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COP21, le grain de sel symboliqueLa question du réchauffement climatique doit être abordée sous les angles techniques et systémiques en interrogeant l’état des lieux et les outils dont nous disposons pour changer nos modes de production d’énergie, ainsi que le contexte géopolitique qui rendra possible ou non l’inéluctable transformation de notre modèle de civilisation. Grosso modo le G.I.E.C. s’occupe du premier point et la COP21 du second. Mais ces deux approches conjointes sont conditionnées par deux autres facteurs. D’une part l’état de conscience des acteurs, qui oscille entre défense des intérêts privés/nationaux et protection du bien commun terrestre. D’autre part, il existe un processus plus long et plus inexorable que l’on pourrait nommer ici, pour reprendre le terme de Hegel, la Ruse de la Raison. Ce que les Grecs nommaient le fatum ou la violence du destin. Nous avons théorisé cette lecture quadrifoliée d’une question donnée dans La Force du Symbolique[1]. La question du changement climatique pourra donc être placée sous quatre faisceaux de lumière illuminant un seul objet :
Ce texte propose quelques réflexions relatives au troisième point : l’analyse symboliques des diverses sources d’énergie présuppose que ces technologies sont aussi des symboles, c’est-à-dire le reflet visible de nos plus intimes pensées, un miroir de l’état de la conscience actuelle de l’être humain. Privilégier telle ou telle voie de recherche – on sait par exemple que les premières voitures étaient autant électriques que mues par des énergies fossiles, mais l’histoire à fait le choix du pétrole - n’est pas neutre ni purement contingent, ni même aléatoire. Ces orientations disent quelque chose sur la civilisation opérant consciemment ou non ces choix. Il n’existe que deux sources à l’énergie que nous consommons. Celle qui vient du soleil et celle produite par la rotation du noyau terrestre. La première inclue le photovoltaïque mais aussi le vent, l’hydraulique, la biomasse et les ressources fossiles comme le charbon et le pétrole. La seconde est visible lorsque vous sortez votre boussole pour trouver le Nord : il s’agit du champ magnétique terrestre. Y appartient également la géothermie et le nucléaire. De ces deux sources l’une est donc solaire, l’autre terrestre. Nous retrouvons ici les archétypes Père/Mère mis en scène dans toutes les mythologies du monde, avec une accentuation du côté « Père » dans le monde Indo-européen et sémitique, une mise en valeur de l’aspect « Mère » chez les peuples premiers. Ce partage des valeurs est aussi une ligne géopolitique puisque le « Père » est associé au point cardinal Nord et la « Mère » au Sud. La raison apollinienne polarise l’ivresse dionysiaque. Les peuples du « sud » n’ont pas la même analyse de la situation que ceux du Nord. Que disent ces diverses sources d’énergie sur ce que nous sommes aujourd’hui ? Commençons par les valeurs solaires. Le photovoltaïque, l’expression du cœur Les cellules photoélectriques établissent un contact direct entre les rayons solaires, cette métaphore du Soi, et l’activité humaine puisque l’électricité produite est immédiatement disponible pour l’action. Un monde 100% photovoltaïque serait donc le fruit d’une conscience collective et individuelle qui a dépassé le stade du « moi » centré sur le nombril corporel, qui a quitté les énergies issues du ventre de la terre (fossiles) pour poser sa conscience dans son cœur. Le soleil, rappelons-le, est associé à cet organe qui n’est autre que le repère du divin en l’homme. Le développement de l’énergie lumineuse dans le monde est l’indice de l’émergence du Soi dans la conscience de l’humanité. Cette étape de l’évolution demande à chacun de devenir aussi transparent que la cellule photoélectrique et aussi coopératif que le panneau solaire formé de nombreuses cellules juxtaposées. L’appareil illustre exactement le fonctionnement symbolique du cœur qui, du point de vue biologique, est formé de deux cœurs distincts accolés. Arrivée à cet étage corporel, la conscience réalise que la différenciation n’est plus une séparation. La qualité du cœur consiste à être soi tout en étant en empathie avec l’autre. Le solaire rappelle que l’unité d’un monde est le fruit des différences co-opérantes. Le soleil ne nivelle pas les valeurs dans un bouillon collectif comme l’eau, ni n’impose une vérité surgie des profondeurs comme le pétrole. L’éolien, la