Le rythme du zodiaque

Quasiment toute l’astrologie est contenue dans le zodiaque ! Certes, cette affirmation est un peu exagérée, mais les logiques emboîtées de ce système de représentation du monde sont exposées dans cet ouvrage et utiles pour le reste de la pratique astrologique. C’est pourquoi nous mettons ici ce livre de Rudhyar, astrologue, mais aussi peintre, musicien et philosophe, qui sut remarquablement mettre en évidence la manière dont l’ensemble du zodiaque est un tout cohérent, depuis l’étincelle de sens qui jaillit en Bélier jusqu’à son universalisation dans les Poissons. Dane Rudhyar à développé ce qui est aujourd’hui connu sous le terme « d’astrologie humaniste » et je dois confesser que c’est grâce à ses ouvrages que j’ai continué à m’intéresser à ce sujet. Il serait trop long de citer ici tous ses travaux, mais deux autres livres me semblent importants : les Symboles Sabians et le Triptyque astrologique.

  • Editeur : Editions du Rocher; Édition : EDITIONS DU ROCHER (11 avril 1997)
  • Collection : Astrologie
  • d'occasion

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Encyclopédie des symboles

Cet ouvrage de plus de 1400 pages est une Bible !

C’est le dictionnaire que j’utilise le plus souvent pour comprendre le sens d’un symbole, qu’il s’agisse d’un animal, d’un mouvement, du corps humain, d’une couleur ou encore d’une autres images. L’auteur est parti de l’existant – un corpus important de rêves éveillés – pour en déduire le sens des symboles qui s’y trouvaient en les recoupant et en tenant compte du contexte. C’est donc une véritable démarche scientifique qui le conduit à dévoiler le langage de l’inconscient.

On pourra regretter l’accent mis sur la lecture psychanalytique, mais Georges Romey défend, dans son introduction, la thèse de la symbolisation par construction, liée aux processus neuronaux. Ce qui est en accord avec la théorie freudienne. Même si nous préférons, pour des raisons amplement développées dans les articles de ce blog, l’approche qui suppose une préexistence du sens cet ouvrage est une référence sûre pour comprendre le sens des symboles dans les mythes, les rêves et la vie quotidienne.

  • Relié: 1468 pages
  • Editeur : Quintessence (17 octobre 2005)
  • Prix : 76,10 €

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La grande déesse

Cet ouvrage d’une grande richesse iconographique recense puis explore les signes et les dessins que nous a laissé la civilisation du Néolithique (entre –7000 et –3500 environ) qui s’étendait alors sur toute l’Europe. L’auteure, ethnologue, en décrypte les symboles et dévoile les différentes facettes de la Grande Déesse, avant que les traditions monothéistes patriarcales ne recouvrent ses dons et ses multiples visages. C’est le seul livre que nous avons trouvé qui décrit les formes symboliques de la Déesse – Oiseau, Serpent, Cerf… - et son langage – spirale, méandre, vulve…- à partir des traces historiques et, bien sûr, sans tomber dans des interprétations psychologisantes sur l’éternel féminin. C’est une source remarquable d’informations et de matières premières pour une réflexion sur les représentations du monde des peuples qui ont précédé l’univers Indo-européen devenu notre quotidien.

Sur l’organisation des mégalithes on pourra aussi se référer aux travaux d’Howard Crowhurst qui montre comment, grâce à la géométrie et aux nombres, nos ancêtres établirent des liens architecturaux entre le ciel et la terre, et à quel point cette civilisation du Néolithique formait une unité puisqu’il existe des rapports géométriques précis entre les alignements de Carnac et d’autres en Europe. Il montre également pourquoi le système métrique, fondé sur la circonférence terrestre, existait déjà à cette époque.

  • Broché: 415 pages
  • Editeur : Editions des Femmes (8 décembre 2005)
  • Collection : BEAUX LIV ALBUM
  • Prix : 50 €

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Quatre manières de voir le monde

Il existe au moins quatre manières d'aborder la question de la connaissance  :

La connaissance scientifique est analytique. Elle s'efforce de découvrir l'identité objective du monde concret. Elle est trop connue pour qu'il soit nécessaire de la détailler plus longuement.

La connaissance « écologique » dégage les lois qui lient ensemble des matériaux concrets. C'est le domaine de l'analyse systémique avec ses boucles de rétroaction. Avec elle les statisticiens modélisent l'évolution de la population de castors en fonction des variations climatiques, du nombre d'individus de chaque sexe et de bien d’autres paramètres.

Il reste les deux autres modalités. Toutes deux traitent d'une réalité abstraite, non matérielle et non physiquement interactive. Ce monde, celui de la signification, là où s'originent les grands mythes de l'humanité, là où les êtres inspirés, qu'ils soient scientifiques, poètes ou mystiques, vont puiser leurs inspirations, nous l'avons appelé ailleurs le monde des inergies par analogie avec le monde des énergies qui s'étend sous l'axe horizontal pour élaborer le contenu des deux premiers quadrants.

