Quatre manières de voir le monde

Il existe au moins quatre manières d'aborder la question de la connaissance  :

La connaissance scientifique est analytique. Elle s'efforce de découvrir l'identité objective du monde concret. Elle est trop connue pour qu'il soit nécessaire de la détailler plus longuement.

La connaissance « écologique » dégage les lois qui lient ensemble des matériaux concrets. C'est le domaine de l'analyse systémique avec ses boucles de rétroaction. Avec elle les statisticiens modélisent l'évolution de la population de castors en fonction des variations climatiques, du nombre d'individus de chaque sexe et de bien d’autres paramètres.

Il reste les deux autres modalités. Toutes deux traitent d'une réalité abstraite, non matérielle et non physiquement interactive. Ce monde, celui de la signification, là où s'originent les grands mythes de l'humanité, là où les êtres inspirés, qu'ils soient scientifiques, poètes ou mystiques, vont puiser leurs inspirations, nous l'avons appelé ailleurs le monde des inergies par analogie avec le monde des énergies qui s'étend sous l'axe horizontal pour élaborer le contenu des deux premiers quadrants.

Penser l'homme de manière symbolique – troisième quadrant - revient à considérer que la forme de son corps, de ses organes, l'organisation des systèmes sanguins, nerveux et hormonaux par exemple, expriment du sens. De ce point de vue la réponse à la question "qu'est-ce que l'homme ?" serait toute entière révélée par sa forme. Il suffirait d'apprendre à la lire, exactement comme la science a appris à lire le monde objectif. Mais elle le fit d'une manière analytique (quadrant 1) en scrutant finement la composition chimique de la matière, en analysant la substance sans se préoccuper de la forme. Car la science s'est bien gardée d'investiguer la compréhension des formes car cela suppose l'introduction d'une fonction organisatrice, d'une force formatrice, trop proche de la théorie de la grâce divine contre laquelle elle s'est longtemps battue.

Le dernier quadrant fait appel à un mode de connaissance qualifié de "holistique" par Arthur Koesler. Le terme de “holon”, du grec holos - tout - avec le suffixe on suggérant partie, fut forgé dans les années 1930 par Arthur Koestler qui en propose la définition suivante :

“Il n’existe nulle part de partie ni de tout au sens absolu. Ni l’organisme vivant ni le groupe social ne sont des rassemblements de pièces élémentaires; ce sont des systèmes à niveaux multiples et hiérarchiquement organisés de sous-ensembles qui contiennent eux-mêmes des sous-ensembles d’ordre inférieur, à la manière des poupées russes. Ces sous-ensembles - ces “holons”, comme j’ai proposé de les nommer - sont des entités à tête de Janus qui ont en même temps les propriétés indépendantes d’un tout et les propriétés dépendantes d’une partie. Chaque holon doit sauvegarder et affirmer son autonomie, sans quoi l’organisme se désarticulerait et se dissoudrait en une masse amorphe; mais en même temps il doit rester subordonné aux exigences de l’ensemble existant ou en évolution. “Autonomie”, dans ce contexte, signifie que les organites, les cellules, les muscles, les nerfs, les organes, ont tous leur rythme intrinsèque et leur propre type de fonctionnement assisté d’appareils d'autorégulation, et qu’ils tendent tous à persister et à s’affirmer dans leurs types caractéristiques d’activité. Cette tendance à l’affirmation de soi est une caractéristique fondamentale et universelle des holons qui se manifestent à tous les niveaux. En revanche, les activités des holons sont déclenchées, inhibées ou modifiées par des directives venues de niveaux supérieurs de la hiérarchie. Le système régulateur du cœur, par exemple, est régi par le système nerveux autonome et par des hormones, qui à leur tour reçoivent leurs ordres de centres cérébraux qui peuvent contrecarrer les habitudes fonctionnelles des centres subordonnés. Ainsi la tendance affirmative du holon a-t-elle une contrepartie dans sa tendance à l’intégration qui le pousse à fonctionner comme une partie d’un ensemble plus vaste.”

La connaissance holistique, que nous appelons ici « opérative » afin de mettre l’accent sur la créativité, se distingue des approches scientifiques, écologiques et symboliques. Le holon existe comme un tout en relation avec un tout plus vaste au sein duquel il est plus ou moins bien intégré. Penser l'homme de manière holistique revient à comprendre son rôle spécifique vis à vis d'une transcendance, d'un tout plus grand que lui, et réfléchir également au rapport fonctionnel qu'il entretient avec les autres règnes de la nature. Le sens n'est plus exprimé par la forme de l'organisme mais par la position qu'il occupe au sein d'une hiérarchie. La connaissance opérative est nécessairement transcendantale car elle décrit comment  la partie se relie à un plus-grand-tout. Son idéal est le serviteur, c'est-à-dire celui qui accomplit parfaitement l'action que requiert l'heure présente pour l’accomplissement et la réalisation du tout. L’initié auquel nous faisons naguère allusion n’a d’autre but que de servir à travers ce qu’il est le « plus-grand-tout » avec lequel un contact conscient est établit. Arrivé à ce point la connaissance n’a plus rien d’intellectuel. Est-ce, du reste, un hasard si le terme « véda », signife « savoir », exactement comme le grec « gnosis ». Si le français « connaissance » se décompose en « co-naissance », naître avec, et si l’anglais « understand » signifie littéralement « se tenir en dessous » - en dessous de quoi, si ce n’est de l’idée ? Toutes ces coïncidences seraient-elles de simples caprices du langage ?

L’efficacité de la pensée opérative suppose au préalable la familiarisation avec un modèle analogique, en réalité une gnose,  utile garde-fou pour ne pas se laisser déborder par l’opérativité, c’est-à-dire la force transformatrice des symboles qui véhiculent une connaissance vitale, consubstantielle à la nature de l’univers et d’une efficacité redoutable. De tels modèles existent dans la pensée orientale, ce sont, par exemple, les hexagrammes du yi king ou l'arbre des séphiroths. En occident la tradition alchimique ou les logiques emboîtées du zodiaque jouent ce même rôle. Mais, pour l’heure, notre monde occidental s’efforce surtout d’élaborer des modèles logiques pour expliciter le comportement de l'univers-objet, avec le succès que l’on sait.

La pensée symbolique, dont nous discuterons bientôt des fondements, s’occupe essentiellement de la question du sens. Les symboles sont, en réalité, le langage du sens. C’est le meilleur moyen qu’aie trouvé l’univers pour se dire.

Seul l’homme s’interroge sur la réalité des entités mathématiques, seul l’homme élabore des mythes, seul l’homme fonde sa société sur des valeurs reconnues par tous et pouvant, à l’occasion, être modifiées. Seul il enterre ses morts : acte ô combien inutile d’un point de vue strictement matérialiste ! A la différence des sociétés animales son mode de vie collectif est, pour une même espèce, extrêmement diversifié : la culture Papoue est à cent lieues des cultures européennes ou américaines alors que toutes les colonies de fourmis appartenant à une même espèce ont des comportements comparables. Au sein de l’humanité le domaine social ne se résume pas, comme précédemment, à une kyrielle d’interactions internes (entre individus) et externes (avec l’environnement) mais suppose un facteur nouveau : un sens partagé. La reconnaissance de ce sens crée l’unité et la force d’un groupe, elle assure sa cohésion et le projette sur vers l’avenir. Le temps, enfin, commence à prendre sens. Or les symboles sont l’expression codée de ce monde du sens, peu importe que nous les comprenions ou non : ils sont omniprésents dans nos vies et dans la nature. Par contre la spécificité de l’homme pourrait bien être, en raison de sa capacité de créer des langages symboliques comme, par exemple, les pictogrammes, les idéogrammes, ou les panneaux de signalisation routière, de décoder le langage symbolique utilisé par la nature pour nous interpeller sur son sens. Évidemment, l’usage exclusif des logiques analytiques et circulaires nous conduiraient à affirmer respectivement que tout est matière où que tout est relation. La reconnaissance et l’emploi des symboles introduisent un nouveau risque totalitaire : tout est sens. En réalité ces strates se superposent. Un être humain est composé de matière, il a donc un statut d’objet ; il possède un dehors et un dedans qui font de lui un être de relation ; il possède aussi le sens du sens faisant de lui un animal à part capable de réagir aux symboles et, par suite, de créer des langages symboliques.

La pensée analogique, dont nous allons bientôt préciser la méthode et les limites, implique une sorte d’ « écologie verticale ». Si on définit l’écologie comme « l’étude des relations des êtres vivant entre eux et avec leurs milieux » nous voyons que celle-ci est la science reine du second quadrant. Par « écologie verticale » nous entendons l’étude des rapports entre des niveaux d’organisation différents, depuis l’atome jusqu’à l’étoile en passant par l’homme. Sans oublier que l’analogie traitera des significations découvertes dans le troisième quadrant, bien plus que des formes elle-même. L’analogie est une logique du sens. C’est une forme de pensée qui ordonne l’immense variété des significations en élaborant des systèmes théoriques simples. Mais ces systèmes ne traitent ni des mécanismes (Q1), ni des relations sociales (Q2), ni des valeurs (Q3) mais de la meilleure manière signifiante dont la partie peut participer à la vie du tout : le rôle de l’individu dans la biosphère par exemple, où son rapport avec les autres règnes de la nature.

La pensée scientifique objective l'homme. Son idéal est le robot.

La pensée écologique socialise l'homme. Son idéal est le citoyen

La pensée symbolique donne sens à la vie humaine. Son idéal est le sage

La pensée opérative (cf.infra) intègre l’homme dans l’univers, son idéal est l’initié

La première observe attentivement son objet d'étude pour le re‑produire

La seconde mathématise les relations et tente de prévoir l'évolution des ensembles

La troisième perçoit ce qui est derrière la forme pour révéler son sens caché.