liberté de pensée Si le développement du photovoltaïque est une mesure symbolique de nos avancées vers une société de compassion, l’éolien parle des poumons et de notre capacité à vivre libre. L’Air est en effet le seul des quatre Éléments qu’aucune frontière ne freine. Sans cesse en mouvement, il relie les points les plus éloignés du globe et, en langage psychologique, il communique pour diffuser des informations. Liberté de parole, liberté d’opinion, liberté de pensée sont ses dons à l’humanité. Et le corps humain nous rappelle que pour ne pas devenir froid et sec comme un intellectuel l’air va puiser sa chaleur auprès du cœur. Il est utile de rappeler que toute parole vient du système cœur/poumons, que des mots qui portent loin emmènent avec eux les battements d’un cœur vivant et chaud. Le développement de l’éolien représente symboliquement la manière dont nous transformons notre liberté de penser en actes, c’est un appel à réaliser la philosophie après avoir philosophé la réalité. Ces moulins à vent mettent en scène le chiffre trois avec leur trinité ailée en rotation. Or le trois est précisément le chiffre de Mercure, le messager des dieux qui, lorsqu’il s’enferme dans le ventre devient le dieu des voleurs et du commerce inéquitable. Le développement de l’éolien dans le monde symbolise l’intelligence mise au service du cœur, l’innovation pour des buts humanitaires et humanistes. Les sources suivantes, toujours d’origine solaire, impliquent la reconnaissance des valeurs féminines symbolisées par la grande Nature. Une Nature féminine tellement mise à mal par la culture patriarcale du Nord et celles du Sud qui tentent de les imiter au risque de perdre leurs racines ancestrales. L’énergie marémotrice, les grandes questions métaphysiques C’est une manière de marier le féminin avec le masculin puisque les marées sont le fruit des rythmes soli-lunaires. L’élément Eau est sollicité, cette eau aussi fluide et insaisissable que le féminin. Les mythes distinguent souvent les eaux salées et les eaux douces. Les premières sont impropres à la consommation humaine et renvoient aux grands espaces métaphysiques et à la mort ; les seconds se coulent dans l’intimité de l’homme et fécondent sa culture. Utiliser l’énergie des marées revient à interroger l’invisible et à se demander en quoi l’au-delà coopère avec le monde des vivants. Ces enquêtes sont encore marginales, exactement comme l’est l’usine marémotrice de la Rance, rare exemplaire d’une exploration inachevée. Elle fut mise en service en 1966, à l’heure des grands questionnements nés avec le mouvement hippie. L’hydroélectrique, le développement personnel L’utilisation de l’eau féconde eut plus de succès. De nombreux barrages transforment aujourd’hui les courants d’eau en courants de lumière. Que fait un barrage ? Il arrête le flux des eaux pour créer un lac artificiel, puis le liquide s’engouffre dans des vannes munies de turbines pour produire l’énergie électrique, pour alimenter le vivant. Un barrage ressemble furieusement à un surmoi qui, pour que la conscience objective reste aussi calme et sereine que l’eau du lac, interdit les courants frondeurs en provenance de l’inconscient. Le barrage marque la volonté de la conscience humaine de ne plus se laisser balloter par le flux des émotions. Il signe l’effort qui permettra de transformer des agitations affectives (l’Eau) en une conscience objective (l’électricité, la lumière). Construire un barrage sur une rivière revient à affirmer la liberté de l’homme qui ne se laisse plus guider par les aléas de son existence mais décide, par l’effort personnel, de changer de plan de conscience, de passer de l’instinct vers l’intelligence et de l’impulsion à l’observation. Si les premières roues à aube ont plus de deux mille ans, la généralisation de l’énergie hydroélectrique remonte au XIXe siècle et au début de l’ère industrielle. Et puis il y a encore les sources d’énergie qui utilisent le solaire maturé dans la matière vivante avec la biomasse sous toutes ses formes : bois, algues et micro-organismes. L’idéalisme des hauteurs devient de plus en plus pratique en s’adaptant aux urgences de la vie quotidienne. La biomasse, les processus de transformation Pour la première fois le féminin est sollicité en tant qu’acteur dans la production d’électricité. La biomasse représente le mariage productif entre la conscience du Soi et le corps de la Terre. Psychologiquement ces énergies symbolisent la