Penser l'homme de manière symbolique – troisième quadrant - revient à considérer que la forme de son corps, de ses organes, l'organisation des systèmes sanguins, nerveux et hormonaux par exemple, expriment du sens. De ce point de vue la réponse à la question "qu'est-ce que l'homme ?" serait toute entière révélée par sa forme. Il suffirait d'apprendre à la lire, exactement comme la science a appris à lire le monde objectif. Mais elle le fit d'une manière analytique (quadrant 1) en scrutant finement la composition chimique de la matière, en analysant la substance sans se préoccuper de la forme. Car la science s'est bien gardée d'investiguer la compréhension des formes car cela suppose l'introduction d'une fonction organisatrice, d'une force formatrice, trop proche de la théorie de la grâce divine contre laquelle elle s'est longtemps battue.

Le dernier quadrant fait appel à un mode de connaissance qualifié de "holistique" par Arthur Koesler. Le terme de “holon”, du grec holos - tout - avec le suffixe on suggérant partie, fut forgé dans les années 1930 par Arthur Koestler qui en propose la définition suivante :

“Il n’existe nulle part de partie ni de tout au sens absolu. Ni l’organisme vivant ni le groupe social ne sont des rassemblements de pièces élémentaires; ce sont des systèmes à niveaux multiples et hiérarchiquement organisés de sous-ensembles qui contiennent eux-mêmes des sous-ensembles d’ordre inférieur, à la manière des poupées russes. Ces sous-ensembles - ces “holons”, comme j’ai proposé de les nommer - sont des entités à tête de Janus qui ont en même temps les propriétés indépendantes d’un tout et les propriétés dépendantes d’une partie. Chaque holon doit sauvegarder et affirmer son autonomie, sans quoi l’organisme se désarticulerait et se dissoudrait en une masse amorphe; mais en même temps il doit rester subordonné aux exigences de l’ensemble existant ou en évolution. “Autonomie”, dans ce contexte, signifie que les organites, les cellules, les muscles, les nerfs, les organes, ont tous leur rythme intrinsèque et leur propre type de fonctionnement assisté d’appareils d'autorégulation, et qu’ils tendent tous à persister et à s’affirmer dans leurs types caractéristiques d’activité. Cette tendance à l’affirmation de soi est une caractéristique fondamentale et universelle des holons qui se manifestent à tous les niveaux. En revanche, les activités des holons sont déclenchées, inhibées ou modifiées par des directives venues de niveaux supérieurs de la hiérarchie. Le système régulateur du cœur, par exemple, est régi par le système nerveux autonome et par des hormones, qui à leur tour reçoivent leurs ordres de centres cérébraux qui peuvent contrecarrer les habitudes fonctionnelles des centres subordonnés. Ainsi la tendance affirmative du holon a-t-elle une contrepartie dans sa tendance à l’intégration qui le pousse à fonctionner comme une partie d’un ensemble plus vaste.”

La connaissance holistique, que nous appelons ici « opérative » afin de mettre l’accent sur la créativité, se distingue des approches scientifiques, écologiques et symboliques. Le holon existe comme un tout en relation avec un tout plus vaste au sein duquel il est plus ou moins bien intégré. Penser l'homme de manière holistique revient à comprendre son rôle spécifique vis à vis d'une transcendance, d'un tout plus grand que lui, et réfléchir également au rapport fonctionnel qu'il entretient avec les autres règnes de la nature. Le sens n'est plus exprimé par la forme de l'organisme mais par la position qu'il occupe au sein d'une hiérarchie. La connaissance opérative est nécessairement transcendantale car elle décrit comment  la partie se relie à un plus-grand-tout. Son idéal est le serviteur, c'est-à-dire celui qui accomplit parfaitement l'action que requiert l'heure présente pour l’accomplissement et la réalisation du tout. L’initié auquel nous faisons naguère allusion n’a d’autre but que de servir à travers ce qu’il est le « plus-grand-tout » avec lequel un contact conscient est établit. Arrivé à ce point la connaissance n’a plus rien d’intellectuel. Est-ce, du reste, un hasard si le terme « véda », signife « savoir », exactement comme le grec « gnosis ». Si le français « connaissance » se décompose en « co-naissance », naître avec, et si l’anglais « understand » signifie littéralement « se tenir en dessous » - en dessous de quoi, si ce n’est de l’idée ? Toutes ces coïncidences seraient-elles de simples caprices du langage ?

L’efficacité de la pensée opérative suppose au préalable la familiarisation avec un modèle analogique, en réalité une gnose,  utile garde-fou pour ne pas se laisser déborder par l’opérativité, c’est-à-dire la force transformatrice des symboles qui véhiculent une connaissance vitale, consubstantielle à la nature de l’univers et d’une efficacité redoutable. De tels modèles existent dans la pensée orientale, ce sont, par exemple, les hexagrammes du yi king ou l'arbre des séphiroths. En occident la tradition alchimique ou les logiques emboîtées du zodiaque jouent ce même rôle. Mais, pour l’heure, notre monde occidental s’efforce surtout d’élaborer des modèles logiques pour expliciter le comportement de l'univers-objet, avec le succès que l’on sait.

La pensée symbolique, dont nous discuterons bientôt des fondements, s’occupe essentiellement de la question du sens. Les symboles sont, en réalité, le langage du sens. C’est le meilleur moyen qu’aie trouvé l’univers pour se dire.