La quatrième transforme l’être afin de le relier plus efficacement aux autres niveaux de réalité.

Il est aussi inutile que dangereux de juger d’une forme de pensée à l’aune des critères élaborés par une autre. Une telle attitude ne conduirait qu’à de fâcheuses mésententes, à une guerre idéologique en vue d’une « victoire finale » de la conception dominante, mais ce ne serait certes pas un questionnement pour l’acquisition de la connaissance, dans toutes les quatre sens de ce terme.

Ce qui fendillera les certitudes matérialistes (Quadrant 1) et les dogmes métaphysiques (Quadrant 4) ce sera un phénomène de cristallisation : à force d’avoir réponse à tout dans le cadre strict de leurs présupposés ces deux représentations du monde vont réaliser que la connaissance piétine, que les vraies questions – celles de l’origine, de la créativité, de la diversité, de la contradiction – leur échappent. Il leur faudra donc accepter que l’édifice se craquèle sur ses bases pour s’ouvrir à l’inconnu. Il ne s’agit pas ici de la simple remise en cause du savoir face à l’expérience qui est, par exemple, le propre de la science, mais d’un questionnement sur ses fondements même, sur sa méthode et non, simplement, sur ses résultats. Ces quadrants échappent difficilement à la cristallisation intellectuelle car leur contenu est cristallisable car fondé sur une hiérarchie qui accentue la rigidité. Le mètre étalon dans le premier quadrant et la hiérarchie des archétypes dans le quatrième.

Les deux autres quadrants, Q2 et Q3, sont au contraire familiers avec le particulier, la mouvance, le changement, l’adaptation aux besoins du temps. Toute hiérarchie est dissoute au profit d’un équilibre, d’une harmonie. La pensée écologique du second quadrant théorise l’incertitude des mondes physique et surtout biologique, la pensée symbolique du troisième quadrant décode la complexité de l’univers des représentations. Ces deux logiques ne risquent pas la cristallisation intellectuelle car, dans ces domaines, il n’existe aucune recette. A chaque instant tous les possibles sont à réinventer. Comprendre un rêve nécessite de parler avec le rêveur en intégrant son passé, son présent, ses espoirs, ses liens familiaux, sa situation économique, etc. De même, comprendre le fonctionnement d’un biotope suppose de prendre en considération un grand nombre de facteurs comme la qualité des sols, la nature des plantes environnantes, leurs relations entre elles, l’évolution du climat, etc. Autant d’éléments imprévisibles dont les « recettes » jamais ne rendront compte. Sans parler du fait que ce sont des systèmes complexes : la micro-perturbation d’un seul élément peut parfois changer la trajectoire de l’ensemble.

-       Les risques inhérents aux pensées analytiques et analogiques seraient de figer la réalité, cette inconnue,  dans des systèmes et des recettes qui marchent : recettes scientifiques comme aujourd’hui lorsque la technique prend le pouvoir sur la science, et recettes métaphysiques comme au Moyen–Age où la philosophie fut enfermée dans la pensée aristotélicienne.

-       Les risques relatifs aux représentations systémiques et symboliques seraient de baisser les bras face à un réel sans cesse en mouvement, céder à l’incertitude absolue et au doute car, à chaque fois, il faut toujours tout recommencer, tout réinventer, tout refaire.

La pensée analogique fait appel à un mode de connaissance qualifié de "holistique" par Arthur Koesler. Le terme de “holon”, du grec holos - tout - avec le suffixe on suggérant partie, fut forgé dans les années 1930 par Arthur Koestler qui en propose la définition suivante :

“Il n’existe nulle part de partie ni de tout au sens absolu. Ni l’organisme vivant ni le groupe social ne sont des rassemblements de pièces élémentaires; ce sont des systèmes à niveaux multiples et hiérarchiquement organisés de sous-ensembles qui contiennent eux-mêmes des sous-ensembles d’ordre inférieur, à la manière des poupées russes. Ces sous-ensembles - ces “holons”, comme j’ai proposé de les nommer - sont des entités à tête de Janus qui ont en même temps les propriétés indépendantes d’un tout et les propriétés dépendantes d’une partie. Chaque holon doit sauvegarder et affirmer son autonomie, sans quoi l’organisme se désarticulerait et se dissoudrait en une masse amorphe; mais en même temps il doit rester subordonné aux exigences de l’ensemble existant ou en évolution. “Autonomie”, dans ce contexte, signifie que les organites, les cellules, les muscles, les nerfs, les organes, ont tous leur rythme intrinsèque et leur propre type de fonctionnement assisté d’appareils d'autorégulation, et qu’ils tendent tous à persister et à s’affirmer dans leurs types caractéristiques d’activité. Cette tendance à l’affirmation de soi est une caractéristique fondamentale et universelle des holons qui se manifestent à tous les niveaux. En revanche, les activités des holons sont déclenchées, inhibées ou modifiées par des directives venues de niveaux supérieurs de la hiérarchie. Le système régulateur du cœur, par exemple, est régi par le système nerveux autonome et par des hormones, qui à leur tour reçoivent leurs ordres de centres cérébraux qui peuvent contrecarrer les habitudes fonctionnelles des centres subordonnés. Ainsi la tendance affirmative du holon a-t-elle une contrepartie dans sa tendance à l’intégration qui le pousse à fonctionner comme une partie d’un ensemble plus vaste.”

La connaissance holistique, que nous appelons ici « opérative » afin de mettre l’accent sur la créativité, se distingue des approches scientifiques, écologiques et symboliques. Le holon existe comme un tout en relation avec un tout plus vaste au sein duquel il est plus ou moins bien intégré. Penser l'homme de manière holistique revient à comprendre son rôle spécifique vis à vis d'une transcendance, d'un tout plus grand que lui, et réfléchir également au rapport fonctionnel qu'il entretient avec les autres règnes de la nature. Le sens n'est plus exprimé par la forme de l'organisme mais par la position qu'il occupe au sein d'une hiérarchie. La connaissance opérative est nécessairement transcendantale car elle décrit comment  la partie se relie à un plus-grand-tout. Son idéal est le serviteur, c'est-à-dire celui qui accomplit parfaitement l'action que requiert l'heure présente pour l’accomplissement et la réalisation du tout. L’initié auquel nous faisons naguère allusion n’a d’autre but que de servir à travers ce qu’il est le « plus-grand-tout » avec lequel un contact conscient est établit. Arrivé à ce point la connaissance n’a plus rien d’intellectuel. Est-ce, du reste, un hasard si le terme « véda », signife « savoir », exactement comme le grec « gnosis ». Si le français « connaissance » se décompose en « co-naissance », naître avec, et si l’anglais « understand » signifie littéralement « se tenir en dessous » - en dessous de quoi, si ce n’est de l’idée ? Toutes ces coïncidences seraient-elles de simples caprices du langage ?

Ces quatre logiques répondent, au fond, à quatre grandes questions fondamentales :

Qu’est-ce que c’est ? l’observation puis l’analyse sont d’un grand secours.

Comment ça marche ? la science des interactions s’avère indispensable dès que l’on quitte les cas les plus simples à deux variables

Pourquoi cela plutôt qu’autre chose ? la lecture symbolique révèle le sens de ce qui existe et montre en quoi toute chose est à sa place dans le meilleur des mondes possible en cet instant précis.

Où est ma place ? la lecture analogique décrit la place, en termes de sens et non en termes mécaniques, de chaque entité au sein d’un univers en perpétuel changement.

les quatre voies de connaissance pour penser globalement

Il existe au moins quatre manières d'aborder la question de la connaissance  :

La connaissance scientifique est analytique. Elle s'efforce de découvrir l'identité objective du monde concret. Elle est trop connue pour qu'il soit nécessaire de la détailler plus longuement.

La connaissance « écologique » dégage les lois qui lient ensemble des matériaux concrets. C'est le domaine de l'analyse systémique avec ses boucles de rétroaction. Avec elle les statisticiens modélisent l'évolution de la population de castors en fonction des variations climatiques, du nombre d'individus de chaque sexe et de bien d’autres paramètres.

Il reste les deux autres modalités. Toutes deux traitent d'une réalité abstraite, non matérielle et non physiquement interactive. Ce monde, celui de la signification, là où s'originent les grands mythes de l'humanité, là où les êtres inspirés, qu'ils soient scientifiques, poètes ou mystiques, vont puiser leurs inspirations, nous l'avons appelé ailleurs le monde des inergies par analogie avec le monde des énergies qui s'étend sous l'axe horizontal pour élaborer le contenu des deux premiers quadrants.

Penser l'homme de manière symbolique – troisième quadrant - revient à considérer que la forme de son corps, de ses organes, l'organisation des systèmes sanguins, nerveux et hormonaux par exemple, expriment du sens. De ce point de vue la réponse à la question "qu'est-ce que l'homme ?" serait toute entière révélée par sa forme. Il suffirait d'apprendre à la lire, exactement comme la science a appris à lire le monde objectif. Mais elle le fit d'une manière analytique (quadrant 1) en scrutant finement la composition chimique de la matière, en analysant la substance sans se préoccuper de la forme. Car la science s'est bien gardée d'investiguer la compréhension des formes car cela suppose l'introduction d'une fonction organisatrice, d'une force formatrice, trop proche de la théorie de la grâce divine contre laquelle elle s'est longtemps battue.

La pensée scientifique objective l'homme. Son idéal est le robot.

La pensée écologique socialise l'homme. Son idéal est le citoyen

La pensée symbolique donne sens à la vie humaine. Son idéal est le sage

La pensée opérative (cf.infra) intègre l’homme dans l’univers, son idéal est l’initié

La première observe attentivement son objet d'étude pour le re‑produire

La seconde mathématise les relations et tente de prévoir l'évolution des ensembles

La troisième perçoit ce qui est derrière la forme pour révéler son sens caché.