capacité de l’être humain de recevoir dans son corps les influx du Soi pour agir à partir de la sagesse du vivant en lui. Ce n’est plus seulement l’Air (l’intellect) qui innove mais l’intelligence du vivant qui produit un modèle de civilisation. Le degré de développement de la biomasse dans le monde symbolise la capacité croissante de l’humanité à faire confiance en la sagesse de la nature pour aller vers un monde dont il ignore la finalité. Cela suppose une génuflexion mentale, la reconnaissance que la pensée n’est qu’une faible partie de l’intelligence de la vie. Cela suppose aussi la confiance en la bonté de l’univers, loin de toutes les formes de compétition et de violence. Rappelons que l’évolution des espèces doit plus à la symbiose – un terme biologique pour dire « coopération » – qu’à la sélection naturelle – un autre terme biologique pour dire « compétitivité ». Le bois représente une transformation de la chair du végétal en lumière et en chaleur, les fermentations produisent des transformations du vivant en « Air ». L’usage de la biomasse symbolise une conscience humaine en harmonie avec les grands processus de la vie partout autour du globe. Lorsque la biomasse n’est pas remise en mouvement dans le grand circuit du vivant, dans la biosphère, elle s’accumule au fond des lacs, des océans et des lagunes pour se mélanger aux sédiments. Beaucoup plus tard cela donnera naissance aux énergies fossiles : pétrole, charbon et gaz « naturel ». Ceux-ci représentent donc symboliquement tout ce qui, de l’histoire du vivant, n’a pas participé à la joie du monde en s’enfouissant au plus profonde de l’inconscient pour, beaucoup plus tard, donner de la profondeur à l’être humain. Ces dernières énergies nées du soleil et de la nature ont passé des milliers d’années enfouies dans le ventre obscur de la Mère. Ce sont les plus « polluantes » car elles sont chargées de mémoires non digérées. Leur exploitation fait remonter vers la surface les sombres histoires de l’homme et de sa civilisations, histoires longtemps négligées, enfouies dans l’inconscient individuel et collectif. Pétroliers et mineurs sont les psychanalystes du monde. Le charbon, l’œuvre au noir Il s’agit d’une pierre noire et brillante formée il y environ 350 millions d’années à partir de la dégradation partielle de la matière organique des arbres. D’une certaine manière le charbon est un diamant inachevé. Une pression plus conséquente et la pierre noire serait devenue translucide à la lumière. En termes historiques le sédiment fut utilisé comme combustible à grande échelle dès le XIe siècle, puis à plus grande échelle encore à partir du XVIIIe siècle. Son extraction a présidé aux deux grandes révolutions industrielles qu’a connu l’histoire. Pendant ce temps les sociétés, les idées et les organisations évoluaient considérablement. Le charbon métaphorise un processus de transformation intérieure. Le but ultime est symbolisé par le diamant, le « di-amant » qui, par son ouverture centrée, est transparent à la lumière solaire. Miracle de la nature capable d’accueillir dans la pierre la plus dure, formée de cristaux cubiques, ce qu’il y a de plus rapide et de plus léger au monde : les photons. C’est tout le mystère de l’œuvre au noir qui consiste à se débarrasser de ses « impuretés » pour laisser passer à travers soi et sans déviations la force de Vie solaire. Les réserves mondiales de charbon sont disséminées sur tous les continents dans plus de 70 pays : ce processus de transformation de la nature humaine et par suite de sa civilisation est de la responsabilité de tous. C’est ainsi que les mineurs que nous sommes tous deviendront des hommes majeurs. Notons cependant que les diamants se forment dans le manteau terrestre et non à partir des végétaux de surface. Ils naissent d’une remontée des profondeurs. Le pétrole, la psychanalyse des mémoires collectives C’est un liquide minéral, noir et visqueux, pompé à grand renfort de technologies dans les tréfonds du sous-sol. Son exploitation procure de l’énergie mais bien plus encore : des plastiques, des lubrifiants, des détergents, des engrais et des cosmétiques. C’est la source d’une manière de vivre, le fondement de la personnalité du monde que nous connaissons. Mais quelle est son origine ? La formation de pétrole implique une accumulation de matières vivantes non recyclées par la biosphère. Ces végétaux se déposent dans les profondeurs en se mélangeant avec les sédiments, couche