Seul l’homme s’interroge sur la réalité des entités mathématiques, seul l’homme élabore des mythes, seul l’homme fonde sa société sur des valeurs reconnues par tous et pouvant, à l’occasion, être modifiées. Seul il enterre ses morts : acte ô combien inutile d’un point de vue strictement matérialiste ! A la différence des sociétés animales son mode de vie collectif est, pour une même espèce, extrêmement diversifié : la culture Papoue est à cent lieues des cultures européennes ou américaines alors que toutes les colonies de fourmis appartenant à une même espèce ont des comportements comparables. Au sein de l’humanité le domaine social ne se résume pas, comme précédemment, à une kyrielle d’interactions internes (entre individus) et externes (avec l’environnement) mais suppose un facteur nouveau : un sens partagé. La reconnaissance de ce sens crée l’unité et la force d’un groupe, elle assure sa cohésion et le projette sur vers l’avenir. Le temps, enfin, commence à prendre sens. Or les symboles sont l’expression codée de ce monde du sens, peu importe que nous les comprenions ou non : ils sont omniprésents dans nos vies et dans la nature. Par contre la spécificité de l’homme pourrait bien être, en raison de sa capacité de créer des langages symboliques comme, par exemple, les pictogrammes, les idéogrammes, ou les panneaux de signalisation routière, de décoder le langage symbolique utilisé par la nature pour nous interpeller sur son sens. Évidemment, l’usage exclusif des logiques analytiques et circulaires nous conduiraient à affirmer respectivement que tout est matière où que tout est relation. La reconnaissance et l’emploi des symboles introduisent un nouveau risque totalitaire : tout est sens. En réalité ces strates se superposent. Un être humain est composé de matière, il a donc un statut d’objet ; il possède un dehors et un dedans qui font de lui un être de relation ; il possède aussi le sens du sens faisant de lui un animal à part capable de réagir aux symboles et, par suite, de créer des langages symboliques.

La pensée analogique, dont nous allons bientôt préciser la méthode et les limites, implique une sorte d’ « écologie verticale ». Si on définit l’écologie comme « l’étude des relations des êtres vivant entre eux et avec leurs milieux » nous voyons que celle-ci est la science reine du second quadrant. Par « écologie verticale » nous entendons l’étude des rapports entre des niveaux d’organisation différents, depuis l’atome jusqu’à l’étoile en passant par l’homme. Sans oublier que l’analogie traitera des significations découvertes dans le troisième quadrant, bien plus que des formes elle-même. L’analogie est une logique du sens. C’est une forme de pensée qui ordonne l’immense variété des significations en élaborant des systèmes théoriques simples. Mais ces systèmes ne traitent ni des mécanismes (Q1), ni des relations sociales (Q2), ni des valeurs (Q3) mais de la meilleure manière signifiante dont la partie peut participer à la vie du tout : le rôle de l’individu dans la biosphère par exemple, où son rapport avec les autres règnes de la nature.

La pensée scientifique objective l'homme. Son idéal est le robot.

La pensée écologique socialise l'homme. Son idéal est le citoyen

La pensée symbolique donne sens à la vie humaine. Son idéal est le sage

La pensée opérative (cf.infra) intègre l’homme dans l’univers, son idéal est l’initié

La première observe attentivement son objet d'étude pour le re‑produire

La seconde mathématise les relations et tente de prévoir l'évolution des ensembles

La troisième perçoit ce qui est derrière la forme pour révéler son sens caché.

La quatrième transforme l’être afin de le relier plus efficacement aux autres niveaux de réalité.

Il est aussi inutile que dangereux de juger d’une forme de pensée à l’aune des critères élaborés par une autre. Une telle attitude ne conduirait qu’à de fâcheuses mésententes, à une guerre idéologique en vue d’une « victoire finale » de la conception dominante, mais ce ne serait certes pas un questionnement pour l’acquisition de la connaissance, dans toutes les quatre sens de ce terme.

Ce qui fendillera les certitudes matérialistes (Quadrant 1) et les dogmes métaphysiques (Quadrant 4) ce sera un phénomène de cristallisation : à force d’avoir réponse à tout dans le cadre strict de leurs présupposés ces deux représentations du monde vont réaliser que la connaissance piétine, que les vraies questions – celles de l’origine, de la créativité, de la diversité, de la contradiction – leur échappent. Il leur faudra donc accepter que l’édifice se craquèle sur ses bases pour s’ouvrir à l’inconnu. Il ne s’agit pas ici de la simple remise en cause du savoir face à l’expérience qui est, par exemple, le propre de la science, mais d’un questionnement sur ses fondements même, sur sa méthode et non, simplement, sur ses résultats. Ces quadrants échappent difficilement à la cristallisation intellectuelle car leur contenu est cristallisable car fondé sur une hiérarchie qui accentue la rigidité. Le mètre étalon dans le premier quadrant et la hiérarchie des archétypes dans le quatrième.

Les deux autres quadrants, Q2 et Q3, sont au contraire familiers avec le particulier, la mouvance, le changement, l’adaptation aux besoins du temps. Toute hiérarchie est dissoute au profit d’un équilibre, d’une harmonie. La pensée écologique du second quadrant théorise l’incertitude des mondes physique et surtout biologique, la pensée symbolique du troisième quadrant décode la complexité de l’univers des représentations. Ces deux logiques ne risquent pas la cristallisation intellectuelle car, dans ces domaines, il n’existe aucune recette. A chaque instant tous les possibles sont à réinventer. Comprendre un rêve nécessite de parler avec le rêveur en intégrant son passé, son présent, ses espoirs, ses liens familiaux, sa situation économique, etc. De même, comprendre le fonctionnement d’un biotope suppose de prendre en considération un grand nombre de facteurs comme la qualité des sols, la nature des plantes environnantes, leurs relations entre elles, l’évolution du climat, etc. Autant d’éléments imprévisibles dont les « recettes » jamais ne rendront compte. Sans parler du fait que ce sont des systèmes complexes : la micro-perturbation d’un seul élément peut parfois changer la trajectoire de l’ensemble.