La quatrième transforme l’être afin de le relier plus efficacement aux autres niveaux de réalité.

Il est aussi inutile que dangereux de juger d’une forme de pensée à l’aune des critères élaborés par une autre. Une telle attitude ne conduirait qu’à de fâcheuses mésententes, à une guerre idéologique en vue d’une « victoire finale » de la conception dominante, mais ce ne serait certes pas un questionnement pour l’acquisition de la connaissance, dans toutes les quatre sens de ce terme.

Ce qui fendillera les certitudes matérialistes (Quadrant 1) et les dogmes métaphysiques (Quadrant 4) ce sera un phénomène de cristallisation : à force d’avoir réponse à tout dans le cadre strict de leurs présupposés ces deux représentations du monde vont réaliser que la connaissance piétine, que les vraies questions – celles de l’origine, de la créativité, de la diversité, de la contradiction – leur échappent. Il leur faudra donc accepter que l’édifice se craquèle sur ses bases pour s’ouvrir à l’inconnu. Il ne s’agit pas ici de la simple remise en cause du savoir face à l’expérience qui est, par exemple, le propre de la science, mais d’un questionnement sur ses fondements même, sur sa méthode et non, simplement, sur ses résultats. Ces quadrants échappent difficilement à la cristallisation intellectuelle car leur contenu est cristallisable car fondé sur une hiérarchie qui accentue la rigidité. Le mètre étalon dans le premier quadrant et la hiérarchie des archétypes dans le quatrième.

Les deux autres quadrants, Q2 et Q3, sont au contraire familiers avec le particulier, la mouvance, le changement, l’adaptation aux besoins du temps. Toute hiérarchie est dissoute au profit d’un équilibre, d’une harmonie. La pensée écologique du second quadrant théorise l’incertitude des mondes physique et surtout biologique, la pensée symbolique du troisième quadrant décode la complexité de l’univers des représentations. Ces deux logiques ne risquent pas la cristallisation intellectuelle car, dans ces domaines, il n’existe aucune recette. A chaque instant tous les possibles sont à réinventer. Comprendre un rêve nécessite de parler avec le rêveur en intégrant son passé, son présent, ses espoirs, ses liens familiaux, sa situation économique, etc. De même, comprendre le fonctionnement d’un biotope suppose de prendre en considération un grand nombre de facteurs comme la qualité des sols, la nature des plantes environnantes, leurs relations entre elles, l’évolution du climat, etc. Autant d’éléments imprévisibles dont les « recettes » jamais ne rendront compte. Sans parler du fait que ce sont des systèmes complexes : la micro-perturbation d’un seul élément peut parfois changer la trajectoire de l’ensemble.

-       Les risques inhérents aux quadrants 1 et 4 seraient de figer la réalité, cette inconnue,  dans des systèmes et des recettes qui marchent : recettes scientifiques comme aujourd’hui lorsque la technique prend le pouvoir sur la science, et recettes métaphysiques comme au Moyen–Age où la philosophie fut enfermée dans la pensée aristotélicienne.

-       Les risques relatifs aux quadrants 2 et 3 seraient de baisser les bras face à un réel sans cesse en mouvement, céder à l’incertitude absolue et au doute car, à chaque fois, il faut toujours tout recommencer, tout réinventer, tout refaire.

Le dernier quadrant fait appel à un mode de connaissance qualifié de "holistique" par Arthur Koesler. Le terme de “holon”, du grec holos - tout - avec le suffixe on suggérant partie, fut forgé dans les années 1930 par Arthur Koestler qui en propose la définition suivante :

“Il n’existe nulle part de partie ni de tout au sens absolu. Ni l’organisme vivant ni le groupe social ne sont des rassemblements de pièces élémentaires; ce sont des systèmes à niveaux multiples et hiérarchiquement organisés de sous-ensembles qui contiennent eux-mêmes des sous-ensembles d’ordre inférieur, à la manière des poupées russes. Ces sous-ensembles - ces “holons”, comme j’ai proposé de les nommer - sont des entités à tête de Janus qui ont en même temps les propriétés indépendantes d’un tout et les propriétés dépendantes d’une partie. Chaque holon doit sauvegarder et affirmer son autonomie, sans quoi l’organisme se désarticulerait et se dissoudrait en une masse amorphe; mais en même temps il doit rester subordonné aux exigences de l’ensemble existant ou en évolution. “Autonomie”, dans ce contexte, signifie que les organites, les cellules, les muscles, les nerfs, les organes, ont tous leur rythme intrinsèque et leur propre type de fonctionnement assisté d’appareils d'autorégulation, et qu’ils tendent tous à persister et à s’affirmer dans leurs types caractéristiques d’activité. Cette tendance à l’affirmation de soi est une caractéristique fondamentale et universelle des holons qui se manifestent à tous les niveaux. En revanche, les activités des holons sont déclenchées, inhibées ou modifiées par des directives venues de niveaux supérieurs de la hiérarchie. Le système régulateur du cœur, par exemple, est régi par le système nerveux autonome et par des hormones, qui à leur tour reçoivent leurs ordres de centres cérébraux qui peuvent contrecarrer les habitudes fonctionnelles des centres subordonnés. Ainsi la tendance affirmative du holon a-t-elle une contrepartie dans sa tendance à l’intégration qui le pousse à fonctionner comme une partie d’un ensemble plus vaste.”

La connaissance holistique, que nous appelons ici « opérative » afin de mettre l’accent sur la créativité, se distingue des approches scientifiques, écologiques et symboliques. Le holon existe comme un tout en relation avec un tout plus vaste au sein duquel il est plus ou moins bien intégré. Penser l'homme de manière holistique revient à comprendre son rôle spécifique vis à vis d'une transcendance, d'un tout plus grand que lui, et réfléchir également au rapport fonctionnel qu'il entretient avec les autres règnes de la nature. Le sens n'est plus exprimé par la forme de l'organisme mais par la position qu'il occupe au sein d'une hiérarchie. La connaissance opérative est nécessairement transcendantale car elle décrit comment  la partie se relie à un plus-grand-tout. Son idéal est le serviteur, c'est-à-dire celui qui accomplit parfaitement l'action que requiert l'heure présente pour l’accomplissement et la réalisation du tout. L’initié auquel nous faisons naguère allusion n’a d’autre but que de servir à travers ce qu’il est le « plus-grand-tout » avec lequel un contact conscient est établit. Arrivé à ce point la connaissance n’a plus rien d’intellectuel. Est-ce, du reste, un hasard si le terme « véda », signife « savoir », exactement comme le grec « gnosis ». Si le français « connaissance » se décompose en « co-naissance », naître avec, et si l’anglais « understand » signifie littéralement « se tenir en dessous » - en dessous de quoi, si ce n’est de l’idée ? Toutes ces coïncidences seraient-elles de simples caprices du langage ?

L’efficacité de la pensée opérative suppose au préalable la familiarisation avec un modèle analogique, en réalité une gnose,  utile garde-fou pour ne pas se laisser déborder par l’opérativité, c’est-à-dire la force transformatrice des symboles qui véhiculent une connaissance vitale, consubstantielle à la nature de l’univers et d’une efficacité redoutable. De tels modèles existent dans la pensée orientale, ce sont, par exemple, les hexagrammes du yi king ou l'arbre des séphiroths. En occident la tradition alchimique ou les logiques emboîtées du zodiaque jouent ce même rôle. Mais, pour l’heure, notre monde occidental s’efforce surtout d’élaborer des modèles logiques pour expliciter le comportement de l'univers-objet, avec le succès que l’on sait.

La grande mutation

Au début de cet ouvrage nous citions Peter Drucker pour qui « à intervalles de quelques siècles, l'Histoire de l'Occident a l'habitude d'entrer soudainement en métamorphose. Elle franchit ce que j'ai appelé une "coupure". En quelques dizaines d'années, la société se trouve complètement remaniée - dans sa conception du monde, ses valeurs fondamentales, ses structures sociales et politiques, ses arts, ses grandes institutions. En l'espace de cinquante ans, un monde nouveau surgit. Et les hommes qui naissent alors sont incapables ne serait-ce que de se représenter le monde où vivaient leurs grands-parents, et où leurs propres parents étaient nés ». Quel adolescent aujourd’hui pourrait comprendre et se représenter le monde dans lequel vivaient les hommes du XXe siècle avec ses luttes idéologiques, ses guerres mondiales, les enjeux de la décolonisation et la division de la planète en deux blocs idéologiques ?

C’est exactement en 1993 que fut mis sur le marché Mosaic, le premier moteur de recherche qui rendit Internet accessible au grand public. Sa simplicité d’utilisation est à l’origine du développement fulgurant du monde virtuel qui est en train de changer radicalement nos manières de vivre et de communiquer. Et, pour rester dans les événements symboliques qui en disent long, Kasparov, le champion du monde d'échecs, est battu pour la première fois par un ordinateur le 31 août 1994.