après couche, dans des espaces intérieurs où la circulation des fluides est bloquée. Le pétrole est le fruit d’une non-communication, d’une accumulation de mémoires dans un espace intérieur inaccessible à la lumière de la conscience. Il a besoin d’un piège terrestre pour se former, c’est-à-dire d’une caverne imperméable dans le ventre de la Mère. Un puits creusé au bon endroit fera alors jaillir le liquide minéral expulsé par la pression du gaz. La psychanalyse ne fait pas autre chose. Elle ouvre des passages à travers la croûte terrestre (le sur-moi) pour libérer les veilles mémoires enfouies, tout ce qui stagne et ne fut pas recyclé dans le grand mouvement de la vie (la biosphère), puis elle affine ces matériaux par l’analyse (la lyse) et leur mise en lumière (les raffineries). C’est bien le gaz – l’Air de la pensée – qui fait ressortir ces composant oubliés du psychisme. Les pays producteurs ne possédant pas de raffineries sur leur sol laissent s’écouler dans le monde cette eau noire sans se donner la peine de la séparer en ses constituants primaires, sans l’analyser, sans la penser en vérité. On peut faire une analogie assez simple entre les pays du Moyen Orient comme l’Arabie Saoudite et le Qatar qui procèdent exactement de cette manière en ce qui concerne leur histoire religieuse : ils la considèrent comme du « brut » pour la répande sur le monde sans jamais la penser ni procéder à des exégèses du Coran. Bref ! Les traditionalistes de toutes obédiences qui s’identifient à un archétype venu des profondeurs de la nature humaine sans jamais l’interroger pour l’humaniser relèvent du symbolisme du pétrole. Ils risquent à tout moment de sombrer dans le fanatisme si ces valeurs ne sont pas raffinées. Symboliquement cette industrie a pour fonction de mettre en lumière les dons du passé, d’adapter les richesses de l’histoire d’une civilisation aux besoins des temps présents. Ces richesses sont à rechercher du côté des lignées féminines puisqu’elles ont longtemps séjourné dans le ventre de la mère. C’est pourquoi la question du Moyen Orient trouvera peut-être une réponse dans un retour vers l’histoire de la civilisation islamique dont l’Arabie Saoudite est le berceau. Avant même la formation de l’Islam en 622 des concours prestigieux de poésie se déroulaient à la Mecque. Cette magie du verbe que cette civilisation porta naguère si haut avant de la réduire à sa plus simple expression : une lecture littérale du texte religieux. Les sociétés assises sur des réserves d’or noir devraient raffiner l’obsur pour libérer les dons nés de leur histoire. L’importance géostratégique du pétrole remonte au début du siècle dernier en synchronicité avec le développement de la psychanalyse, des deux grandes théories qui ont révolutionné la physique - la mécanique quantique et la Relativité - ainsi qu’avec le développement de l’art moderne initié par Kandinsky. Toutes ces expressions humaines contribuèrent à déréaliser la réalité ordinaire. Le monde stable et rassurant longtemps perçu par les sens devint une illusion née de pouvoirs qui se refusent à la conceptualisation : l’inconscient, les quantas, la géométrie quadridimensionnelle « espace-temps » et l’abstrait. S’étonnera-t-on alors que cette industrie, contrairement aux autres techniques, provoque des tremblements de terre, notamment avec l’exploitation des sables bitumeux ? Lorsque le sol tremble tous les repères paraissent incertains. L’identité humaine s’effondre un instant sous la prééminence de ses incertitudes. Ces temps de doute et de grandes remises en cause, nous les vivons en ce moment même. L’exploration des sables bitumeux annonce des temps de chaos et d’ouverture de la conscience collective à des modes de vie totalement inconnus. Enfin l’industrie du pétrole suppose une concentration des pouvoirs fondés sur le contrôle et la puissance. Plus profondément, ce contrôle s’appuie sur une peur viscérale des « tremblements de terre » que cette technologie engendre. L’autorité devient alors un remède à l’angoisse. La force, bien réelle, cache la crainte de la révolution. Les sables bitumeux, entre chaos et ouverture de la conscience Le Canada en possède les plus grandes réserves connues au monde. Dans ce cas de figure la migration des hydrocarbures, formés dans les profondeurs, n’a pas été arrêtée par une cavité imperméable. Sous l’effet de la pression ils ont migré vers la surface. Les mémoires de l’histoire affleurent à la conscience. Leur