La Marée Solaire
La Marée Solaire
Tout objet ou événement extérieur est susceptible de satisfaire à deux lectures : l’une, physique et quantitative, représentée par sa description et son observation objective ; l’autre, symbolique et qualitative, représentée par la perception intuitive de son sens. Appliquons cette logique-symbolique au système solaire en son entier en suivant la voie tracée par Rudhyar : l'inergie unitaire solaire se différencie au fur et à mesure de sa capture par les planètes et, ce faisant, révèle progressivement leur nature essentielle. Dans une optique symbolique, et par conséquent chargée de sens, nous pouvons considérer le système solaire comme un grand symbole cosmique dont le décodage clarifie les grands principes sur lesquels reposent toute construction : construction physique (une maison), biologique (une cellule), psychologique (un individu) et spirituelle (un Avatar). Planètes et luminaires sont les seuls composants du système astrologique à avoir une réalité matérielle indéniable. Signes et Maisons ont une réalité symbolique basée sur la puissance archétypale des chiffres de un à douze. Les Nœuds Lunaires, la Lune Noire, les planètes noires et, peut-être, d'autres lieux encore à découvrir, ont une réalité géométrique. Points vides de l'espace ils focalisent dans l’invisible - dans les profondeurs inconscientes du psychisme individuel et collectif - les inergies distribuées par les planètes. Dans une dernière série de facteurs astrologiques se classeront les parts arabes, le point d'illumination, la part d'Esprit etc., qui, tous, relèvent d'une opération arithmétique.
Les planètes sont des points de concrétisation d'un processus continu de croissance qui a sa source dans le Soleil, chacune d'elle est une étape à atteindre puis à dépasser dans un triple mouvement d'acquisition (phase cardinale), d'identification (phase fixe) et de lâcher prise (phase mutable) avant d'atteindre la station suivante.
Unique par sa fonction - qui est de générer de l'énergie - et par sa taille, le Soleil apparaît ici comme source de vitalité. Prana, Ki ou énergie éthérique selon les traditions, il est l’énergie qui soutient tout organisme. Puissance rayonnante, il brûle d'une vive intensité en déversant de la lumière blanche, synthèse de toutes les couleurs. Sa correspondance microcosmique sera naturellement le noyau, le cœur, le centre de tout organisme, vivant ou inerte. Toute genèse, tout germe, prend son origine dans le Soleil réel et symbolique. Un organisme croît et crée toujours à partir de son centre, position indispensable car ce centre a un pouvoir intégrateur, pouvoir de gravitation ou de cohésion dans la nature, pour attirer à lui les "collaborateurs" dont il a besoin. Etre dans son Soleil revient à se placer au centre de soi-même, centre autour duquel gravitent tous nos "moi" transitoires et circonstanciels. Sur le plan astronomique, toutes les planètes sont confinées dans le champ d'attraction solaire. L'astre représente la force d'intégration qui permet à tout organisme de rester unifié. Sur les plans physique, biologique, psychologique et spirituel la fonction solaire sera toujours la même : une puissance d'intégration et de synthèse. Point-référence de toutes les planètes, il est le garant de l'unité du système solaire et, symboliquement, de tout organisme.
Comme le suggère son mouvement oscillatoire décrit par les rapides passages de la planète d'un côté puis de l'autre de l'écliptique, Mercure sanctionne la première différenciation de l'énergie solaire. De plus son excentricité anormalement élevée (aplatissement du plan de l’orbite de la planète) suggère un mouvement d'inspir et d'expir, en réalité la naissance du rythme. Si le Soleil trouve sa correspondance avec le cœur des atomes, Mercure symbolise tout ce qui émane directement de ce centre. Ce sera l’électricité produite par un transfert d’électron, l’énergie nerveuse induite par une onde de dépolarisation, l’indice de toutes les différences de potentiel.
Avec Mercure naît la dualité - et la première dualité réside dans la polarité des particules chargées positivement et négativement - et par conséquent l’objectivation de l'immense puissance solaire indifférenciée. Avec la charge électrique apparaissent les premiers phénomènes d'attraction et de répulsion propres à Vénus.
La mise en vibration du point solaire conduit naturellement à une nouvelle étape de la manifestation du cœur. Caractérisée, comme Uranus, par une rotation axiale rétrograde elle correspond à une individualisation de l’inergie. En effet si la révolution orbitale, qui est un mouvement autour d'un centre, se rapporte au collectif (comme cela est le cas pour le zodiaque, chemin parcouru par la Terre autour du Soleil), la rotation axiale se rapporte à l’individualité de la planète (les Maisons, rotation de la Terre en une journée). L'inclinaison de l'axe polaire par rapport à l'écliptique indique le degré d'implication de l'individu dans le collectif.
Vénus construit la forme archétypale ou ira se lover la matière lunaire, elle est le champ magnétique d'où émergent les lignes de force essentielles du futur individu. Uranus aura ce même rôle, construire un organisme unique et indépendant, mais du point de vue de l'affirmation extérieure (planète sise au-delà de l'orbite de la Terre) alors que Vénus, à l'intérieur de l'orbite de la Terre, définit sa forme essentielle.