Sur le plan politique la conjonction de 1993 donnait un nouvel élan à la construction européenne avec l’entrée en vigueur du grand marché unique des douze pays de la C.E.E., l’abolition des frontières et la libre circulation des personnes. Depuis, l’Europe n’a cessé de s’étendre sur un mode juridique. Un processus pacifique assez semblable à celui qui donna aux Habsbourgs la suprématie sur le vieux continent grâce à un extraordinaire jeu d’alliances matrimoniales. Le demi-carré (45°) se formera en mai 2019 et le carré (90°) en 2039, deux moments privilégiés pour questionner la pertinence de la croissance géopolitique de l’Europe communautaire et réadapter éventuellement les institutions fondatrices pour assurer la stabilité du système politique. Les décisions prises en 2039-2042 suite à une crise et à un renouvellement des institutions européennes conditionneront la suite des événements, à savoir un nouvel échec et des divisions entre Etats qui remettront en cause la construction de l’Europe politique lors de l’opposition de 2078-2082. A moins que ne prédomine une nouvelle vision : la conscience que la construction européenne atteindra son apogée. Il s’agira ensuite de développer les dimensions sociale, culturelle, artistique, voire spirituelle de l’édifice économico-politique élaboré entre 1993 et 2078. Cette dernière date correspond analogiquement à l’« Europe des maxima » des années 1910 chantée par Paul Valéry. Juste avant son effondrement dans le cataclysme des deux guerres mondiales.

La triple conjonction Saturne/Uranus/Neptune formée entre 1988 et 1993 est suffisamment rare pour en dire un mot ici. Elle revient tous les 684 ans et se déplace de 64° dans le sens du zodiaque : 6° Cancer (-60), 10° Vierge (- 623), 14° Scorpion (1307) et 19° Capricorne (1993).

Une première triple conjonction prit place entre –60 et -54 en Cancer. C’est en –60, au moment exact de la rencontre d’Uranus avec Neptune, que César, Pompée et Crassus s’associent pour former le premier triumvira. Afin d’asseoir sa popularité, César se lance rapidement dans la guerre des Gaules (-58/-52). La conjonction de Saturne à Pluton de –58 n’est pas étrangère à ce déploiement d’ardeurs guerrières. A partir de l’hiver 54/53 la situation en Gaule se détériore et les révoltes se multiplient - la conjonction Saturne/Uranus est exacte en –54 - mais la reddition de Vercingétorix en –52 mettra fin à ces velléités d’indépendance.  C’est le 14 février -44 que le Sénat confère à César la « dictature perpétuelle ». Alors tout espoir de retour à la République disparaît, l’Empire romain est né. L’assassinat du dictateur un mois plus tard ne changera pas le cours de l’histoire. Après 14 ans de guerre civile Octave deviendra le maître absolu d’un empire pacifié. En trente ans la face du monde a changé pour longtemps.

Le rassemblement suivant des trois planètes se passait entre 622 et 626 dans le signe de la Vierge, c’est-à-dire en synchronicité exacte avec la naissance de l’Islam. En un peu plus de trente années les conquêtes musulmanes furent fulgurantes, elles conditionnent encore aujourd’hui la géopolitique du monde. Nous ne pouvons détailler ici les données astrologiques remarquables et complexes qui accompagnèrent l’assassinat d’Ali le 24 janvier 661, le quatrième successeur du Prophète. Ce drame conduisit au premier schisme et à la formation des courants Sunnites et Chiites. Ces derniers considèrent qu’Ali est le premier successeur de Mahomet et nient la légitimité des quatre précédents.  Bien qu’ils soient minoritaires dans l’Islam les Chiites sont majoritaires en Iran et en Irak. Ce courant religieux prit naissance lors du carré Uranus/Pluton de 661. Pour simplifier, le monde Sunnite résonne avec les cycles Uranus/Neptune et la communauté Shiite avec Uranus/Pluton… comme son « belligérant » actuel, les U.S.A.. Il se trouve que la triple conjonction Saturne/Uranus/Neptune de 1988-1993 du Capricorne formait un trigone (120°) à celle de la Vierge de 622-626… et que la conjonction Uranus-Pluton de 1965 naquit également en Vierge. Tout se passe comme si de vieilles mémoires historiques s’étaient réveillées en 1965 et en 1993, et remontaient dans les consciences musulmanes. Le chiisme hiérarchique et centralisé depuis 1965, et le sunnisme plus ouvert et plus « européen » depuis 1993 refont surface dans la politique mondiale.

Il faut encore citer la triple conjonction de 1306 dans le signe du scorpion qui suivit la fondation de l’empire Ottoman (1299) et accompagna l’épanouissement de la culture islamique.

Peut-on comparer les bouleversements des années 1988-1993 aux grandes transformations géopolitiques qui prirent racine en –60 (César), puis en 622 (l’hégire) et, dans une moindre mesure, en 1306 (l’empire Ottoman) ? Il est certes trop tôt pour l’affirmer, mais il serait prudent d’envisager la période 1988-1993 comme ayant posé les semences d’un monde totalement nouveau dans lequel vivront de nombreuses générations d’êtres humains pendant les sept prochains siècles. Ce ne sera évidemment pas 684 ans d’hégémonie européenne ni de réveil des peuples sud-américains ! Il faut concevoir ce temps comme un processus cyclique avec ses phases d’expansion (1993-2042), de diffusion (2042-2080 environ), de déclin ou de développement culturel (2080-2125) et enfin de remise en question ou de disparition (2125-2166).

Nous avons, jusqu’à présent, évoqué les grandes forces signifiantes qui animent les processus historiques avec la nouvelle Renaissance scientifique de la fin du XIXe siècle et du début du XXe (conjonction Neptune-Pluton) ; le développement des technologies de l’information au risque de la manipulation, la poursuite de l’essor des U.S.A. et un questionnement sur la place de la Chine dans le monde, notamment une limite possible de son développement économique et, enfin, la triple conjonction Saturne/Uranus/Neptune de 1988-1993 qui concocte une nouvelle unité européenne et l’épanouissement de l’Amérique du Sud. Ces « blocs » sont porteurs d’idéaux et de valeurs distinctes qui devront trouver leur territoire d’influence géopolitique au fur et à mesure des interactions entre les trois planètes les plus lentes du système solaire : Uranus et les valeurs d’invention, de liberté, de changement, de révolte et d’indépendance ; Neptune et les valeurs de communion, de partage, de générosité et d’humanisme ; Pluton et les valeurs de métamorphose, de volonté de puissance, de sacrifice et d’affirmation identitaire. Cependant, pour rentrer dans le monde réel, celui des événements économiques, sociaux et politiques, ces valeurs que sont au fond la liberté (Uranus), l’égalité (Neptune) et la fraternité (Pluton) doivent se densifier et prendre des formes. C’est là le rôle de Saturne et de Jupiter dans le symbolisme astrologique. Nous avons longuement montré dans cet ouvrage comment les cycles de Saturne avec Neptune tentèrent de matérialiser l’utopie et, ailleurs, comment les cycles de Saturne avec Pluton explorent un difficile mariage entre le droit et la force[1]. Nous allons maintenant entrer dans le vif de l’histoire en explorant les cycle actuels de Saturne avec respectivement Uranus, Neptune et Pluton.

Pour comprendre comment cela fonctionne il faut se rappeler que ce modèle astrologique de l’histoire ne fonctionne pas avec une logique causale mais relève de la pensée analogique. D’autre part il ne traite pas des événements mais du sens. Chercher une causalité tournerait vite à l’absurde et entraînerait de facto le rejet de ce modèle. En effet il n’existe aucun rapport de cause à effet entre une crise économique et la position d’Uranus et de Saturne dans le ciel par exemple. Il n’existe pas non plus de relation mécanique entre les différentes valeurs attribuées à Uranus : libéralisme, génie créateur, invention, indépendance, impatience, individualisme, mythe du Progrès et sens du paradoxe. Pourtant on sent bien intuitivement que tous ces éléments sont liés par quelques chose. Ce « quelques chose » est un archétype, une force signifiante, un idéal – peu importe la manière de le désigner – unique qui anime la personne (indépendance), le modèle économique (libéralisme), la pensée (génie créateur), l’émotion (impatience) et le modèle social (mythe du Progrès). Certaines nations comme la Chine moderne n’ouvrent la porte qu’à la dimension économique de l’archétype « Uranus » avec l’ « économie socialiste de marché » sans que celui-ci  ne soit intégré dans la vie sociale (la démocratie) et psychique (la liberté individuelle). Ce simple exemple, le fait qu’un état totalitaire puisse devenir une puissance économique mondiale sans passer par la démocratie, montre que tous ces éléments de sens ne sont pas liés entre eux par la causalité. Accepter de penser analogiquement nous permet d’entrer dans le monde du sens et de percevoir comment un fil signifiant « s’incarne » dans des formes aussi diverses que celles que nous venons de citer. Les éléments de notre réalité s’agrègent en un nuage de formes psychiques et événementielles qui, en relation avec d’autres nuages, dessinent les printemps et les automnes des nations et des civilisations. Ce sont donc ces « climats » sociaux, politiques, et idéologiques que nous décrivons ici. Et, pour filer la métaphore, l’orage qui éclate soudainement prend les passants dépourvus de parapluie par surprise. Par contre un orage annoncé aura cette vertu de leur proposer le choix de s’en protéger… ou de profiter des bienfaits de ce don du ciel !



[1] Les sept jours de la création d’Israel (Janus)

Le murmure des mots : la langue des oiseaux

 La langue des oiseaux

Extrait du Petit dictionnaire en langue des oiseaux, Luc Bigé, Éditions de Janus

Les mots nous parlent au moins autant que nous les parlons. Certes, ils ont un sens conventionnel sur lequel tout le monde s’est mis d’accord au fil des siècles mais ce sont aussi des symboles, tant par la géométrie des lettres qui les composent que par les sonorités qui les agitent. C’est cela la langue des oiseaux encore appelée « la langue des anges ». Comprendre ce langage c’est reconnaître que derrière les significations parlées conventionnelles se cache un métalangage autonome qui est celui de l’inconscient. Lacan reconnaissait déjà cela en intitulant l’une de ses conférences « les non dupes errent » pour évoquer « les noms du père ». Et celui qui connaît « les noms du père » n’est-il pas sans racines, « non dupe » de l’emprise des traditions et « errant » seul, à jamais sans références ni « re-pères » ?