-       Les risques inhérents aux pensées analytiques et analogiques seraient de figer la réalité, cette inconnue,  dans des systèmes et des recettes qui marchent : recettes scientifiques comme aujourd’hui lorsque la technique prend le pouvoir sur la science, et recettes métaphysiques comme au Moyen–Age où la philosophie fut enfermée dans la pensée aristotélicienne.

-       Les risques relatifs aux représentations systémiques et symboliques seraient de baisser les bras face à un réel sans cesse en mouvement, céder à l’incertitude absolue et au doute car, à chaque fois, il faut toujours tout recommencer, tout réinventer, tout refaire.

La pensée analogique fait appel à un mode de connaissance qualifié de "holistique" par Arthur Koesler. Le terme de “holon”, du grec holos - tout - avec le suffixe on suggérant partie, fut forgé dans les années 1930 par Arthur Koestler qui en propose la définition suivante :

“Il n’existe nulle part de partie ni de tout au sens absolu. Ni l’organisme vivant ni le groupe social ne sont des rassemblements de pièces élémentaires; ce sont des systèmes à niveaux multiples et hiérarchiquement organisés de sous-ensembles qui contiennent eux-mêmes des sous-ensembles d’ordre inférieur, à la manière des poupées russes. Ces sous-ensembles - ces “holons”, comme j’ai proposé de les nommer - sont des entités à tête de Janus qui ont en même temps les propriétés indépendantes d’un tout et les propriétés dépendantes d’une partie. Chaque holon doit sauvegarder et affirmer son autonomie, sans quoi l’organisme se désarticulerait et se dissoudrait en une masse amorphe; mais en même temps il doit rester subordonné aux exigences de l’ensemble existant ou en évolution. “Autonomie”, dans ce contexte, signifie que les organites, les cellules, les muscles, les nerfs, les organes, ont tous leur rythme intrinsèque et leur propre type de fonctionnement assisté d’appareils d'autorégulation, et qu’ils tendent tous à persister et à s’affirmer dans leurs types caractéristiques d’activité. Cette tendance à l’affirmation de soi est une caractéristique fondamentale et universelle des holons qui se manifestent à tous les niveaux. En revanche, les activités des holons sont déclenchées, inhibées ou modifiées par des directives venues de niveaux supérieurs de la hiérarchie. Le système régulateur du cœur, par exemple, est régi par le système nerveux autonome et par des hormones, qui à leur tour reçoivent leurs ordres de centres cérébraux qui peuvent contrecarrer les habitudes fonctionnelles des centres subordonnés. Ainsi la tendance affirmative du holon a-t-elle une contrepartie dans sa tendance à l’intégration qui le pousse à fonctionner comme une partie d’un ensemble plus vaste.”

La connaissance holistique, que nous appelons ici « opérative » afin de mettre l’accent sur la créativité, se distingue des approches scientifiques, écologiques et symboliques. Le holon existe comme un tout en relation avec un tout plus vaste au sein duquel il est plus ou moins bien intégré. Penser l'homme de manière holistique revient à comprendre son rôle spécifique vis à vis d'une transcendance, d'un tout plus grand que lui, et réfléchir également au rapport fonctionnel qu'il entretient avec les autres règnes de la nature. Le sens n'est plus exprimé par la forme de l'organisme mais par la position qu'il occupe au sein d'une hiérarchie. La connaissance opérative est nécessairement transcendantale car elle décrit comment  la partie se relie à un plus-grand-tout. Son idéal est le serviteur, c'est-à-dire celui qui accomplit parfaitement l'action que requiert l'heure présente pour l’accomplissement et la réalisation du tout. L’initié auquel nous faisons naguère allusion n’a d’autre but que de servir à travers ce qu’il est le « plus-grand-tout » avec lequel un contact conscient est établit. Arrivé à ce point la connaissance n’a plus rien d’intellectuel. Est-ce, du reste, un hasard si le terme « véda », signife « savoir », exactement comme le grec « gnosis ». Si le français « connaissance » se décompose en « co-naissance », naître avec, et si l’anglais « understand » signifie littéralement « se tenir en dessous » - en dessous de quoi, si ce n’est de l’idée ? Toutes ces coïncidences seraient-elles de simples caprices du langage ?

Ces quatre logiques répondent, au fond, à quatre grandes questions fondamentales :

Qu’est-ce que c’est ? l’observation puis l’analyse sont d’un grand secours.

Comment ça marche ? la science des interactions s’avère indispensable dès que l’on quitte les cas les plus simples à deux variables

Pourquoi cela plutôt qu’autre chose ? la lecture symbolique révèle le sens de ce qui existe et montre en quoi toute chose est à sa place dans le meilleur des mondes possible en cet instant précis.

