afin que celui-ci devienne au final un soleil conscient. C’est pourquoi la croix est aussi le grand symbole de l’Incarnation et de la Crucifixion, de la naissance divine. Elle matérialise, du point de vue astrologique, la projection en un lieu du « père-soleil » et de la « mère-lune » ou, si l'on préfère, la manifestation singulière de ces deux lumières ici-bas.

L’hyperbole
Ni cercle, ni croix, l’hyperbole pousse ses deux extrémités vers l’infini. Nous avons ici une image de la réceptivité à l’illimité[1]. Elle offre la possibilité d’une ouverture sur quelque chose de neuf et d’impensé. Avec l’hyperbole se déploie notre capacité d’intégrer de manière vivante et sensible un nouvel élément du plus-grand-tout. Ce sont des antennes tournées vers les mondes galactiques.

Ces symboles sont vivant. Nous sommes tous un point unique, empli de potentiels, qui a pour devoir de se déployer comme un Soleil, en évitant le brouillard des points dispersés. Nous avons tous une croix à porter, conditions de la métamorphose de notre conscience pour son envol. Et nous avons tous une sensibilité spécifique qui ouvre notre conscience au sens du mystère.

Ces trois signes, dans l'alchimie, correspondent au Soufre qui coagule (le feu solaire), au Mercure qui dissout (le croissant lunaire, humide) et au Sel qui cristallise ou précipite. Dans la tradition, il correspondent à l’Esprit (Soleil), l’âme (la Lune) et la matière (la croix). Enfin, si l’on se place du point de vue de la psyché, ce sera l’animus (soleil), l’anima (lune) et la materia (croix).

La lecture symbolique à ceci de déroutant de prime abord : elle ne se fonde pas sur une logique linéaire, causale, démonstrative, mais sur une pensée analogique où plusieurs niveaux de lecture coexistent et fonctionnement en même temps. Ainsi le « Soleil » dans un thème est à la fois le représentant de Dieu, de l’énergie vitale, de la conscience de soi déployée, de l’animus et du père.

Voyons à présent comment ces trois fondamentaux sont codés dans le sept des planètes traditionnelles.

Le Soleil et la Lune
Ils sont dessinés avec leurs propres symboles, le cercle et le croissant, sans la croix. Cette particularité les rend « immatériels » comme la lumière. Ceci est d’ailleurs souligné par leur nom astrologique de « luminaires ». Représentant des principes inaltérables, ils ne gouvernent qu’un seul signe, le Lion et la Cancer respectivement, alors que les autres planètes en gouvernent deux, l’un mâle et l’autre femelle (ou diurne et nocturne).

Le Soleil est un principe unitaire coagulant (le Feu) alors que la Lune est un principe multiplicateur dissolvant. L'unitaire étant considéré comme mâle du fait de sa capacité d'établir une loi générale. Le multiple, le double ou la division étant considéré comme femelle du fait de sa capacité de se dédoubler en enfantant. C'est pourquoi l’on parle d’une « cellule mère » pour désigner une cellule qui vient de se diviser, et non d’une « cellule-père » malgré la neutralité sexuelle. L’industrie qui multiplie les biens de consommation est également composée de « Sociétés mères » et de « filiales ».

Dans le glyphe du Soleil, le point et le cercle sont assemblés. L’énergie primordiale de l’univers, la volonté centrale de l’être, rayonne dans toutes les directions pour se fermer sur le cercle de la conscience. La circonférence marque les limites de son expansion, sa « largeur d’Esprit » précisément. Elle contient et organise l’énergie du point, comme le fait par exemple une cellule biologique pour l’information génétique codée dans son noyau. Le glyphe du Soleil évoque à la fois l’atome de Bohr et la forme du système solaire, deux autres systèmes unitaires, complets en soi. Le symbole solaire propose d’atteindre un équilibre entre la puissance du potentiel de l’être (le point) et sa résistance (le cercle) afin qu’une conscience se manifeste, afin qu’une œuvre de lumière apparaisse. En biologie le noyau et la membrane de la cellule jouent ces rôles.