L’inconscient ignore nos conventions grammaticales et les origines étymologiques des mots. Il ne se limite pas à l’unique signification que la conscience cherche à leur accorder. A deux choses seulement il est sensible : la sonorité et l’image. Pour le reste il fait feu de tout bois, un peu comme dans les rêves où il utilise les matériaux de la vie objective pour les transformer de manière apparemment chaotique et délivrer, dans son parler symbolique, un message à notre conscience. C’est cela un univers onirique : un monde objectivement irrationnel et chaotique qui ne suit pas les règles de la raison, mais un monde saturé de significations.

Ces deux voies d’expression du sens, celles de la géométrie et de la sonorité, s’enracinent très profondément dans la nature de l’univers. La philosophie tantrique enseigne que la Mère Divine se manifeste par la forme et le nom, et qu’il existe de nombreux mondes sur différents plans de conscience, tous contrôlés par le pouvoir de la Mère Divine. L’objectif de la pratique tantrique consiste à s’identifier au Sans Forme et au Sans Nom situé au-delà de tous ces univers : à la suprême Shakti[1]. Comprendre le jeu des noms et des formes est un premier pas pour sortir de la prison de nos identifications et nous ouvrir au pouvoir, à la conscience et à la bénédiction du Suprême.

Chaque lettre est à la fois un son et une image. Les voyelles portent préférentiellement la sonorité alors que les consonnes, imprononçables sans l’aide des précédentes, existent d’abord par leur graphie. Chaque mot ressemble à une mélodie architecturale qui amplifie les sonorités et les formes des lettres. Nous verrons que les vingt-six lettres de l’alphabet latin représentent vingt-six archétypes, autant de pierres blanches sur un chemin initiatique de transformation et d’évolution intérieure.

Néanmoins ce petit texte sur la langue des oiseaux est à prendre comme un jeu, sans prétentions scientifiques ni même l’intention de proposer une réflexion autour de l’impact des sonorités et des formes des lettres sur la psychologie humaine. C’est donc un jeu avec ses règles, son univers à lui, ses limites, sa grammaire et surtout l’intervention du hasard, de la « chance » de découvrir un nouveau sens caché. Chacun aura cependant remarqué que l’activité ludique dévoile toujours une part de vérité, comme sans en avoir l’air : sur la psychologie des joueurs, sur le fonctionnement des lois de la nature ou sur les présupposés d’une société. Et puis l’amusement libère le cœur et l’esprit des contraintes imposées à l’homme par la société et par la nature. Grâce au jeu, l’être humain cherche « sa muse » et « s’ame-use », il sonde son inspiration et l’usage de son âme. A moins, bien sûr que ce ne soit l’inverse lorsque le jeu devient trop sérieux et remplace, pour le joueur trop accroché, le vrai monde. Dans ce cas s’amuser devient l’action de « s’âme-user », de perdre son âme. Comme toujours chaque mot, chaque concept un peu profond, contient en lui-même une chose et son contraire. C’est là l’une des grandes règles du jeu de la langue des oiseaux, comme nous allons le voir.

C’est donc dans cet esprit de liberté et d’inventivité que nous convions le lecteur à entrer dans ces lignes. Lorsque le ridicule ne tue plus, la pensée prend son envol vers des horizons incertains, parfois sans avenirs, parfois légers qu’une bulle de savon, mais aussi, quelques fois, elle rencontre des perles de sens qui brillent dans le firmament de la conscience. Ce sont ces perles-là, différentes pour chacun, que nous vous convions à glaner au fil des pages, au fil des mots, au fil du jeu et parfois sur le fil du rasoir entre la folie et la raison.

Trop de sérieux, c’est-à-dire trop de sciences étymologique, grammaticale ou sémiologique tuerait la liberté de dévoiler le sens des mots. Ce sens-là ressemble étrangement aux oiseaux qui ont donné leur nom à cette « langue » : ils ne s’attrapent que très difficilement et acceptent à peine de se laisser apprivoiser la fragilité d’un instant lorsque la main se fait caressante et donnante. Ce n’est pas la volonté du chasseur ni son intelligence qui feront tintinabuler leur pépillement, mais des graines posées dans une main amoureusement tendue. Celui qui souhaite attirer les oiseaux ne peut donc que se mettre en position d’attente et d’ouverture à tous les possibles, tout en créant un besoin : celui de la nourriture, celui du sens. Les « oiseaux », ces pépites de sens qui circulent dans l’air, le monde symbolique de la pensée, ne supportent pas les cages. Ils sont rétifs aux barreaux rectilignes et froids qui forment l’armature de toutes nos grilles de lectures. C’est pourquoi évoquer des règles pour attraper les pépites de sens qui circulent ici et là dans l’inconscient du langage et dans la forme géométrique des lettres ne devrait se faire qu’avec parcimonie et prudence. En d’autres termes, ici plus qu’ailleurs, il s’agit d’éviter les systèmes car ce langage est celui de la vie, une vie rétive à l’enfermement dans des définitions qui ne seraient en réalité que des « finitions », que des tombes annonciatrices de la mort.

L’univers du langage ne s’invente pas : il s’explore. Il s’explore dans son immense richesse que ce soit à travers le roman, l’essai, l’écriture automatique, le texte scientifique ou la poésie. La langue des oiseaux représente l’une de ces voix plurielles du langage. Plus peut-être que toute les autres elle se prospecte. Le lecteur se fait orpailleur à la recherche de la pépite qui parlera à son cœur. Nous ne proposons ici que quelques possibilités : chacun en découvrira d’autres parfois plus pertinentes ou formulera les anciennes d’une manière plus explicite. Seule l’expérience aidera à cela.

Les lettres ont une histoire et s’écrivent autrement dans d’autres alphabets. En d’autres termes leurs formes et leurs sonorités varient en fonction du temps et de l’espace. Mais cela n’est-il pas  aussi signifiant ? Plutôt que de rechercher la forme originelle du « A », par exemple, ne faut-il pas prendre acte de sa modification et considérer que cela marque la manière dont une époque et un peuple interprètent au plus profond de son inconscient l’archétype porté par le « A » des origines ? Il s’agit donc de prendre garde et d’éviter de porter un hypothétique alphabet originel au pinacle des choses désirables et disparues, comme un Adam du monde des lettres, comme un Adam du monde de l’être. Car si la forme originelle n’est plus utilisée c’est qu’elle ne répond plus à un besoin. C’est que le monde du sens a changé et s’est transformé en même temps que la lettre qui cherchait à l’exprimer. Si l’on souhaite retrouver la nature profonde du « A » le mieux serait sans doute de rechercher une synthèse dans la manière dont il s’exprime aujourd’hui dans les différentes langues vivantes en notant, comme ici avec le Français, sa forme et sa sonorité.

Ce livre ne sera pas traduit dans trente-six langues ni même dans une seule puisqu’il joue avec les sonorités du Français. Mais rien n’interdit de penser que le génie propre aux autres parlers se prête à un décodage analogue. Peut-être… car le vocabulaire des oiseaux décode la langue « an-glaise » comme un parler des affaires et du monde matériel (la glaise) ; le sans-script » comme une langue sacrée qui est au-delà de toute forme matérielle, fusse-t-elle celle de l’écriture (le script) ; l’ « Al ment » comme la volonté de l’esprit de l’homme (mens) de s’identifier à dieu (Al)… et le « franc s’est » comme une parole de vérité.

 


[1] Krishna Bhikshu, a chakra at sri Ramanasramam in The Mountain Path (april 1965).

Extrait du Petit dictionnaire en langue des oiseaux (Luc Bigé)

La Lune Noire en astrologie

 La Lune noire en astrologie

Nous avons, jusqu’à présent, exploré le contenu de cette « Lune Noire » sur la base d’une analyse symbolique de sa définition astronomique et du matériel mythologique, pour l’essentiel grec et judéo-chrétien, conservé dans la mémoire collective.

Ces réflexions suggèrent plusieurs pistes pour comprendre le sens astrologique des points remarquables du système Terre-Lune. En voici un résumé :

-       La Lune Noire, dans un thème, doit être déployée en croix afin de tenir compte de la présence du petit axe de l’ellipse formée par la révolution de la Lune autour de la Terre.

-       La Lune Noire moyenne, la Licorne, est un lieu d’absolu où gît le mythe fondateur de l’être, son désir essentiel, le don divin qu’il porte en son cœur et en sa claire conscience  de détenir la Vérité.  Mais ce mythe si essentiel  il a tendance à le croire unique au risque d’une extrême intransigeance. Il veut l’imposer à tous en croyant « faire le bien ». Derrière cette attitude intransigeante se cache un refus d’incarnation, c’est là toute l’ambiguïté de la couleur blanche : refus de se salir les mains en les plongeant dans le pétrin, ou pure réflexion de la Lumière  Incréée ?  Enfin la Licorne possède une forte composante sexuelle, mais un sexe situé dans la tête, une vitalité créatrice qui ne peut lui faire aimer que ce qui est de l’ordre de la révélation.

-       La Lune Noire corrigée est un lieu où les énergies émotionnelles et vitales non assimilées par l’ego se sont condensées sous la forme de peurs, d’angoisses, de désirs de mort, de pertes de conscience et de confusions. Pour retourner à la Licorne il faut traverser Lilith, nettoyer ces mirages  émotionnels  qui encombrent l’accès au don de Grâce que chacun porte en lui. Si la Licorne maintient  les images du paradis originel, Lilith incarne celles de la chute en raison de l’orgueil fondamental de l’être qui, à un moment de son histoire, s’est pris pour Dieu.