Satellite de la Terre, il procède à toute naissance. Naissance d'un organisme concret sur la base d'un champ de forme archétypal (Vénus) et de l'énergie électrique (Mercure). De par sa position privilégiée de satellite, la Lune se réfère essentiellement à toutes les expériences terrestres. Elle est centrée sur la Terre, sur le développement de la vie organique. A partir de notre planète les choses ne sont plus abstraites, mais reposent sur une cellule préoccupée de sa survie. La fonction de la Lune est d'offrir à la parcelle de vie (Soleil) qui a su se séparer de la totalité (Mercure) puis se créer une forme potentielle (Vénus), la substance adéquate à son expression concrète. Elle est directement concernée par tous les phénomènes de croissance, comme le suggère sa forme changeante. Elle nourrit l’être physique (aliments) comme l’être psychique (images, rêves).
Tous les facteurs lunaires (Nœud Nord et Nœud Sud, Lune, Lune Noire) sont circumterrestres, par conséquent ils décrivent l’évolution, le mûrissement puis le dépassement de l'ego.
Les organismes qui virent le jour à l'étape précédente ne demandent qu'à croître et à se multiplier, c'est une étape de conquête et d'invasion de nouveaux territoires.
Si l'énergie provient toujours du soleil, elle est assimilée par l'organisme lunaire. Aussi Mars représente l'activité, sous toutes ses formes, de cet organisme. Alors que le Soleil diffuse dans toutes les directions, Mars focalise son énergie dans une seule direction à la fois. Ici le plus faible disparaît irrémédiablement au profit du plus fort, c'est-à-dire ceux en qui l'énergie solaire est transformée avec le meilleur rendement. C'est une période de haute lutte. Au niveau biologique Mars symbolise la division cellulaire, la reproduction sexuelle, les comportements de défense du territoire et de conquête de nouveaux espaces. Cette planète est en relation privilégiée avec les organismes unicellulaires (virus, bactéries) et les organismes capables de transformer l'énergie lumineuse (chloroplastes) ou chimique (mitochondries). Cette phase d'évolution s'inscrit parfaitement dans la théorie Darwinienne de la sélection naturelle (Avec Pluton dans le rôle de facteur mutagène).
Les astéroïdes entre Mars et Jupiter représentent les obstacles que doivent surmonter les organismes biologiques pour s'étendre toujours plus loin. La phase de croissance se heurte nécessairement, tôt ou tard, à l'épuisement du milieu.
Lors de cette étape certains organismes comprennent les avantages de la coopération sur la compétition. Ainsi en est-il des Actinomycètes qui, lorsqu'ils disposent d'une grande quantité de nourriture sur le sol de la forêt, agissent comme un groupe de cellules individuelles, chacune étant indépendante de ses voisines et vaquant à ses propres occupations. Mais lorsque la nourriture vient à manquer, ces individus fusionnent en une entité collective. Ils se rejoignent pour devenir un être unique qui se déplace sur le sol de la forêt, et se séparent à nouveau lorsque la nourriture réapparaît. Cet exemple illustre clairement la fonction Jupitérienne qui est le passage d'un comportement individuel (Mars) à un comportement collectif sous la pression de la nécessité.
Avec Jupiter nous assistons à la formation d'organismes pluricellulaires mieux adaptés aux conditions difficiles de leur environnement. La synergie prime sur les efforts d'individus séparés et avides. Jupiter est cette fonction qui rassemble les siens en une unité plus vaste, il impose la formation de communautés de ressemblances. Communautés d'intérêts au niveau humain (corporations, partis, cercles d'amis, cercles de pensée…) ; au niveau biologique formation d'organes composés de cellules à même vocation. Ce rassemblement des cellules pour former des organes, et des hommes pour constituer des tribus, génère une nouvelle forme de chaleur . Une chaleur issue de la mise en commun du surplus d'énergie libéré par Mars, qui profite à l’ensemble de l’organisme ou de la communauté. Chaleur protectrice au sein de laquelle chacun va entamer le long processus de différenciation saturnien.
Le grand processus d'attirance du semblable par le semblable mené à terme produit nécessairement des choses différenciées. Plutôt que de retourner vers une activité individualiste de type Martienne comme le fait l'actinomycète, l’organisme Saturnien découvre les avantages de la spécialisation et du cloisonnement. Les cellules se différencient, chacune accroissant sa compétence en vue de la production de quelques substances spécifiques. De plus, s'il souhaite maintenir cet embryon d'organisation interne, l’organisme doit apprendre à sélectionner les nutriments de son environnement en fonction de ses besoins. Il apprend, peu à peu, à fonctionner comme un tout séparé et autonome. Ici œuvrent les germes du processus d'individuation. Cette période saturnienne correspond à tous les processus de cloisonnement, de limitation et de structuration : la peau et les os en biologie, mais aussi les cellules hyperspécialisées comme les neurones, les frontières et les lois d'une nation, les moyens de production spécialisés (usines…), la Taylorisation du travail, etc.
N'oublions pas que si l'inergie vitale solaire paresse trop longuement sur l'une de ces stations planétaires elle creuse le sillon d'une impasse évolutive. Ainsi en fut-il des bactéries (Mars) comme de ses colonies de termites (Saturne), spécialisées à un tel degré de perfection qu'elles semblent défier le pouvoir transformateur du temps.
Idéalement l'énergie Solaire qui prit forme (Vénus) dans un organisme (Lune) fonctionnel (Jupiter) et spécialisé (Saturne) reflue vers son centre. Suite à la phase involutive d'incorporation de l’inergie universelle, vient la phase évolutive caractérisée par la formation d'une identité individuelle. Le corps biologique ou social précédemment élaborés deviennent le support d'une nouvelle qualité : la conscience de soi ou, sur le plan collectif, la conscience de groupe.