Où est ma place ? la lecture analogique décrit la place, en termes de sens et non en termes mécaniques, de chaque entité au sein d’un univers en perpétuel changement.

les quatre voies de connaissance pour penser globalement

Il existe au moins quatre manières d'aborder la question de la connaissance  :

La connaissance scientifique est analytique. Elle s'efforce de découvrir l'identité objective du monde concret. Elle est trop connue pour qu'il soit nécessaire de la détailler plus longuement.

La connaissance « écologique » dégage les lois qui lient ensemble des matériaux concrets. C'est le domaine de l'analyse systémique avec ses boucles de rétroaction. Avec elle les statisticiens modélisent l'évolution de la population de castors en fonction des variations climatiques, du nombre d'individus de chaque sexe et de bien d’autres paramètres.

Il reste les deux autres modalités. Toutes deux traitent d'une réalité abstraite, non matérielle et non physiquement interactive. Ce monde, celui de la signification, là où s'originent les grands mythes de l'humanité, là où les êtres inspirés, qu'ils soient scientifiques, poètes ou mystiques, vont puiser leurs inspirations, nous l'avons appelé ailleurs le monde des inergies par analogie avec le monde des énergies qui s'étend sous l'axe horizontal pour élaborer le contenu des deux premiers quadrants.

Penser l'homme de manière symbolique – troisième quadrant - revient à considérer que la forme de son corps, de ses organes, l'organisation des systèmes sanguins, nerveux et hormonaux par exemple, expriment du sens. De ce point de vue la réponse à la question "qu'est-ce que l'homme ?" serait toute entière révélée par sa forme. Il suffirait d'apprendre à la lire, exactement comme la science a appris à lire le monde objectif. Mais elle le fit d'une manière analytique (quadrant 1) en scrutant finement la composition chimique de la matière, en analysant la substance sans se préoccuper de la forme. Car la science s'est bien gardée d'investiguer la compréhension des formes car cela suppose l'introduction d'une fonction organisatrice, d'une force formatrice, trop proche de la théorie de la grâce divine contre laquelle elle s'est longtemps battue.

La pensée scientifique objective l'homme. Son idéal est le robot.

La pensée écologique socialise l'homme. Son idéal est le citoyen

La pensée symbolique donne sens à la vie humaine. Son idéal est le sage

La pensée opérative (cf.infra) intègre l’homme dans l’univers, son idéal est l’initié

La première observe attentivement son objet d'étude pour le re‑produire

La seconde mathématise les relations et tente de prévoir l'évolution des ensembles

La troisième perçoit ce qui est derrière la forme pour révéler son sens caché.

La quatrième transforme l’être afin de le relier plus efficacement aux autres niveaux de réalité.

Il est aussi inutile que dangereux de juger d’une forme de pensée à l’aune des critères élaborés par une autre. Une telle attitude ne conduirait qu’à de fâcheuses mésententes, à une guerre idéologique en vue d’une « victoire finale » de la conception dominante, mais ce ne serait certes pas un questionnement pour l’acquisition de la connaissance, dans toutes les quatre sens de ce terme.

Ce qui fendillera les certitudes matérialistes (Quadrant 1) et les dogmes métaphysiques (Quadrant 4) ce sera un phénomène de cristallisation : à force d’avoir réponse à tout dans le cadre strict de leurs présupposés ces deux représentations du monde vont réaliser que la connaissance piétine, que les vraies questions – celles de l’origine, de la créativité, de la diversité, de la contradiction – leur échappent. Il leur faudra donc accepter que l’édifice se craquèle sur ses bases pour s’ouvrir à l’inconnu. Il ne s’agit pas ici de la simple remise en cause du savoir face à l’expérience qui est, par exemple, le propre de la science, mais d’un questionnement sur ses fondements même, sur sa méthode et non, simplement, sur ses résultats. Ces quadrants échappent difficilement à la cristallisation intellectuelle car leur contenu est cristallisable car fondé sur une hiérarchie qui accentue la rigidité. Le mètre étalon dans le premier quadrant et la hiérarchie des archétypes dans le quatrième.

Les deux autres quadrants, Q2 et Q3, sont au contraire familiers avec le particulier, la mouvance, le changement, l’adaptation aux besoins du temps. Toute hiérarchie est dissoute au profit d’un équilibre, d’une harmonie. La pensée écologique du second quadrant théorise l’incertitude des mondes physique et surtout biologique, la pensée symbolique du troisième quadrant décode la complexité de l’univers des représentations. Ces deux logiques ne risquent pas la cristallisation intellectuelle car, dans ces domaines, il n’existe aucune recette. A chaque instant tous les possibles sont à réinventer. Comprendre un rêve nécessite de parler avec le rêveur en intégrant son passé, son présent, ses espoirs, ses liens familiaux, sa situation économique, etc. De même, comprendre le fonctionnement d’un biotope suppose de prendre en considération un grand nombre de facteurs comme la qualité des sols, la nature des plantes environnantes, leurs relations entre elles, l’évolution du climat, etc. Autant d’éléments imprévisibles dont les « recettes » jamais ne rendront compte. Sans parler du fait que ce sont des systèmes complexes : la micro-perturbation d’un seul élément peut parfois changer la trajectoire de l’ensemble.