-       La Lune Noire vraie indique la meilleure manière de revenir vers cet absolu sans sombrer dans l’océan des illusions généré par Lilith. Cultiver les qualités du signe, de la maison et du symbole sabian de cette Lune Noire nous protège de celles-ci.

-       Priape, le point opposé à Lilith, est un point de compensation où l’ego conscient, la personnalité « normale », bien vue par son entourage, chérie par les siens, va se construire. Pourquoi « compensation » ? parce que Priape est la « meilleure » attitude que l’être à trouvé pour échapper à Lilith, à ses peurs et ses angoissent les plus profondes. Dans ce contexte la personnalité se construit contre la peur, grâce à la peur.

-       Hécate, toujours exactement conjointe à la Licorne dans le thème de naissance, propose toujours un choix fondamental. « Fondamental » signifie ici plus que « de vie ou de mort » - c’est le domaine de Pluton qui, au contraire, impose et ne laisse guère choisir ! - mais se réfère à la dialectique existence / inexistence. En faisant ce choix, dont la nature est donné par la maison de la Licorne, l’être décide d’aller ou non vers la lumière de l’hyperconscience qui l’habite… en sachant que celle-ci peut le brûler ou le régénérer pour de longues années. Tous les 10 ans en moyenne – le temps d’un retour de la Licorne sur elle-même dans le thème de la naissance – ce type de décision essentielle se pose.

La sexualité de la Licorne est toute cérébrale, elle ne peut s’affirmer que dans l’admiration de la clarté d’esprit de ses compagnons. A travers l’expérience sexuelle elle cherche à contacter la pure lumière de la volonté divine, l’éclair qui illumine la nuit de son incarnation en lui promettant de revenir, ne serait-ce qu’un instant, à l’expérience intime de l’information  signifiante dénuée de toute lourdeur qui est à son origine, à l’étoile chère au poète qui brille dans la « claire lumière  des azurs limpides ».

La sexualité de Lilith est ivresse des sens ; profondeur, voire lourdeur, du ressenti, jusqu’à la perte de conscience et l’annihilation de soi dans un retour vers la chaude indifférenciation de la matrice primordiale.  Elle s’oppose bien entendu à la claire et fière conscience  de sa différence qu’affirme la Licorne.

La sexualité de Priape est parodie de création, elle multiplie les formes biologiques, culturelles et intellectuelles sans même concevoir une seule seconde qu’en leur sein un Sens cherche son chemin. Ce Sens qui fascine  la Licorne  et que Lilithn a détourné, trahi, pour son plus grand drame. Et par nécessité évolutive.

Seules les Lunes Noires sont des vortex d’inergies actifs. Les autres points - Priape, Affirmation et Soumission, puis, nous en reparlerons ultérieurement, Phœbus, Purification et Elévation - sont là pour endiguer, transformer et finalement  rendre visible à la conscience le mystère sacré qui gît au cœur du couple Licorne-Lilith. La croix n’a d’autre but que de dévoiler les stratégies adoptées par l’être essentiel  pour échapper puis revenir pas à pas vers le sens de son existence, vers son seul désir : l’étoile qui brille au centre de son âme, la mission  à lui imposée par la « volonté de Dieu ». D’abord imbu de la présence Divine (Licorne), puis athée et n’ayant d’autre dieu que sa réussite matérielle et sociale (Priape) il va revenir, plus modestement, certes, vers l’affirmation et l’accomplissement du sens de sa destinée (la Licorne, à nouveau).

La Lune Noire corrigée (Lilith) est une construction énergétique consécutive au refus de la Licorne de s’incarner et de renoncer à son orgueil ontologique. C’est un pur mirage composé des souvenirs non encore digérés de la chute. A l'origine du processus évolutif il n'y a que l'être essentiel : la Licorne. C’est par intransigeance et orgueil spirituel qu’elle construit Lilith. Bien malgré elle il est vrai ! Ici, le proverbe qui affirme que « celui qui veut faire l’ange fait la bête » est à prendre littéralement ! L’ambiguïté de la Licorne mythologique, à la fois douce et terrible, n’est pas une vaine image.

La différence entre Lilith et la Licorne c'est que, avec la Licorne, il n'y a rien de fusionnel. Du point de vue de la Licorne le paradis est d'ordre mental, elle aspire à la fusion avec toute l'information de l'univers, au paradis de la connaissance et du savoir pur. Mais le mental est séparatif, intransigeant, et n'accepte pas l'erreur. Les yeux renvoient à la vision : voir c'est comprendre. La lumière, c’est aussi la Connaissance.

Dans un thème il est essentiel de distinguer Lilith de la Licorne, surtout quand ces deux points ne se trouvent pas dans le même signe. Le signe de la Licorne indique quel est le mythe fondateur de la personne. Le signe de Lilith représente la nature de ses angoisses et de ses peurs les plus profondes, les plus inconscientes aussi. La psychanalyse dira de Lilith qu’il s’agit du noyau psychotique de l’être, là où, s’il y accède trop tôt, il risque d’être « démembré », déstructuré, de perdre toute confiance en lui et en ses capacités.

L’utilisation des sous-phases et des symboles sabians différencie la note de l’absolu de celle du lieu de souffrance, notamment lorsque les Lunes Noires sont dans le même signe, ce qui est assez fréquent. Mais il est sommes toute logique que le lieu de chute soit en résonance avec la nature des excès, des refus et des intransigeances.

Si les deux Lunes Noires sont sur le même degré l’accès aux zones de souffrance est plus difficile, ce qui est à la fois un avantage et un inconvénient ! Si elles se trouvent dans deux signes différents, ou proches de leur maximum de distance (12° d’orbe) alors il est plus facile de rencontrer l’ombre et la peur de l’inexistence… ce qui est aussi à la fois un avantage et un inconvénient !

De même, lors d’un transit par une planète, il est important d’observer précisément  laquelle des Lunes Noires est touchée puisqu’elles prennent des sens totalement différents. Joëlle de Gravelaine avait bien senti cette distinction sans cependant les attribuer aux différentes positions astronomiques. Tantôt, dans son ouvrage Le Retour de Lilith,  elle détaille les valeurs d’intransigeance et d’exigence de la Licorne, tantôt ce sont ses valeurs de confusion émotionnelle, de dépression, de vortex d’énergies négatives, de perte de conscience conjugué avec une d’exacerbation des instincts et du désir, de ce quelque chose d’orgiaque qui appartient à Lilith. Or, dans la pratique, elles sont conjointes mais distinctes.

En termes métaphysiques, la Licorne garde le souvenir du paradis originel. Psychologiquement, c'est l'absolu, la connaissance infuse.

En termes métaphysiques, Lilith est le lieu de la chute hors du paradis originel. Psychologiquement, ce sont les peurs et les angoisses.

Sentez bien cette zone d'intransigeance, de lumière froide et de silence aristocratique, une zone où se côtoient en même temps à la peur de l'inexistence et à un désir d'absolue existence.

L’ennui, c’est que la Licorne veut tout, et tout de suite ! Elle est tellement fascinée par son absolu qu’elle voudrait déjà l’avoir atteint. Selon elle son état normal est juste la perfection. Une impatience qui se conjugue avec un refus de passer par des étapes, de dégrossir le diamant de sa gangue. Elle dira « je veux tout, tout de suite, parce que c’est une évidence, j’en ai la connaissance infuse, la certitude intérieure » tout en se sentant « lie-corps-ne », en refusant les imperfections de l’expérience. Un autre adage du moyen Age affirmait que la Licorne se laissait  mourir de soif au bord de la fontaine car l’eau n’était jamais assez pure. Tout se passe comme si elle vivait en dehors de l’espace et du temps. Elle sait pertinemment ce qui est juste mais ne va surtout pas se donner la peine de le matérialiser, ce serait risquer de dénaturer la pureté de son rêve d’absolu. Le désir de la Licorne est claire conscience. Son refus d’expérimenter est refus de la banalité, de l’imperfection et de la souillure. Elle est soif d'absolu et de pureté. Ici un compromis est une compromission. Jamais l’eau de la fontaine ne sera assez pure. Par fidélité à son idéal elle préférera se laisser mourir de soif plutôt que de prendre le risque d’une eau souillée, même un peu. La Licorne ne supporte pas les à-peu-près, les adaptations, les limitations d’elle-même et de ses compagnons. L’exigence domine ! Jamais elle ne pardonne ni ne remercie car il est normal d’être parfait. Et toute la difficulté sur le chemin de l'évolution sera de transformer cet absolu froid et distant en conscience mystique ouverte au monde et à l'univers. C'est l'incarnation (le Coagula) qui permettra de développer la conscience objective (l’initiation du Nadir) puis la conscience mystique.

La Licorne symbolise le commencement de la grande aventure de l'âme qui a choisi l'incarnation. Si elle devient négatifve elle confronte à la déstructuration de l'image corporelle. La Lune construit l’image du corps de chair et la Licorne le refuse.

La maison de la Licorne sera dans un premier temps une maison refusée ou, plus exactement, inaccessible en raison même de l’exigence qui l’habite. Dans ce champ d’expérience il est « normal » d’être parfait. Une telle exigence vis-à-vis de soi-même et/ou des autres se révèle tellement invivable que, bien souvent, la personnalité va se « réfugier » sur Priape, c’est-à-dire dans le signe et la maison opposés à ceux de la Licorne. Là, elle sera reconnue, valorisée, efficace, construira son ego, acquérra confiance en elle… mais conservera toujours dans le secret de son cœur la nostalgie de ce « seul désir » dont Dame Licorne détient le secret.