Rappelons que, dans un thème, le Soleil n’est pas le Soi, mais notre manière particulière de Le contacter. Le glyphe solaire est un petit symbole de la Totalité au sein du grand Tout qu’est le Zodiaque. Chaque journée qui passe, l’astre se décale d’un degré environ. Ce degré est l’une des trois cent soixante facettes de la Totalité qui est, ce jour là, éclairé. La nature de cette cuvette de sens est précisée par les différents systèmes de degrés symboliques comme les symboles sabians et les degrés monomères. C’est pourquoi chaque jour est porteur d’une qualité particulière. C’est aussi pourquoi les révolutions solaires dessinent le « programme » du Soi pour l’année en cours.

Le symbole de la Lune se dessine en traçant un demi-cercle fermé par une hyperbole. Le demi-cercle rappelle le symbole solaire, il en a la nature mais est encore en voie de formation. Tel est d’ailleurs ce que nous suggère les phases de la lune. Le secret de ce luminaire « humide » qui représente la division et le nombre, le mouvement et l'animation des êtres ? Chaperonner la croissance en ses innombrables facettes afin que le « moi » devienne semblable à un Soleil, un miroir sensible du « Soi ». Par son hyperbole la Lune ouvre à l’illimité, par l’imaginaire elle propose les impossibles de la lucidité. Ces improbables nourrissent l’expansion du demi-cercle, jusqu’à sa complétude. Formulé autrement, la Lune est médiatrice[2]. Elle rend accessible à la psyché les forces sauvages et puissantes des archétypes, elle aplani aussi les angularités du réel. C’est la fonction de l’âme qui réunit l’Esprit avec le corps, de l’anima qui rassemble conscient et inconscient, de la femme qui accueille une étincelle spirituelle pour lui conférer un corps lors du processus de l’enfantement. La Lune est initiatrice, elle accompagne tous les passages. Dans le monde matériel, c’est à l’aide de sels d’argent, de « sels de Lune », que l’on faisait naguère des photographies, des images, ces « choses » qui ne sont ni des Idées platoniciennes (Soleil), ni des masses pesantes (Terre), mais des entre-deux. Sur le plan spirituel ce symbolisme s'est répercuté sur la Vierge Marie, dont les pieds reposent sur la Lune, et à qui les chrétiens demandent une intercession médiatrice. Elle « catalyse » la grâce divine sur le croyant exactement comme le satellite réfléchit la lumière du Soleil afin d’éclairer la Terre plongée dans la nuit du doute.

Dans les glyphes planétaires l’hyperbole, ou croissant lunaire, évoque la puissance dissolvante de l'eau, son pouvoir de division, de séparation, de multiplication et ultimement de mort. Car les nombres croissent et décroissent. Car l’eau est à la fois l’origine de la vie et le signe de la mort, cette grande dissolution de l’âme dans les eaux imaginales lorsque quelqu’un est « liquidé » et que ses feux s’éteignent.

La racine étymologique de « Lune » est mensis qui veut dire « mois ». A rapprocher également de mens, l’« esprit » au sens du mental. La lune réfléchit donc, dans les deux sens du terme. Au sens d’une multiplication de l’image comme un miroir, au sens d’une multiplication des pensées comme l’autre réflexion. Rappelons que le glyphe de Mercure, l’autre penseur, porte haut le croissant lunaire. La Lune, c’est une réflexion vagabonde qui, au grée de ses écoles buissonnières, nourrit la conscience de soi (le demi-cercle). Mercure, nous le verrons, propose une réflexion (Lune) centrée sur une identité (cercle) et capable d’une oeuvre incarnée (la croix).

Deux planètes arborent un cercle et une croix, Vénus et Mars (suite…)

[1] Marcelle Senart,  Le Zodiaque : Clef de l’ontologie appliqué à la psychologie 

[2] Luc Bigé, Le Chœur des planètes (éditons de Janus)

 Document lié : Le sens des planètes en astrologie (cours, abonnés)