-       Les risques inhérents aux quadrants 1 et 4 seraient de figer la réalité, cette inconnue,  dans des systèmes et des recettes qui marchent : recettes scientifiques comme aujourd’hui lorsque la technique prend le pouvoir sur la science, et recettes métaphysiques comme au Moyen–Age où la philosophie fut enfermée dans la pensée aristotélicienne.

-       Les risques relatifs aux quadrants 2 et 3 seraient de baisser les bras face à un réel sans cesse en mouvement, céder à l’incertitude absolue et au doute car, à chaque fois, il faut toujours tout recommencer, tout réinventer, tout refaire.

Le dernier quadrant fait appel à un mode de connaissance qualifié de "holistique" par Arthur Koesler. Le terme de “holon”, du grec holos - tout - avec le suffixe on suggérant partie, fut forgé dans les années 1930 par Arthur Koestler qui en propose la définition suivante :

“Il n’existe nulle part de partie ni de tout au sens absolu. Ni l’organisme vivant ni le groupe social ne sont des rassemblements de pièces élémentaires; ce sont des systèmes à niveaux multiples et hiérarchiquement organisés de sous-ensembles qui contiennent eux-mêmes des sous-ensembles d’ordre inférieur, à la manière des poupées russes. Ces sous-ensembles - ces “holons”, comme j’ai proposé de les nommer - sont des entités à tête de Janus qui ont en même temps les propriétés indépendantes d’un tout et les propriétés dépendantes d’une partie. Chaque holon doit sauvegarder et affirmer son autonomie, sans quoi l’organisme se désarticulerait et se dissoudrait en une masse amorphe; mais en même temps il doit rester subordonné aux exigences de l’ensemble existant ou en évolution. “Autonomie”, dans ce contexte, signifie que les organites, les cellules, les muscles, les nerfs, les organes, ont tous leur rythme intrinsèque et leur propre type de fonctionnement assisté d’appareils d'autorégulation, et qu’ils tendent tous à persister et à s’affirmer dans leurs types caractéristiques d’activité. Cette tendance à l’affirmation de soi est une caractéristique fondamentale et universelle des holons qui se manifestent à tous les niveaux. En revanche, les activités des holons sont déclenchées, inhibées ou modifiées par des directives venues de niveaux supérieurs de la hiérarchie. Le système régulateur du cœur, par exemple, est régi par le système nerveux autonome et par des hormones, qui à leur tour reçoivent leurs ordres de centres cérébraux qui peuvent contrecarrer les habitudes fonctionnelles des centres subordonnés. Ainsi la tendance affirmative du holon a-t-elle une contrepartie dans sa tendance à l’intégration qui le pousse à fonctionner comme une partie d’un ensemble plus vaste.”

La connaissance holistique, que nous appelons ici « opérative » afin de mettre l’accent sur la créativité, se distingue des approches scientifiques, écologiques et symboliques. Le holon existe comme un tout en relation avec un tout plus vaste au sein duquel il est plus ou moins bien intégré. Penser l'homme de manière holistique revient à comprendre son rôle spécifique vis à vis d'une transcendance, d'un tout plus grand que lui, et réfléchir également au rapport fonctionnel qu'il entretient avec les autres règnes de la nature. Le sens n'est plus exprimé par la forme de l'organisme mais par la position qu'il occupe au sein d'une hiérarchie. La connaissance opérative est nécessairement transcendantale car elle décrit comment  la partie se relie à un plus-grand-tout. Son idéal est le serviteur, c'est-à-dire celui qui accomplit parfaitement l'action que requiert l'heure présente pour l’accomplissement et la réalisation du tout. L’initié auquel nous faisons naguère allusion n’a d’autre but que de servir à travers ce qu’il est le « plus-grand-tout » avec lequel un contact conscient est établit. Arrivé à ce point la connaissance n’a plus rien d’intellectuel. Est-ce, du reste, un hasard si le terme « véda », signife « savoir », exactement comme le grec « gnosis ». Si le français « connaissance » se décompose en « co-naissance », naître avec, et si l’anglais « understand » signifie littéralement « se tenir en dessous » - en dessous de quoi, si ce n’est de l’idée ? Toutes ces coïncidences seraient-elles de simples caprices du langage ?

L’efficacité de la pensée opérative suppose au préalable la familiarisation avec un modèle analogique, en réalité une gnose,  utile garde-fou pour ne pas se laisser déborder par l’opérativité, c’est-à-dire la force transformatrice des symboles qui véhiculent une connaissance vitale, consubstantielle à la nature de l’univers et d’une efficacité redoutable. De tels modèles existent dans la pensée orientale, ce sont, par exemple, les hexagrammes du yi king ou l'arbre des séphiroths. En occident la tradition alchimique ou les logiques emboîtées du zodiaque jouent ce même rôle. Mais, pour l’heure, notre monde occidental s’efforce surtout d’élaborer des modèles logiques pour expliciter le comportement de l'univers-objet, avec le succès que l’on sait.