On ne peut pas discuter avec une Licorne encore au début du processus évolutif parce qu'elle sait quelle est la vérité. Et elle a raison, sauf qu’elle considère que sa vérité est La Vérité. Elle ne réalise pas qu'il y a 360 degrés zodiacaux, pense qu'il n'y a que le sien, est imperméable à toute conscience objective, c'est-à-dire à toute irruption du monde extérieur, à tout ce qui est autre que sa mythologie personnelle dans la compréhension de sa propre vie. C'est l'orgueil essentiel, celui généré par la conscience d’être une essence.

Prenons un exemple : Licorne en Maison V. C’est la maison de la créativité, de l’éducation des enfants, de l’expression affective, des plaisirs de la vie, ce sont les expériences par lesquelles le personne « prend son pied ». Avec la Licorne en maison V, l’être aura la connaissance infuse de ce qu’il faut faire pour élever les enfants, créer une œuvre, danser, dessiner, vivre une relation amoureuse avec un grand « A »… mais en reste souvent là car produire quelque chose d’imparfait serait à ses yeux une trahison. C’est pour cela que la croix existe : pour l’aider à façonner l’abat-jour filtrant la lumière de son étoile. Mais pour la Licorne c’est là  un difficile chemin de Croix. Evidemment, sur le plan événementiel,  de nombreuses personnes avec une licorne en V ont des enfants : l’interdit n’est pas toujours situé à ce niveau  là ! Mais toutes ont cette même exigence dans l’éducation, toutes acceptent difficilement les conseils des autres car elles « savent » exactement ce qu’il faut  faire, aucune ne supporte les à-peu-près et toutes en souffrent. Leur créativité  est tellement emprunte d’exigence  qu’elles préfèrent ne rien faire plutôt que de créer une œuvre imparfaite. Ce sera tout ou rien… et, le plus souvent, rien.

La maison de la Licorne est le champ d’expérience où nous avons une connaissance infuse,  nous savons ce qu’il faut faire, ce qui est juste. Et en plus nous avons raison : c’est bien là le problème ! La grosse difficulté est que, bien que sachant ce qui est juste, la vie va nous interdire de le mettre en application, et nous allons devoir poser un véritable acte d’humilité :  reconnaître qu’il est impossible de faire comme ça même si nous savons que c’est cela qui est juste. L’impossibilité de vivre dans la pure conscience de la vérité perçue n’est pas due à une illusion d’optique, mais à l’orgueil. Un orgueil ontologique qui ne tient pas compte des limitations et des faiblesses, les siennes et celles des autres. Un orgueil qui voit d’emblée à travers l’autre ce qu’il pourrait être s’il était parfait en passant allègrement par dessus sa nature « humaine », trop humaine. La  Licorne à voulu imposer un absolu, juste en soi, mais non adapté à la réalité. Dans un premier temps, otage de son idéal, elle ne réalise jamais que l’autre existe, elle n’a pas le sens de l’altérité .Son exigence est faite de lumière, non d’amour.

Elle a besoin de découvrir l’amour, le sens de l’Autre dans toute sa différence et sa spécificité à jamais inaccessible. Elle devrait reconnaître qu’elle ne peut pas tout connaître, que la corne du pourvoir ne peut à elle seule percer tous les secrets de ce monde.

Une Licorne en VII sauratrès bien quel mode de relation absolue elle veut établir avec l’autre mais, en général, elle n’en établit pas parce quelle exige que ce soit tellement parfait  - tellement sacré en réalité - qu’elle n’en a pas ou, si elle en a une, elle risque de projeter sur son compagnon cette exigence de pureté, de considérer comme normal qu’il soit parfait, de demander qu’il la comprenne silencieusement en une même communion au sein « des azurs limpides ». La Licorne en VII sait ce que devrait être une relation, mais elle ne réalise pas vraiment qui est l’autre. Elle porte en son cœur le sens d’une relation spirituelle et sacrée –  dans le couple, mais aussi dans toute relation de personne à personne. Cependant, cette mission l’habite tellement qu’elle éprouve de la difficulté à accepter chez autrui tout ce qui brouille sa vision, ne serait-ce qu’un peu. Alors, fidèle à son exigence, elle risque de se retrouver seule. Lilith en VII, par contre, révèlera une peur viscérale du rejet, des mémoires obscures d’avoir été «chosifié » dans le relation et la peur de se laisser manipuler, d’être trahi et trompé. Lilith en XII rappelle des mémoires d’enfermement physique ou psychique (selon son signe), le peur de ne pas avoir d’espace, mais aussi celle profonde, viscérale, inconsciente de se laisser manipuler par des groupes à orientation ésotérique qui utilisent des rituel ou des cérémonies « magiques ».

La maison de Licorne sera dans un premier temps vécue en termes de refus, d'absolu et d'intransigeance. La demi-mesure sera considérée comme une trahison. En maison V, la personne pourra faire le sacrifice de son potentiel créateur en se voyant incapable de produire un « Picasso » dès le premier coup de pinceau. Au début du chemin évolutif la maison de la Licorne est refusée pour deux raisons :

-       Le désir de perfection inhibe l’action, l’idéal reste au ciel.

-       Le plus souvent Lilith côtoie le Licorne dans le thème de naissance. L’absolu est entouré de mauvaises fées qui susurrent  « si tu fais cela, tu vas mourir, tu risques de retomber dans l’insupportable expérience de l’inexistence ».

Le but du jeu consiste prendre conscience de ces peurs puis de mettre la croix en mouvement afin de ne pas rester coincé dans la maison et le signe des Lunes Noire. De se souvenir aussi sans cesse que la Licorne est une grâce.  Souvenons-nous de la relation Licorne/MC, étoile intérieure/étoile extérieure. L’idée générale étant de parvenir à exprimer la vérité que porte cette Licorne avec l’orgueil  en moins et l’Amour en plus. Une des clés pour travailler la Licorne est l’ouverture du cœur à l’aide des valeurs représentées par Neptune dans le thème.

Une fois encore, il faut traverser Lilith pour retourner à la Licorne. « Traverser Lilith », c’est réaliser intérieurement qu’il s’agit d’une construction émotionnelle qui, si elle n’est pas doucement conscientisée, nous conduit régulièrement à nous mettre dans des situations répétitives de fuite, des conduites d’échec, qui nous spolient de ce qui, pour nous, est essentiel : le « seul désir » de la Licorne. « Traverser » ne veut pas dire passer son temps à faire de la psychothérapie[2], cela signifie voir que ce sont ces peurs, les voir afin de ne plus se laisser manipuler par elles. Mais il ne s’agit pas de passer son temps à travailler dessus, il vaut mieux développer les qualités d’Uranus dans le thème natal. Uranus est la clé qui permet de « voir » Lilith et Lilith est la clé qui ouvre la porte de la Licorne. Lilith, c’est le « gardien du seuil », le dragon mythologique qui garde l’accès au potentiel de lumière.

Le signe de la Licorne révèle la nature du mythe personnel, le type d'absolu qui alimente la vie intérieure. Le signe de Lilith dévoile la nature des peurs et des angoisses qui submergent l'être, tout ce qui le confronte à un sentiment d'inexistence.

 


[1] Les autres éphémérides donnent en général les positions moyuennes (Licorne) et corrigées (Lilith), alors que les logiciels calculent la position de Lilith, mais il est prudent de vérifier.

[2] De nombreuses psychothérapies contemporaines (pas toutes, heureusement !) traitent du plan de la personnalité et cherchent à adapter celle-ci aux comportements sociaux en vigueur. Or le « travail » sur la Lune Noire touche la plan essentiel, métaphysique, de l’être. Une dimension que la psychologie contemporaine ignore, voire considère comme pathologique.

Pour aller plus loinLa Lune noire, un vertige d’absolu

 

 

 

Mercure, la meilleure manière de se relier à soi-même et au monde

Mercure en astrologie

Dans un thème, Mercure représente la manière particulière qu'a la personne pour découvrir son environnement et se lier à lui sans danger. L'attitude de base consiste à  accentuer la légèreté, le mouvement, les affleurements par petites touches, la superficialité, la curiosité vite satisfaite, toutes choses qui permettent de ne jamais s'engager vraiment et respectent un vital besoin de liberté. Sans le bouclier de son habileté manuelle, intellectuelle, relationnelle, l'être se retrouve vite désemparé. Il devient le spécialiste de l’improvisation ; éternel adolescent il ne cesse de jouer la désinvolture. Un "jeu" qui peut le conduire à développer une véritable virtuosité dans un domaine qui réclame rapidité et ingéniosité si ce Mercure découvre une passion. Cependant il est vrai qu'en absence d'une bonne structure (Saturne) ou de puissantes ressources en inergies (Soleil, Mars) l'être, à force de frôlements multidirectionnels, risque la dispersion, voire l'épuisement nerveux ou mental.

Cette planète relie les deux pôles de toute dualité. Non pour en réaliser la synthèse mais afin d'en accentuer les différences. De cette comparaison surgit la prise de conscience et le pouvoir de nommer les choses, de re-connaître les objets intérieurs et extérieurs chaque jour côtoyés. Maître des mots, Mercure use et abuse parfois de son nouveau jouet. Du discours à la propagande, de la capacité de faire comprendre ses points de vue aux autres à la logorrhée verbale, de la finesse à la ruse, de la légèreté à la démission, de la libre pensée à l'inconstance dans ses opinions toutes les gradations existent selon les personnes, les jours et les humeurs ! A l'extrême, Mercure est profondément amoral, picorant ça et là en fonction de ses préoccupations immédiates. Plus tard les symboles produits par Mercure vont devenir des outils indispensables à une compréhension synthétique et globale du monde où se meut l'individu. Celui-ci commence à utiliser ses dons d'analyse pour se comprendre. Il décortique finement le fonctionnement du penseur, l'accès à la ruse lui est maintenant fort utile pour dépister le grand jeu de traces qui se noue entre le conscient et l'inconscient. Il découvre alors que le double sens du mot "réfléchir" ne recouvre en fait qu'une seule et même opération. En observant d'un œil détaché l'ombre et la lumière, le bien et le mal, le beau et le laid, l'agréable et le désagréable il comprend que chaque dualité forme un tout insécable comme la paume et le dos d'une même main. Ce qui était à ses débuts amoralité devient absence de jugement, regard objectif dénué de critique et d'appréciation. Fidèle image de son archétype, Hermès, l'individu maître de Mercure devient "le Messager des Dieux", celui qui comprend la double nature de toutes les instances psychiques et procède à leur réconciliation.