extraction implique l’injection de liquides dans la terre pour fissurer les roches et libérer le pétrole piégé. Symboliquement fragiliser la terre qui nous soutient n’est pas anodin ! Les certitudes s’ébranlent pour le pire et, parfois, le meilleur. L’avenir dira si le Canada, ainsi que les autres espaces géographiques riches en sables bitumeux comme le Venezuela, seront des terres d’innovation sociale où se concoctent les grandes émergences du futur, ou des chaos sans nom. L’étape suivante sera peut-être celle de l’« énergie libre » développée à la fin du XIXe siècle par Nicolas Tesla (1856-1943) mais restée inexplorée malgré des tentatives marginales de réhabilitation. Il s’agit de capter l’ « énergie du vide » présente dans chaque minuscule parcelle d’espace. Elle représente symboliquement « la Vie elle-même » ou encore l’Esprit qui est à l’origine des manifestations physique et psychiques[3]. Cette conscience de la présence du Vivant dans chaque parcelle du monde est aussi loin des valeurs contemporaines que l’est l’intégration de l’énergie libre dans notre organisation sociale. Le XIXe siècle, qui donna aussi naissance à Marx, Hegel, Nietzche, Volta, Allan Kardec et H.P. Blavatsky, fut une époque bouillonnante de créativité et de bouleversements spirituels. Mais les années 1900 ont privilégié le pétrole avec ses conséquences symboliques : nationalisme, concentration des pouvoirs, accent sur la mémoire des peuples. L’énergie solaire peut donc prendre la forme de sa propre nature, le Feu de l’intuition, mais aussi se rendre disponible par des voies plus accessibles tant que la conscience humaine n’est pas arrimée au « Soi » comme l’Air de la pensée (l’éolien), l’Eau des émotions (hydroélectrique et marémotrice) et la Terre de l’action efficace (biomasse, charbon et pétrole). Les sources terrestres Après avoir exploré brièvement le sens symbolique des énergies en provenance du Père-Soleil, puis celles née des interactions entre ce Père et la Mère en suivant une courbe de réalisme croissant avec la séquence « biomasse, charbon, pétrole » au risque de perdre tout contact avec la Source (le Soi), voici les énergies spécifiquement produites pas la Terre : géothermie, magnétisme terrestre et fission nucléaire. La géothermie, la chaleur de la Mère Cette technique consiste à récupérer la chaleur produite par le magma terrestre à l’aide de forages à plus ou moins grande profondeur. Les régions volcaniques du globe sont naturellement les plus avancées dans ce domaine, notamment l’Islande, les Philippines et, potentiellement, l’Indonésie. Une partie non négligeable de la chaleur du sous-sol est générée par la radioactivité naturelle de l’uranium, du thorium et du potassium. Une autre part est liée au réchauffement du sol par le soleil. La géothermie a donc trois sources : solaire, radioactive et magmatique. C’est à cette dernière que nous nous intéressons, les autres étant analysées ailleurs. Cette source d’énergie est constante car elle ne dépend pas des conditions atmosphériques comme l’éolien et le photovoltaïque. En d’autres termes elle est indépendante des conditions psycho-émotionnelles des personnes et des modes d’une culture : les « climat » intérieurs. Sa puissance tient dans son indépendance, sa profondeur et sa stabilité. C’est là une autre facette du féminin archétypal. La politique Islandaise est sans doute un bon exemple de cela. C'est au début du XXe siècle qu'une centrale géothermique de production d'électricité fut réalisée pour la première fois Italie. Le bassin parisien a également développé cette ressource. La chaleur appartient à la sphère symbolique du « vivre ensemble », elle réunit les cœurs et les corps en une communauté unique où les participants sont l’interdépendant. Alors chacun éprouve un sentiment de sécurité sous l’égide des valeurs partagées. Le magnétisme, le sens de la Mère C’est pour mémoire que nous introduisons ici le magnétisme terrestre puisque l’énergie produite n’est guère capable que de mouvoir l’aiguille aimantée de la boussole. Produit par la rotation du noyau métallique liquide de notre planète le champ magnétique s’étend bien au-delà de la surface pour former un bouclier qui protège les organismes vivants des vents solaires. Orientation, attraction et protection sont trois qualités de la Terre-Mère. Elles sont personnifiées par les grandes déesses comme Athéna, Aphrodite, Déméter, Héra et Perséphone. Elles expriment les nombreuses