La capture du Taureau de Crète pourra se lire de deux manières contraires. L’homme psychologique, en capturant le Taureau sur une île, se réapproprie ses forces de production, apprend à s’enrichir et devient comme Minos : un être à l’aise avec l’argent, la construction et l’intelligence pratique. Mais l’homme héroïque ne tarde pas à voir que cette construction-là est fondée sur une courte vue, il comprend que son intelligence est une parcelle infime et précieuse de l’intelligence du vivant. Il réalise vitalement qu’il est seulement le dépositaire de toutes ses richesses. Alors il redonne au collectif, au continent, le magnifique « Taureau » qu’il conservait naguère jalousement dans son enclos personnel. Il comprend que la vraie richesse n’est pas dans ce qu’il possède mais dans ce qu’il donne : un sourire, un regard, une poignée d’euros, un bol de soupe ou une œuvre de portée universelle, peu importe à vrai dire. Le geste le libère de lui-même et enrichit le monde.