La grande mutation

Au début de cet ouvrage nous citions Peter Drucker pour qui « à intervalles de quelques siècles, l'Histoire de l'Occident a l'habitude d'entrer soudainement en métamorphose. Elle franchit ce que j'ai appelé une "coupure". En quelques dizaines d'années, la société se trouve complètement remaniée - dans sa conception du monde, ses valeurs fondamentales, ses structures sociales et politiques, ses arts, ses grandes institutions. En l'espace de cinquante ans, un monde nouveau surgit. Et les hommes qui naissent alors sont incapables ne serait-ce que de se représenter le monde où vivaient leurs grands-parents, et où leurs propres parents étaient nés ». Quel adolescent aujourd’hui pourrait comprendre et se représenter le monde dans lequel vivaient les hommes du XXe siècle avec ses luttes idéologiques, ses guerres mondiales, les enjeux de la décolonisation et la division de la planète en deux blocs idéologiques ?

C’est exactement en 1993 que fut mis sur le marché Mosaic, le premier moteur de recherche qui rendit Internet accessible au grand public. Sa simplicité d’utilisation est à l’origine du développement fulgurant du monde virtuel qui est en train de changer radicalement nos manières de vivre et de communiquer. Et, pour rester dans les événements symboliques qui en disent long, Kasparov, le champion du monde d'échecs, est battu pour la première fois par un ordinateur le 31 août 1994.

Sur le plan politique la conjonction de 1993 donnait un nouvel élan à la construction européenne avec l’entrée en vigueur du grand marché unique des douze pays de la C.E.E., l’abolition des frontières et la libre circulation des personnes. Depuis, l’Europe n’a cessé de s’étendre sur un mode juridique. Un processus pacifique assez semblable à celui qui donna aux Habsbourgs la suprématie sur le vieux continent grâce à un extraordinaire jeu d’alliances matrimoniales. Le demi-carré (45°) se formera en mai 2019 et le carré (90°) en 2039, deux moments privilégiés pour questionner la pertinence de la croissance géopolitique de l’Europe communautaire et réadapter éventuellement les institutions fondatrices pour assurer la stabilité du système politique. Les décisions prises en 2039-2042 suite à une crise et à un renouvellement des institutions européennes conditionneront la suite des événements, à savoir un nouvel échec et des divisions entre Etats qui remettront en cause la construction de l’Europe politique lors de l’opposition de 2078-2082. A moins que ne prédomine une nouvelle vision : la conscience que la construction européenne atteindra son apogée. Il s’agira ensuite de développer les dimensions sociale, culturelle, artistique, voire spirituelle de l’édifice économico-politique élaboré entre 1993 et 2078. Cette dernière date correspond analogiquement à l’« Europe des maxima » des années 1910 chantée par Paul Valéry. Juste avant son effondrement dans le cataclysme des deux guerres mondiales.

La triple conjonction Saturne/Uranus/Neptune formée entre 1988 et 1993 est suffisamment rare pour en dire un mot ici. Elle revient tous les 684 ans et se déplace de 64° dans le sens du zodiaque : 6° Cancer (-60), 10° Vierge (- 623), 14° Scorpion (1307) et 19° Capricorne (1993).

Une première triple conjonction prit place entre –60 et -54 en Cancer. C’est en –60, au moment exact de la rencontre d’Uranus avec Neptune, que César, Pompée et Crassus s’associent pour former le premier triumvira. Afin d’asseoir sa popularité, César se lance rapidement dans la guerre des Gaules (-58/-52). La conjonction de Saturne à Pluton de –58 n’est pas étrangère à ce déploiement d’ardeurs guerrières. A partir de l’hiver 54/53 la situation en Gaule se détériore et les révoltes se multiplient - la conjonction Saturne/Uranus est exacte en –54 - mais la reddition de Vercingétorix en –52 mettra fin à ces velléités d’indépendance.  C’est le 14 février -44 que le Sénat confère à César la « dictature perpétuelle ». Alors tout espoir de retour à la République disparaît, l’Empire romain est né. L’assassinat du dictateur un mois plus tard ne changera pas le cours de l’histoire. Après 14 ans de guerre civile Octave deviendra le maître absolu d’un empire pacifié. En trente ans la face du monde a changé pour longtemps.

Le rassemblement suivant des trois planètes se passait entre 622 et 626 dans le signe de la Vierge, c’est-à-dire en synchronicité exacte avec la naissance de l’Islam. En un peu plus de trente années les conquêtes musulmanes furent fulgurantes, elles conditionnent encore aujourd’hui la géopolitique du monde. Nous ne pouvons détailler ici les données astrologiques remarquables et complexes qui accompagnèrent l’assassinat d’Ali le 24 janvier 661, le quatrième successeur du Prophète. Ce drame conduisit au premier schisme et à la formation des courants Sunnites et Chiites. Ces derniers considèrent qu’Ali est le premier successeur de Mahomet et nient la légitimité des quatre précédents.  Bien qu’ils soient minoritaires dans l’Islam les Chiites sont majoritaires en Iran et en Irak. Ce courant religieux prit naissance lors du carré Uranus/Pluton de 661. Pour simplifier, le monde Sunnite résonne avec les cycles Uranus/Neptune et la communauté Shiite avec Uranus/Pluton… comme son « belligérant » actuel, les U.S.A.. Il se trouve que la triple conjonction Saturne/Uranus/Neptune de 1988-1993 du Capricorne formait un trigone (120°) à celle de la Vierge de 622-626… et que la conjonction Uranus-Pluton de 1965 naquit également en Vierge. Tout se passe comme si de vieilles mémoires historiques s’étaient réveillées en 1965 et en 1993, et remontaient dans les consciences musulmanes. Le chiisme hiérarchique et centralisé depuis 1965, et le sunnisme plus ouvert et plus « européen » depuis 1993 refont surface dans la politique mondiale.