qualités de la terre-Mère. Dans la mythologie grecque Athéna, née du crâne de Zeus, née des hauteurs du corps d’un dieu, représente ce féminin dans ce qu’il a de plus achevé. C’est « l’intelligence aux yeux clairs qui reconnaît à tout instant le décisif et qui choisit le plus approprié[4] ». Il est possible que si, un jour, nous devenons capable d’utiliser l’énergie magnétique du noyau terrestre pour fonder une civilisation le rôle du féminin en ses multiples facettes (Aphrodite, Déméter, Athéna et Héra) y sera pleinement développé. Le nucléaire, le pouvoir de la Mère L’accès à l’énergie nucléaire est une grande première dans l’histoire de l’humanité. L’Antiquité utilisait déjà le solaire, la biomasse et les combustibles fossiles dans le cadre de la vie domestique. Mais la fission des atomes, même si elle existe à l’état naturel, ne fut jamais une source d’énergie pour l’homme. Son histoire la lie dramatiquement au militaire. La première réaction nucléaire en laboratoire réalisée par Otto Hann en 1929 en Allemagne ouvrit la voie aux bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki seize ans plus tard. Puis cette puissance fut plus ou moins bien canalisée dans des centrales nucléaires civiles. Pour des raisons que nous n’avons pas l’espace de développer ici, cette source d’énergie est de nature faustienne[5], habitée par un système de croyance qui imagine que plus de connaissance donnera plus de pouvoir. Cependant cette « psychologie de l’atome » voile le sentiment douloureux de ne pas être aimable de dieu avec une affirmation radicale de l’inexistence de la Grâce. Car la fission nucléaire fonctionne exactement à l’inverse de la fusion solaire. Les atomes « cassés » libèrent une énergie considérable alors que dans le soleil ceux-ci sont rassemblés puis fusionnés en offrant une énergie plus grande encore. La division et l’hyper-concentration sur un sujet, voire l’obsession, caractérisent l’énergie nucléaire. C’est une tour d’ivoire devenue aveugle. L’hyperspécialisation de notre monde moderne en catégories de pensées et d’actions séparées les une des autres date la seconde guerre mondiale. L’avantage fut une précision et un progrès sans égal dans les connaissances, L’inconvénient ? La mise en place d’un monde géopolitique morcelé après la chute des grands empires et la décolonisation, le développement du sentiment d’être séparé de sa communauté et de la Nature. L’énergie nucléaire objectivise la possibilité de la mutation des corps, comme du reste l’énergie solaire. Dans les deux cas des atomes nouveaux sont créés puisque l’uranium se transforme en plutonium dans les centrales et que l’hydrogène devient hélium et ensuite métaux lourds comme le fer dans le brasier solaire. Néanmoins les déchets radioactifs détruisent le vivant alors que la production solaire donna naissance à la vie organique. L’instinct de mort appartient au symbolisme du nucléaire. Oser le confronter et le regarder en face, reconnaître enfin, pour reprendre le mot de Valéry, que « nos civilisations sont mortelles » est la grande nouveauté du XXe siècle. La mort apprivoisée permet à certains de rêver à l’immortalité et à d’autres de sombrer dans le nihilisme. L’énergie nucléaire pose cette question : sommes nous capables d’aller vers une nouvelle espèce, de « muter » la nature humaine ? Saurons nous réaliser en conscience ce que les dinosaures firent sous la pression d’une catastrophe écologique il y a 62 millions d’années, à savoir devenir oiseaux, changer radicalement d’espèce ? La mutation ne se fait pas dans les hauteurs de l’Esprit, dans la claire lumière du Soi, elle se produit dans le corps, dans la substance de la Terre. Les contrées qui ont fait le choix du nucléaire, comme la France, le Japon et naguère l’Allemagne, devraient pousser cette possibilité pour « symboliser » ce qu’ils savent déjà accomplir sur le plan matériel. Les axes sémantiques des sources d’énergies Chaque source d’énergie symbolise un état de conscience et une vision du monde. La logique des ressources fossiles (pétrole, gaz et charbon) implique l’organisation de la rareté, la centralisation géographique et la mémoire. Alors naissent des pouvoirs qui défendent leurs territoires au nom des valeurs traditionnelles et de l’histoire. Les énergies renouvelables (solaire, éolien, hydroélectrique) sont disponibles partout et pour tous, mais pas nécessairement tout le temps. Contrairement aux fossiles qui assurent une pérennité dans le