Outre ses dons d'habileté et de finesse Hermès est psychopompe, il guide l'âme des défunts dans le royaume des morts. Dans ce voyage il n'encourt aucun danger car il voit et comprend. Le recul procuré par la pensée et la parole est la condition sine qua non à toute aventure dans le labyrinthe de l'être où se côtoient sombres ruelles humides proches de l'éboulement et corridors lumineux. Au moyen de Mercure la toile où s'imprime le dessin de l'être global est tissée fil à fils, mot à mot, avec une même attention vigilante aux passages brodés de noir, de rouge ou de blanc.

L'infatigable trouvère va au-devant de sa dernière conquête : celle du vide. Comme son nom l'indique dans la langue des oiseaux, il va "vers le trou". Tout ce chemin, tout ce savoir, tous ces efforts et cette ingéniosité déployée pour rencontrer le trouble. Mais aussi qu'elle merveille que ce lieu de Silence, ce lieu neutre car non duel où se polarisent le "haut" et le "bas", les « inergies » de l'âme (Soleil) et les aspirations de la personnalité (Lune) . En acceptant le trouble, le non savoir, l'être entre consciemment dans ce point de contact qui est chenal de communication avec son âme. Là il reçoit les impulsions du Ciel qui seront traduites en paroles et en écrits dans la seule mesure de son développement mental antérieur.

Grâce à l'incorporation des inergies "mercuriennes" l'homme se détache du mythe ; par l'analyse il se décolle psychiquement de cette fascination-prison envers les archétypes qui caractérise la pensée magique des peuples primitifs. La mythologie chrétienne ne raconte pas autre chose lorsque Adam mange du fruit de l'arbre de la connaissance. Il s'ensuit une chute hors du paradis. Privé du soutien inergétique de l'archétype solaire (divin) l'homme foule pour la première fois le long sentier du temps.

Les quatre niveaux de lecture de Mercure se résument ainsi :

1. Jeu et superficialité afin de se protéger du contact direct de l'inergie solaire.

2. Discrimination : "cela est vrai ou faux".

3. Conciliation : "tout a un sens pour vérification et rectification de ce que je suis".

4. Canalisation. Le cerveau "trans-met" le Verbe.

On ne devrait pas sous-estimer l'importance de Mercure dans un thème natal en la réduisant simplement au mode de pensée propre à une personne. Par Mercure, l'être se dit. Il parle du "dit" de la déité (D.I.T.) qu'il est fondamentalement. S'approprier Mercure, s'approprier sa parole par-delà les savoirs et les réflexes mentaux superficiels, c'est avant tout exprimer une vibration, un son, que portent les mots. Cette vibration met l'être en contact avec son centre intérieur de lumière et ouvre ainsi le canal de la créativité. Planète intérieure à l'orbite de la terre, la plus proche du Soleil, Mercure est le Son par Qui nous existons avant d'être "leçon" mémorisée par l'ego lunaire.

Mercure dans les signes indique notre manière particulière de comprendre, d'ordonner et de communiquer nos perceptions. Par extension on y verra le type de mentalité de la personne, son type d'intelligence. C'est aussi la forme énergétique du mentat, la tonalité sur laquelle la personnalité reçoit les messages de l'âme.

En Maisons, Mercure indique le champ d'expérience vers où se dirige spontanément notre curiosité intellectuelle, le lieu dont nous sommes le plus aptes à formuler les mécanismes et les lois. Dans la Maison de Mercure nous sommes à l'aise pour communiquer nos idées et voir objectivement les tenants et les aboutissants d'une situation.

Mercure en signes de Terre (Taureau, Vierge, Capricorne). La personne possède une intelligence pratique. Avant de comprendre et d'accepter quelque chose elle a besoin de preuves tangibles. Une fois acquis, ce savoir doit s'appliquer à résoudre des problèmes concrets, même s'il s'agit d'équations mathématiques ou de questions juridiques. On apprend par la pratique et l'expérience tout au long de sa vie, amassant ainsi une somme de connaissances sûres et permanentes.

Mercure en signes d'Eau (Cancer, Scorpion, Poissons). La personne possède l'intelligence du cœur. Bien qu'il lui soit parfois difficile de différencier pensées et sentiments elle cherche à comprendre ses motivations personnelles ainsi que celles de son entourage. Le facteur humain joue un rôle essentiel dans les processus d'acquisition du savoir. Mis à l'aise émotionnellement l’être comprend avec beaucoup de finesse, surtout quand il s'agit de percevoir les mécanismes de la psyché ; en milieu hostile par contre il perd rapidement ses moyens car il se laisse impressionner par ses émotions.

Mercure en signe d'Air (Gémeaux, Balance, Verseau). La personne possède une intelligence de type encyclopédique. Elle a tendance à amasser des connaissances de type très divers, à lire beaucoup, parler beaucoup, se déplacer beaucoup. Elle épate volontiers ses amis par la pertinence de ses questions ou la sagacité de ses réponses. C'est une pensée sans cesse en mouvement, curieuse de tout, qui encourt le risque de la superficialité et de l'intellectualisme.

Mercure en signe de Feu (Bélier, Lion, Sagittaire). La personne possède une intelligence intuitive. Elle se sent à l'aise dans la formulation de projets de grande envergure. Elle convainc grâce à son enthousiasme et sa foi, entraînant à sa suite l’approbation et l'admiration de son entourage. Elle encourt le risque de se laisser séduire par des idées lumineuses mais sans substance, idéales mais inapplicables. La pensée se préoccupe de ce que le monde pourrait être bien plus que de ce qu'il est.

Mercure en Feu : on apprend grâce à la foi en ses maîtres.

Mercure en Air : on apprend par le jeu et par soi-même.

Mercure en Eau : on apprend comme on est aimé.

Mercure en Terre : on apprend par le corps et la pratique

Le Soleil, la conscience d’être soi

Le Soleil en astrologie

L'astre central représente un état de plénitude potentielle ! Seule fonction qui ne dépende pas de l'Autre pour exister, il se définit par autoréférence : c'est l'être pur. Dans un thème il traduit le besoin qu'a l'individu de devenir lui-même, son aspiration consciente à s'exprimer en tant qu’unité individuelle. Utiliser l'inergie du signe Solaire revient à accroître sa confiance en soi et sa plénitude d'être. Le zodiaque représente ici les douze voies de croissance en conscience offertes à l'homme global.

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En signes de Feu : par l'expression de son individualisme et de son esprit d'entreprise l'être rayonne la joie et l'enthousiasme de sa nature profonde.

En signes d'Eau : par la reconnaissance et l'acceptation de sa sensibilité et de ses émotions l'individu découvre la plénitude intérieure.

En signes de Terre : par la construction et l'effort personnel sont atteintes la paix et la stabilité.

En signes d'Air : en développant capacité relationnelle et curiosité intellectuelle surgit le grand éclat de rire de la liberté sans limites.

Pour parvenir à la globalité de lui-même le Bélier devrait toujours conserver une totale confiance en son intuition, sentir la vie de l'univers se déverser en lui, affronter avec défi de nouveaux commencements comme des opportunités renouvelées d'affirmer sa personnalité. Il a besoin d'une cause pour laquelle dépenser ses inergies s'il ne veut sombrer dans le vide.

Le Taureau devrait s'attacher à ressentir son corps, à se construire un environnement matériel stable, à travailler la matière. La conscience de soi - du Soi - s'accroît de manière concrète et tangible à mesure que la personnalité accepte de s'incarner dans la matière.

Les Gémeaux devraient aller d'aventures en aventures en ne s'attachant qu'au changement, récolter une large moisson d'expériences variées, lire, parler, communiquer jusqu'à ce qu'il réalise son unité d'âme avec ses frères.

Le Cancer devrait laisser se déployer toute sa sensibilité, accueil à lui-même puis aux autres. Accepter et aimer son corps comme symbole de son identité.

Le Lion devrait affirmer sa personnalité haut et fort, quitte à porter de l'ombre sur son entourage. Par l'incarnation de son désir de paraître il finira par trouver sa juste place.

La Vierge se réalise en amenant à la perfection son petit coin d'univers. Elle atteint à la globalité d'elle-même lorsque son savoir devient utile.

La Balance se nourrit des activités culturelles de son milieu, elle atteint la plénitude dans une relation privilégiée avec l'Autre.

Le Scorpion devrait avoir le courage de regarder puis d'aimer l'obscurité de sa nature pour gagner le droit de dissiper les ténèbres extérieures. C'est le mythe de St-Michel qui tient en respect le Dragon, gardien du trésor.

Le Sagittaire devrait agir sur la base de sa connaissance des hommes et de leurs motivations. Dans son action il a besoin de légitimité ainsi que de réaliser une œuvre socialement significative.

Le Capricorne devrait développer sa capacité de maîtrise de lui-même pour assumer ensuite des responsabilités sociales.

Le Verseau, en allant à contre courant des valeurs normatives, rappelle au monde que l'aventure de la pensée n'est jamais terminée.

Les Poissons, réceptifs aux grands courants de l'invisible, nous rappellent la finitude de toute aventure trop humaine.