Il faut encore citer la triple conjonction de 1306 dans le signe du scorpion qui suivit la fondation de l’empire Ottoman (1299) et accompagna l’épanouissement de la culture islamique.

Peut-on comparer les bouleversements des années 1988-1993 aux grandes transformations géopolitiques qui prirent racine en –60 (César), puis en 622 (l’hégire) et, dans une moindre mesure, en 1306 (l’empire Ottoman) ? Il est certes trop tôt pour l’affirmer, mais il serait prudent d’envisager la période 1988-1993 comme ayant posé les semences d’un monde totalement nouveau dans lequel vivront de nombreuses générations d’êtres humains pendant les sept prochains siècles. Ce ne sera évidemment pas 684 ans d’hégémonie européenne ni de réveil des peuples sud-américains ! Il faut concevoir ce temps comme un processus cyclique avec ses phases d’expansion (1993-2042), de diffusion (2042-2080 environ), de déclin ou de développement culturel (2080-2125) et enfin de remise en question ou de disparition (2125-2166).

Nous avons, jusqu’à présent, évoqué les grandes forces signifiantes qui animent les processus historiques avec la nouvelle Renaissance scientifique de la fin du XIXe siècle et du début du XXe (conjonction Neptune-Pluton) ; le développement des technologies de l’information au risque de la manipulation, la poursuite de l’essor des U.S.A. et un questionnement sur la place de la Chine dans le monde, notamment une limite possible de son développement économique et, enfin, la triple conjonction Saturne/Uranus/Neptune de 1988-1993 qui concocte une nouvelle unité européenne et l’épanouissement de l’Amérique du Sud. Ces « blocs » sont porteurs d’idéaux et de valeurs distinctes qui devront trouver leur territoire d’influence géopolitique au fur et à mesure des interactions entre les trois planètes les plus lentes du système solaire : Uranus et les valeurs d’invention, de liberté, de changement, de révolte et d’indépendance ; Neptune et les valeurs de communion, de partage, de générosité et d’humanisme ; Pluton et les valeurs de métamorphose, de volonté de puissance, de sacrifice et d’affirmation identitaire. Cependant, pour rentrer dans le monde réel, celui des événements économiques, sociaux et politiques, ces valeurs que sont au fond la liberté (Uranus), l’égalité (Neptune) et la fraternité (Pluton) doivent se densifier et prendre des formes. C’est là le rôle de Saturne et de Jupiter dans le symbolisme astrologique. Nous avons longuement montré dans cet ouvrage comment les cycles de Saturne avec Neptune tentèrent de matérialiser l’utopie et, ailleurs, comment les cycles de Saturne avec Pluton explorent un difficile mariage entre le droit et la force[1]. Nous allons maintenant entrer dans le vif de l’histoire en explorant les cycle actuels de Saturne avec respectivement Uranus, Neptune et Pluton.

Pour comprendre comment cela fonctionne il faut se rappeler que ce modèle astrologique de l’histoire ne fonctionne pas avec une logique causale mais relève de la pensée analogique. D’autre part il ne traite pas des événements mais du sens. Chercher une causalité tournerait vite à l’absurde et entraînerait de facto le rejet de ce modèle. En effet il n’existe aucun rapport de cause à effet entre une crise économique et la position d’Uranus et de Saturne dans le ciel par exemple. Il n’existe pas non plus de relation mécanique entre les différentes valeurs attribuées à Uranus : libéralisme, génie créateur, invention, indépendance, impatience, individualisme, mythe du Progrès et sens du paradoxe. Pourtant on sent bien intuitivement que tous ces éléments sont liés par quelques chose. Ce « quelques chose » est un archétype, une force signifiante, un idéal – peu importe la manière de le désigner – unique qui anime la personne (indépendance), le modèle économique (libéralisme), la pensée (génie créateur), l’émotion (impatience) et le modèle social (mythe du Progrès). Certaines nations comme la Chine moderne n’ouvrent la porte qu’à la dimension économique de l’archétype « Uranus » avec l’ « économie socialiste de marché » sans que celui-ci  ne soit intégré dans la vie sociale (la démocratie) et psychique (la liberté individuelle). Ce simple exemple, le fait qu’un état totalitaire puisse devenir une puissance économique mondiale sans passer par la démocratie, montre que tous ces éléments de sens ne sont pas liés entre eux par la causalité. Accepter de penser analogiquement nous permet d’entrer dans le monde du sens et de percevoir comment un fil signifiant « s’incarne » dans des formes aussi diverses que celles que nous venons de citer. Les éléments de notre réalité s’agrègent en un nuage de formes psychiques et événementielles qui, en relation avec d’autres nuages, dessinent les printemps et les automnes des nations et des civilisations. Ce sont donc ces « climats » sociaux, politiques, et idéologiques que nous décrivons ici. Et, pour filer la métaphore, l’orage qui éclate soudainement prend les passants dépourvus de parapluie par surprise. Par contre un orage annoncé aura cette vertu de leur proposer le choix de s’en protéger… ou de profiter des bienfaits de ce don du ciel !



[1] Les sept jours de la création d’Israel (Janus)