temps les renouvelables jouent la carte de la répartition spatiale. Nous sommes dans un monde décentralisé où chacun peut disposer près de chez lui d’un générateur d’énergie, mais sans assurance sur le lendemain car nul ne peut garantir le soleil, le vent, la pluie. C’est donc un monde d’échanges, de coopération et de communication qui s’élève sur la technologie des renouvelables. Un monde sans racines ni mémoires, sans religions ni traditions, qui « vit en plein jour » au grée des opportunités du moment. Chaleur, direction, attraction et puissance sont des qualités de la Mère archétypale, relayée par toutes les femmes du monde. Elles sont irrationnelles car sensibles à cette expérience directe qui n’entre pas dans le cadre du raisonnement apollinien. La chaleur qui sécurise intègre tout sans questions ; la direction est le fruit d’un savoir aussi intuitif qu’instinctif « qui reconnaît à tout instant le décisif » ; l’attraction appartient à la sphère du charme et des charmes, ces émanations du monde du Mystère ; La puissance véritable se source dans l’enracinement, celui du corps de désir. La lucidité solaire est bien inutile car elle ne ferait qu’interdire. Nous évoquons ici des synchronicités, c’est-à-dire des correspondances a-causales portant sur le sens entre sources d’énergies, histoire, géographie et états de conscience. Le symbolisme a pour fonction de montrer et non d’agir puisqu’il n’existe pas de lien de causalité entre tous ces phénomènes. Il serait parfaitement inutile d’installer des raffineries de pétrole en Arabie Saoudite pour lutter contre la wahhabisme fondamentaliste et internationaliste dont cet état est le cœur. Cependant il ne faut pas sous-estimer la puissance opérative de la vision du monde puisque, en s’élargissant, elle agrandit la conscience. Voir plus largement, avec plus de hauteur et de précisions tout à la fois, change la perception du monde et la conscience que nous en avons. Alors, tout naturellement, les autres facteurs liés à cette histoire synchronique se modifieront sous l’action du mariage entre le levain de lumière et la pâte du monde, le Soleil et la Terre intérieurs. Politique, économie, social et usage des sources d’énergie ne dépendent-t-ils pas du degré d’ouverture de la conscience humaine ? Mais elles en sont aussi le signe. Présentées selon un axe vertical de réalisme croissant : Solaires – > Apolliniennes : lucidité et idéalisme, la théorie prime sur l’expérience Photovoltaïques -> Métabolisation de la lumière, contact conscient avec le Soi, une société de compassion Éolien -> Maitrise du vent, une société de libres penseurs et d’échanges Marémotrice -> L’exploration sensible des liens entre le monde physique et le monde métaphysique, une société de passeurs Hydroélectrique -> Maitrise de l’eau féconde, une société de producteurs Biomasse – > Transformations sociales et participation à la grande aventure du vivant, une société « écologique » sensible au développement durable et au respect de la Nature. Charbon – > L’acquisition de la majorité de l’homme marquée par le « développement personnel », une société « égotique » en quête de transparence. Pétrole et gaz – > La reconnaissance puis le nettoyage des expériences ancestrales. Une société alimentée par le pétrole se fonde sur sa mémoire, son histoire et sa tradition. Elle ne déploie ses richesses que lorsque tous ces éléments sont raffinés. Sables bitumeux -> Le forçage des mémoires qui ne sortent pas naturellement revient à fissurer le « surmoi » du monde, à craqueler la surface de la terre. Chaos et Révélation sont les deux facettes d’une humanité qui privilégierait cette source d’énergie. Terrestres –> Dionysiaques : l’expérience prime sur la représentation Géothermie -> Vivre ensemble, une société de tribus Magnétique -> Protection et direction, une société matriarcale Nucléaire -> Mort et immortalité, une société « initiatique » qui transforme la nature humaine Le nucléaire termine la séquence en inversant le fonctionnement du brasier solaire. Notes [1] Luc Bigé, La Force du Symbolique, édition Derby. [2] Crise actuelle : symbolisme, mythologie et biologie, sur youtube [3] Marie-Louise von Franz, Nombres et Temps, la fontaine de pierre. [4] Walter Otto, Les dieux de la Grèce, Bibliothèque historique Payot. [5] Le mythe de Faust, quatre vidéoconférences en ligne sur le site de L’université des Passages |
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très intéressant